Une tribune pour les luttes

Collectif Soutien Migrant.es 13 Al Manba

Abdelgadir risque la mort au Soudan. Exigeons sa libération et sa protection !

Article mis en ligne le dimanche 1er mars 2020

Pétition à M. le Préfet du Bas-Rhin :
https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9fet-du-bas-rhin-non-a-l-expulsion-d-abdelgadir-vers-le-soudan-non-aux-expulsions-vers-le-soudan

Abdelgadir est originaire des Monts Nouba dans la région du Sud Kordofan au Soudan, ravagée par un conflit entre les rebelles et les forces gouvernementales depuis 2011. L’ethnie Nouba est discriminée en tant que non-arabe, et accusée d’appartenance aux groupes rebelles : les représailles subies sont attestées.

Abdelgadir a dû fuir le Soudan et s’est installé à Marseille pendant quelques années, où il a intégré la vie associative et culturelle, où il a établi des liens amicaux durables et sincères.

Il s’est vu par erreur refuser une première demande de protection par l’OFPRA, dans des conditions de vie et d’entretien difficile alors. C’est pour cela qu’il a tenté de trouver une autre chance en Allemagne, dont les autorités l’ont reconduit à la frontière française en Janvier dernier. De là il a été immédiatement placé au centre de rétention de Strasbourg-Geispolsheim.

Compte tenu du pays dictatorial d’où il vient, de son appartenance Nouba et de ses motifs personnels relevant de l’asile, il est essentiel de lui permettre de faire valoir ses droits de réfugiés lors d’un réexamen de sa demande d’asile en France et/ou de lui reconnaître des risques de traitements inhumains et dégradants en cas d’expulsion au Soudan. Le principe de non-refoulement est en effet garanti par l’article 33 de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, par l’article 3 de la Convention contre la torture et par l’article 19.2 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne. En application de ces principes, la France ne peut procéder au renvoi d’une personne vers un pays où sa vie sera en danger.

Vendredi dernier, Abdelgadir a utilisé son droit de refus de monter dans l’avion qui l’emmènerait vers la torture ou la mort au Soudan.

C’est un geste de survie et d’ultime défense de sa sécurité, alors que les actualités récentes démontrent qu’il a toute raison de croire que le Soudan n’est pas un pays sûr pour lui.

Malgré la grande vague de protestations débutée le 18 décembre 2018 ait abouti à la destitution de l’ancien dictateur sanguinaire Omar al Bachir (poursuivi par un mandat d’arrêt international), la situation actuelle au Soudan reste très dangereuse pour les opposants réels ou supposés du régime. Et il n’y a pas de concrets changements ni par rapport aux régions en conflit ouvert avec le gouvernement central (Darfour, Monts
Nouba, Nil Bleu entre autres), ni par rapport à la répression sécuritaire subie par la population. Le redouté service de sécurité NISS, responsable d’innombrables tortures et détentions arbitraires, et fidèle à al Bachir, est toujours très puissant dans le nouveau régime.

Le Conseil souverain de transition en charge depuis août 2019 est encore composé en majorité de militaires dont Mohamed Hamdan Daglo, connu comme Hemetti, chef de la milice paramilitaire RSF (Rapid Support Forces) responsables des crimes contre l’humanité au Darfour et en tous les conflits ethniques au Soudan, et responsable entre autres de la féroce répression de la manifestation du 3 juin 2019 dernier à Khartoum (au moins 130 morts et 70 viols), restée impunie jusqu’à maintenant.

Omar Al Bachir n’est toujours pas poursuivi pour ses crimes contre l’humanité, ni quatre autres responsables du régime recherchés par la Cour Pénale Internationale n’ont été présentés par les "nouvelles" autorités soudanaises pour rendre compte de leurs méfaits . Tout récemment, le gouvernement de transition a même voulu destituer certains membres de l’armée régulière de leur poste pour avoir soutenu les manifestations pour le départ du dictateur al Bachir, et durement réprimé les manifestations de contestation. C’est un nouveau régime réactionnaire qui s’installe aujourd’hui au Soudan.

Il est connu le sort des ressortissants soudanais expulsés d’Europe, qui ont étés systématiquement arrêtées, interrogés, soupçonnés de trahison, et souvent ont disparu dans les geôles du régime : rien de la situation actuelle politique du Soudan ne fait penser à ce que soit mieux maintenant, surtout que l’actuel gouvernement à forte composante militaire ne cesse de proférer de menaces contre les soudanais de la
diaspora, « coupables » de miner la stabilité du pays avec leurs revendications de démocratie civile.

Alors que l’Union Européenne a suspendu ses programmes de contrôle migratoire au Soudan, pourquoi la France continue-t-elle sa politique d’expulsion ?

Abdelgadir sera sans aucun doute la cible des autorités dès son arrivée au Soudan. En le renvoyant vers le Soudan, l’Etat français prendrait la lourde responsabilité de l’exposer à la torture, à des traitements inhumains et dégradants voir au risque de mort.

Nous demandons à M. le Préfet du Bas-Rhin de revoir la décision d’expulser Abdelgadir, ou tout autre ressortissante ou ressortissant soudanais.

La première tentative d’expulsion a suscité une grande émotion pour celles et ceux qui le connaissent pour l’avoir rencontré dans la vie associative de Marseille. Mais aussi pour toutes celles et ceux qui s’indignent de la reprise des expulsions vers l’une des pires dictatures au monde.

Ne laissons pas Abdelgadir, ni aucun autre soudanais ou soudanaise,déportées vers la torture ou la mort !

https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9fet-du-bas-rhin-non-a-l-expulsion-d-abdelgadir-vers-le-soudan-non-aux-expulsions-vers-le-soudan

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