Une tribune pour les luttes

Questions de Classe(s)

N’Autre école l’Hebdo, n° 4
« Du virtuel aux réels »

Article mis en ligne le mardi 5 mai 2020

Edito Vertige de la continuité pédagogique

Vertige d’y avoir été lancé·es sans concertation, sans outil, sans souci éthique, et de chercher des solutions dans l’urgence.

Vertige devant le gouffre ouvert dans la relation pédagogique : exit la proximité, la voix ou le corps qui rassurent, les adaptations aux difficultés de chacun·e.
Vertige également face aux informations qui se contredisent et ne décident qu’à demi-mot – ou à demi-mensonge !

Et aujourd’hui, ce déconfinement qui s’impose comme une nouvelle violence, contre les avis des professionnel·les de l’éducation comme de la santé. Un brutal retour au réel qui, là encore, n’a rien de rassurant. Pire : alors que les interventions médiatiques du ministre se multiplient, aucun texte n’est venu offrir de cadre légal. Chacun·e est renvoyé·e à sa responsabilité individuelle, comme si nous étions seul·es responsables de la propagation du virus, comme si nous étions le voile devant masquer la responsabilité effarante de l’État.

Bien sûr, nous souhaitons reprendre le fil de notre travail avec les élèves qui jubilent aussi à cette idée, mais qui nous confient en même temps leur peur face à la maladie. Car ce réel construit par le gou­ver­nement sous l’égide du Medef, c’est une école moribonde, fondée sur l’obsession de l’hygiène et du danger imminent, motivée par la nécessité d’un retour des travailleurs·euses à leur poste, simples objets d’une économie qui a besoin de ses profits.

Ce réel balaie tout souci pédagogique, social ou psychologique : il ne s’agit que d’occuper les jeunes, sans se soucier des groupes préexistants, de leur vécu. Les élèves retrouveront-ils/elles l’école aimée ? Classe coopérative, projets collectifs, récréations, partages à la cantine, festivités de fin d’année : où cela va-t-il exister ? Au lieu de cela, le ministre nous sommes de fragmenter les collectifs, de trier et d’isoler nos élèves pour cette reprise ! Pour les adultes et les enfants resté·es à l’écart, sera-t-il question d’enseignement à distance, encore, créant ainsi deux écoles, éga­lement sources de souffrances et de frustration ?

Après le 11 mai, quel sera le réel ? Celui de sang et de larmes que nous promet le Medef, ou celui que nous construirons ensemble ?

Lorsque le gouvernement imagine un protocole dont les exigences sont impossibles à remplir, les personnels doivent-ils accepter de reprendre ? Devons-nous accepter que les agent·es des établissements soient soumis à des cadences de travail infernales ?
Droit de retrait, grève dans l’éducation avec le soutien de la population, auto-organisation, motions, les outils pour imposer n’autre réel et n’autre école sont là : utilisons-les !

https://www.questionsdeclasses.org/

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