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La lettre d’information du site "la voie du jaguar"

Cette lettre recense les nouveautés publiées depuis 14 jours

Article mis en ligne le lundi 18 mai 2020

Nouveaux articles


** "Après le capitalisme
Essai d’écologie politique" **

par Ernest London - 17 mai 2020

Le principe du capitalisme est de priver les individus de leur capacité
à satisfaire leurs besoins pour les forcer à le faire par la médiation
du marché. Sous sa forme moderne, la séparation du travailleur avec ses
moyens de production ou de subsistance s’est étendue à ses moyens de
locomotion, de cognition, d’habitation, de reproduction. L’opposition
au capitalisme s’élargit et dépasse les appartenances de classe, au nom
d’un "choix politique contingent face à une situation singulière",
en opposition à un projet écocide par exemple.

La crise écologique impose de prendre des décisions politiques radicales
contraires aux intérêts du capitalisme. La transition écologique, si
elle n’est pas accompagnée d’une transition politique, ne servira
qu’à augmenter les inégalités et renforcer la domination des élites
dirigeantes sur la société. Au nom du "capitalisme vert", EDF et
d’autres entreprises ont recouvert l’isthme de Tehuantepec, dans le sud
du Mexique, du plus grand champ éolien des Amériques (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Apres-le-capitalisme-Essai-d-ecologie-politique


** Considérations sur les temps qui courent (II) **
par Georges Lapierre - 11 mai 2020

À la mort de mes grands-parents, à la mort de mes parents et ainsi
de génération à génération, c’est bien tout un pan de la vie sociale
qui s’écroule soudainement, comme une falaise s’engloutissant dans
la mer. Sur la fin, nous avons fait une partie du chemin ensemble,
j’ai pu me faire une très vague idée de ce qu’ils avaient connu ;
à leur mort, tout ce passé, tout ce vécu qui faisait partie d’eux,
s’est à jamais effacé. Nous pourrions ainsi remonter loin dans le temps
et nous nous rendrions compte que ce qui a disparu peu à peu ce fut le
goût des autres, la vie sociale dans ce qu’elle a de sensible et pour
tout dire dans ce qu’elle a d’humain ; cela en dépit de toutes les
bourrasques qui l’ont traversée. Nous sommes accrochés à cet aspect
sensible du vécu et il disparaît peu à peu. Au fil des ans, la vie
sociale se dégrade progressivement. Nous allons vers un isolement
de plus en plus grand, vers une absence de vie sociale dans le sens
d’une vie avec les autres. Cette vie avec les autres implique un
savoir-vivre, que nous avons perdu à la longue, elle implique une
manière d’être liée à la conscience d’entrer comme sujet dans une
relation avec d’autres sujets. Nous avons tenu bon et puis tout s’est
effiloché peu à peu sans que nous en prenions conscience, nous nous
sommes retirés en nous-mêmes comme la mer se retire ne laissant plus
qu’une plage désertée. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Considerations-sur-les-temps-qui-courent-II


** Les hommes ne détestent rien tant que le changement... **
par Louis - 8 mai 2020

Les hommes ne détestent rien tant que le changement. On pourrait presque
lire l’histoire humaine comme une lutte permanente pour le conjurer.
Le génie humain pourrait presque se résumer à l’art de contenir et
d’encadrer, tant bien que mal, l’écoulement du temps. Ce qui
caractérise la modernité, c’est en fin de compte l’effondrement des
digues temporelles traditionnelles, effondrement qui se caractérise par
un double mouvement : le renforcement centripète d’un pôle de stabilité
autour de l’État — le Léviathan de Hobbes relève bien d’un
enracinement — couplé à un renforcement centrifuge de l’économie et
du marché. Ces deux mouvements doivent être conçus ensembles, en
interdépendance. Ce grand écart entre stabilité et mouvement, pour ainsi
dire sur le plan horizontal, doit en outre être complété par un grand
écart vertical dans la durée, qui permet de mettre face à face la
déchirure du présent — résultant de l’opposition entre ces forces
centripètes et centrifuges — et la promesse de leur réunification
future à travers la mythologie du progrès. C’était du moins le cas
dans la phase classique de la modernité (pour schématiser, du XVIe
au XIXe siècle). (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Les-hommes-ne-detestent-rien-tant-que-le-changement


** Pierre Clastres l’intempestif ou un Indien parmi nous **
par Hicham-Stéphane Afeissa - 7 mai 2020

Eduardo Viveiros de Castro
"Politique des multiplicités. Pierre Clastres face à l’État"

L’ouvrage qui paraît ces jours-ci [en novembre 2019] aux éditions
Dehors de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro,
"Politique des multiplicités. Pierre Clastres face à l’État", a été
publié à l’origine en 2010 comme introduction à la deuxième édition
en anglais du livre posthume de Pierre Clastres intitulé "Recherches
d’anthropologie politique", puis a été republié en portugais l’année
suivante, sous une forme modifiée, avant d’être traduit en français
dans la présente édition par les bons soins de Julien Pallotta.

Il s’agit d’un volume de petit format, très élégant, qui constitue
à sa manière un double événement, aussi bien par le sujet qu’il
traite que par l’auteur qui le fait. Viveiros de Castro et Pierre
Clastres comptent en effet parmi les anthropologues les plus prestigieux
de la discipline : le premier est un spécialiste de premier rang des
sociétés amérindiennes, et l’auteur d’un livre unanimement salué
comme l’un des plus importants de ce début de XXIe siècle sous le titre
de "Métaphysiques cannibales" ; le second est une figure légendaire de
l’anthropologie, brutalement disparue le 29 juillet 1977 dans un
accident de voiture à l’âge de quarante-trois ans, et l’auteur d’un
livre dont le titre est devenu un véritable slogan, "La Société contre
l’État", paru en 1974. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Pierre-Clastres-l-intempestif-ou-un-Indien-parmi-nous


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