Une tribune pour les luttes

Communiqué des enfermé.es du Centre de rétention de Marseille

Soutien à tou·te·s les prisonnier·e·s en lutte !

Article mis en ligne le vendredi 30 octobre 2020

Nous relayons ci-dessous un communiqué rédigé par des personnes enfermées au Centre de rétention (CRA) de Marseille. Ce communiqué de lutte soutient le début d’une grève de la faim collective dans le CRA, commencée ce vendredi 30 octobre, et leur revendication de fermeture immédiate du CRA.
Collectif Soutien Migrant.es 13
À diffuser largement ! Soutien à tou·te·s les prisonnier·e·s en lutte !

Nous sommes actuellement plusieurs personnes, dont des pères de familles dont les enfants résident en France, à être "retenus" au Centre de Rétention du Canet à Marseille. Nous souhaitons alerter la population sur nos conditions de rétention en cette période d’épidémie de Covid-19, ainsi que sur l’iniquité de cette rétention, alors même que les frontières internationales sont fermées et que toute expulsion sera donc impossible.

La plupart d’entre nous sont des personnes qui ont effectué toute leur scolarité en France et ont obtenu des diplômes français, qu’il s’agisse du CAP, du BEP, ou même du BAC.

Moi-même, M. Ayari Lotfi, suis arrivé en France en 1992, à l’âge de 2 ans.
J’ai grandi auprès des services de l’aide sociale à l’enfance.
Aujourd’hui, cela fait 30 ans que je réside en France. Étant arrivé avant mes 13 ans et étant depuis plus de 20 ans sur le territoire, je devrais être protégé par certains articles de lois. Pourtant, la justice française m’a délivré une ITF, une interdiction du territoire français, pendant 5 ans. Contre cette ITF, j’ai lancé un recours au TGI de Nîmes il y a plus d’un an. Et je n’ai toujours pas d’audience. C’est inadmissible. Les autorités compétentes ont dit à mon avocate que je n’étais pas une priorité. Ce qui paradoxalement ne les empêche pas de vouloir m’expulser. C’est à n’y rien comprendre. Je suis donc retenu au Centre de Rétention du Canet depuis le 29 août, soit plus de 25 jours. Le temps est long et le climat anxiogène.

Nous sommes nombreux à nous sentir en détresse à l’heure actuelle entre ces murs. Nous vivons avec la peur du virus en permanence. Certains retenus sont arrivés au centre de rétention porteur du virus. Certains surveillants ont également été testés positifs au Covid-19 tout en continuant à travailler. Par trois fois il y a eu des débuts de
contaminations générale dans le centre de rétention. Pourtant aucune mesure n’est prise pour nous protéger.

Deux personnes sont également actuellement extrêmement malades. L’un des deux, un père de famille de 5 enfants, a subi deux infarctus. À la suite de chacune de ces crises cardiaques, cette personne a été conduite à l’hôpital, puis de nouveau ramenée au centre de rétention. Les faits sont graves et cela fait peur. L’autre personne est un jeune adulte de 20 ans qui est épileptique. Ces deux personnes sont installées depuis
longtemps en France. Ils ont de la famille, un hébergement stable. Ces personnes n’ont selon nous rien a faire ici et devraient être libérées.

Mais il y a plus grave encore. Le 28 octobre, à 20h, monsieur le président de la République a fait une allocution en relation avec l’épidémie de Covid-19. Dans cette allocution il précise que TOUTES les frontières seront fermées à l’international. Il affirme que tous les établissements qui ne sont pas indispensables seront également fermés. Puisqu’aucune expulsion ne peut être réalisée, et puisque les établissements
non-indispensables doivent fermer, pourquoi garde-t-on les Centres de Rétention ouverts ?

Nous, les retenus, nous savons que nous coûtons beaucoup d’argent. Nous savons que cet argent est celui des contribuables. Des contribuables qui parfois sont nos parents. Les miens par exemple, qui payent leurs impôts depuis plus de 20 ans en France. Nous pensons que cet argent pourrait être utilisé plus intelligemment à l’heure actuelle, plutôt que de servir à enfermer des gens en attente d’une expulsion qui n’aura vraisemblablement pas lieu, puisque les frontières seront fermées jusqu’au 1er décembre.

Nous sommes pour l’instant 42 détenus à avoir signé ce communiqué. Nous espérons être rapidement plus nombreux.

Nous en appelons aux solidarités depuis l’extérieur pour diffuser ce communiqué et nous soutenir dans nos revendications et notre lutte.

M. Ayari Lotfi et 41 autres détenus.

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