Une tribune pour les luttes

Appel à la mobilisation pour la journée du 7 février CONTRE LE PROJET DE NOUVELLE SOCIÉTÉ DU GOUVERNEMENT

Article mis en ligne le dimanche 5 février 2006

Appel à la mobilisation pour la journée du 7 février contre le projet de nouvelle société du gouvernement

« Il faut aller vite, nous n’avons pas l’éternité devant nous » (D de Villepin, 16/01/06)
« La piste du contrat unique ne nous choque pas » (D de Villepin, 25/01/06)

Comme bien souvent, l’attention de l’opinion publique est focalisée sur un point particulier, puis un autre, et ainsi de suite, sans qu’un lien ne puisse alors être établi entre les différentes mesures en question. Cette tactique vieille comme le monde consistant à distiller un projet politique global présente en effet l’immense avantage d’en masquer le sens. La réaction de l’opinion publique face à une mesure gouvernementale se trouve ainsi instrumentalisée par le pouvoir politique dans la mesure où la réaction éventuelle ne pourra s’organiser que sur un point précis (revalorisations salaires ou défense des services publics ou défense du pouvoir d’achat...), et pour peu que la mobilisation n’ait pas été suffisante, la menace aura été du même coup repoussée.

Rien que durant les dernières semaines, un certain nombre de mesures ont été adoptées par le gouvernement, en cachette ou officiellement, toutes ayant des conséquences importantes dans notre vie quotidienne :

- Depuis le 1er janvier 2006 la LOLF (loi organique relative aux lois de finances) est, dans le plus grand secret, entrée en vigueur. Celle-ci n’est rien d’autre que la plus importante réforme en matière de budget depuis 1945, et ce de l’aveu même des spécialistes. Désormais le budget de l’Etat n’est plus réparti en enveloppes ministérielles mais à des missions qui se déclinent en 150 programmes. Chacun d’eux se voit confier un objectif de réussite et une obligation de résultat. Si l’objectif est tenu, la ligne budgétaire se trouve reconduite pour l’année suivante. S’il n’est pas tenu, les crédits se trouvent rognés. C’est ainsi que le ministère de la justice se trouve en faillite cette année, les expertises ADN ayant englouti les crédits donnés. De la sorte, à l’avenir, le ministère de la justice se trouvera confronté à 2 choix : continuer les expertises ADN et délaisser le reste de ses missions ou l’inverse, les deux n’étant désormais plus possibles. De même les salaires des fonctionnaires seront majorés ou minorés en fonction des résultats.

- Le CNE (contrat nouvelle embauche, pour les entreprises de moins de 20 salariés) et le CPE (contrat première embauche, pour les jeunes de moins de 26 ans) sont entrés ou vont entrer en application, instaurant chacun une période d’essai de 2 ans. A cette occasion D de Villepin a annoncé qu’il avançait au 31 janvier l’examen à l’Assemblée de la loi créant le CPE, afin de pouvoir devancer le mécontentement social et ainsi continuer d’avancer à marche forcée.

- Mercredi 25 janvier dernier le gouvernement a déposé un amendement de dernière minute afin de faire passer en procédure d’urgence (mesure évitant de passer par l’Assemblée nationale et uniquement par le Sénat) un dispositif dit « contrat de transition professionnelle » (CTP). Le CTP n’est autre qu’un contrat précaire réservé aux nouveaux licenciés qui seront mis à disposition des entreprises en échange du paiement par celles-ci d’une partie seulement de leur ancien salaire, la différence étant prise en charge par l’Etat et les ASSEDIC.

- Mercredi 25 janvier l’article 55 de la loi SRU exigeant pour une commune 20% de logements sociaux a été amendée permettant désormais aux communes de contourner cette obligation.

- Jeudi 26 janvier D de Villepin, répondant aux questions de journalistes à propos de la poursuite de sa politique, a demandé : « Faut-il aller plus loin ? ». Evoquant « plusieurs pistes », celui-ci n’en a cité qu’une seule : « le contrat de travail unique ». Il s’agirait de généraliser la période d’essai de 2 ans à tous les CDI et parallèlement la suppression de tous les CDD. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’enterrement du CDI.

On pourrait multiplier la liste des dernières mesures à l’envi, tant celles-ci sont nombreuses. Mais une conclusion s’impose : toutes ces mesures ne doivent pas être prises les une après les autres et de manière séparée, mais au contraire reliées entre elles. Car il y a bien une logique derrière toutes celles-ci, et des plus sombres. A mots couverts, de l’aveu même de D de Villepin et de Nicolas Sarkozy, il s’agit ni plus ni moins de changer de société. La politique menée ces dernières années dans notre pays a bien pour but de refonder notre société. Rien de plus logique après tout : En 1979 le Royaume-Uni a connu, sous Margaret Thatcher, une révolution idéologique sans précédent, - et une grande partie de la population ne s’en est toujours pas remise - creusant les inégalités sociales et paupérisant davantage les plus démunis. Cette révolution a consisté à appliquer une idéologie clairement définie, le néolibéralisme. C’est cette même volonté qui prévaut aujourd’hui en France. Il s’agit pour le gouvernement de mettre fin à ce que l’on nommait il y a encore peu de temps « L’Etat-Providence ». Pour cela il convient de réduire le rôle de l’Etat, de laisser jouer au maximum la concurrence, de flexibiliser au maximum le marché du travail, de favoriser les entreprises en remettant en cause le droit du travail, d’augmenter la durée du temps de travail... Tout ceci ne fait que conduire à une précarisation accrue, à la fragilisation des plus démunis. Or la politique en cours s’accélère de plus en plus.

Il est urgent de dire non, sous peine de vivre effectivement dans une autre société, société d’exclus et de laissés pour compte.

Réagissons avant qu’il ne soit trop tard ! ! !

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