Une tribune pour les luttes

Des nouvelles de la frontière de Montgenèvre

Article mis en ligne le jeudi 12 août 2021

Le matin vers 05h30, tandis que toutes les voies d’accès au village étaient bloquées, des carabinieris, policiers et digos ont commencé à forcer les barricades du bâtiment, de la porte, d’une fenêtre à l’arrière et du toit. Une fois de plus, les pompiers ont collaboré à l’opération, aidant à détruire les fortifications pour permettre aux forces de l’ordre d’entrer.Retour ligne automatique
Pendant ce temps, au camping résistant adjacent, les 12 personnes présentes ont été identifiées et séparées en fonction de leur document. Celleux qui possédaient un passeport européen ont été dénoncé.e.s pour occupation (art. 633 cp).

La Croix Rouge a escorté 6 personnes qui n’entraient pas dans cette catégorie, et donc encore une fois fourni du personnel pour aider à l’organisation de l’expulsion.Retour ligne automatique
Par la suite, les 6 personnes (+1 qui été dans la structure occupée) ont été ammenées au commissariat de Bardonèche où elles ont reçu une obligation de quitter le territoire italien et ont été finalement laissées à la gare.

L’expulsion s’est terminée vers 12h30 quand les 31 personnes présentes dans le bâtiment ont été contraintes de partir et ont reçu une notification d’enquête pénale pour occupation et dégradation (art. 633 et 639 bis cp). Un convoi a rejoint le rassemblement de solidarité formé au centre du village, d’où tout le monde est parti pour la basse vallée.

Durant la matinée, les flics et les pompiers ont forcé l’ouverture de certains camions présents sur le parking et les ont endommagés. Le jour suivant les structures en bois du camping résistant, qui servaient d’abri à celleux qui attendent de traverser la frontière, ont été détruites. Pour la énième fois, l’état a essayé d’anéantir des espaces autogérés d’organisations politique et solidaire directe. Celleux qui luttent contre un système raciste construit pour écraser la liberté des personnes et celleux qui traversent chaque année de nombreuses frontières vont continuer à le faire !

Pendant ce temps, à Oulx, la situation se détériore. Ces derniers jours à la gare la police italienne empêche les personnes qui n’ont pas les « bons papiers » de prendre le bus pour Clavière. Celleux qui se sont opposé à cela ont reçu une interdiction de séjour à Oulx. Certain.e.s ont été forcé.e.s de prendre un train direct pour Turin et d’autres ont entrepris le chemin à pieds vers Clavière.Retour ligne automatique
Le refuge « Fraternità Massi », qui attend les 180 000 euros promis par la préfecture, compte à peine plus de 40 lits et ferme ses portes durant la journée de 09h à 17h30, laissant les personnes à la rue.Retour ligne automatique
Le soir de l’expulsion, 7 personnes ont été emmenées à Bussoleno parce que le refuge était plein. Celleux qui ont été emmené.e.s dans différents centres institutionnels répartis dans la haute ou basse vallée devront rejoindre Clavière, se confrontant à des contrôles toujours plus fréquents dans le train, le bus et la rue.

Les politiques migratoires européennes se durcissent, le contrôle et la répression aux frontières internes et externes de l’europe augmentent, et tandis que le business humanitaire devient de plus en plus rentable, le modèle d’assistanat échoue.

La proposition de loi « New Pact On Migration and Asylum » de l’Union Européennes prévoit davantage d’externalisation des frontières et une augmentation des détentions administratives. De nombreux « pre screening centers » seront construits, centres de détention par lesquels les personnes devront obligatoirement passer avant de rejoindre les frontières extérieures de l’europe. Les personnes seront séparées en fonction de leur nationalité, la possibilité d’obtenir l’asile sera encore plus faible et la déportation toujours plus rapide. Arriver et se déplacer en europe sans passeport européen sera toujours plus difficile.

Aujourd’hui encore, la violence et le racisme des états et du système frontalier se manifestent régulièrement à chaque expulsion, chaque refus d’entrée, chaque contrôle au faciès, chaque détention en CRA, chaque déportation… et pour répondre et lutter contre cela, nous continuerons à construire des espaces autogérés ouverts et accessibles à toustes.

P.-S.

de Passamontagna :
Infos à suivre sur : passamontagna.info

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