Une tribune pour les luttes

Petite énigme mathématique

Le précaire et le nénuphar

par AC ! Limoges

Article mis en ligne le dimanche 19 février 2006

Prenons un nénuphar posé au milieu d’un étang. Admettons qu’il double sa surface tous les jours, et qu’au bout de 30 jours il occupe la totalité de l’étang. A quel moment en occupait-il la moitié ? *

* Réponse : le 29ème jour... la veille, quoi. Ce qui laisse assez peu de temps pour réagir...

Ca, c’est la version mathématique. Maintenant, considérons ce qui se passe après le trentième jour : non seulement le nénuphar ne peut plus grandir, mais pire, il va mourir car il exploite la totalité des ressources de l’étang. Non seulement il court à sa perte, mais en plus il menace tout l’écosystème local...

De la métaphore (poétique) à la (dure) réalité

Or, que nous vendent politiques et média à longueur de journée ? Quel est leur discours ? " Le pays va mal, la croissance est en berne, le chômage est toujours trop important, les français ne travaillent pas assez, pas assez longtemps. Il faut retrouver le goût de l’effort, développer l’emploi, le plein-emploi même, pour pouvoir relancer la croissance". La " croissance ", c’est-à-dire la production : pour qui ? pourquoi ? pour répondre à quels besoins ? Pour faire comme le nénuphar ? Les emballages, les armes, la publicité, la cosmétique, les automobiles, les produits d’assainissement, les plats préparés, les éclairages de noël, les voyages en avion et l’A380, les fusées, la conquête spatiale, les tunnels pour le transport des marchandises, les pistes de ski dans le désert, Parisplage, les oranges " non traitées " mais emballées dans du plastique...Voilà ce à quoi travaille une bonne partie de la population : produire des trucs et des machins qui servent à créer de nouveaux besoins qu’on fait varier à l’infini, qui font en sorte qu’on achète d’autres trucs et d’autres machins, qui consomment de l’énergie pour être produits, distribués et utilisés. Et tout ça dans l’espoir de " relancer la croissance", et avec elle l’emploi. Et quel emploi ! Le plein-emploi précaire, avec CDI à 15h/semaine, CDD de trois mois en trois mois, contrat nouvelle embauche, contrat d’avenir (quel avenir ?), stagiaire à temps-plein gratuit, intérimaire, intermittent du travail, étudiant à la chaîne en fast-food, nouveau domestique à la petite semaine, chômeur à durée indéterminée...

Une bête histoire d’intérêts... inégaux

Moralité : nos gouvernants et nos élites nous prennent pour des nénuphars...et ça marche ! On est pris en plein dans ce jeu de dupes qui exclut tous les jours une part croissante de la population, et menace de pourrir la planète. Mais peut-être plus pour très longtemps. Notre intérêt n’est pas le leur, car celui-ci repose sur notre exploitation et sur le formidable gaspillage d’énergie, de temps et d’intelligence que défend leur société de consommation.

Ce qu’on veut, c’est vivre une vie pleine de richesse, de diversité, de rencontres, sur des bases égalitaires, non marchandes, sans domination. Nous voulons choisir librement notre activité. Nous voulons disposer librement de notre temps. Nous voulons que que nos ressources, nos savoirs soient librement accessibles et bénéficient à tous. Même, et surtout, s’il faut pour cela se passer des trucs et des machins censés nous apporter le bonheur en barquettes.

La bande à San Precario et Cie

Source :

http://www.ac.eu.org/article.php3?id_article=1183

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