Une tribune pour les luttes

IRAN : le soulèvement de " Jina"

Article mis en ligne le vendredi 10 février 2023

« Le soulèvement de « Jina » »

Une jeune femme tombe, un peuple se soulève ; et il y a déjà plus de quatre mois que ce peuple, quoique torturé, blessé et ensanglanté est toujours debout agitant un drapeau sur lequel est écrite sa devise : « Femme, vie, liberté ».

C’est l’image que le monde a reçu du soulèvement en Iran à la suite de l’assassinat de Jina. Pourtant, l’histoire de la lutte des peuples iraniens contre les forces des ténèbres ne se limite pas à cette scène épique. Et en vérité, derrière cette scène, il y a la complexité d’une lutte de classes dont l’analyse et la compréhension dépasse largement la limite de cet article. Malgré cela, nous pensons que même une présentation modeste d’un mouvement, tel que le texte présent, afin d’être considérée comme sérieuse, doit tenter de déchiffrer cette complexité.

Tout d’abord, la colère que l’assassinat de Jina a provoquée doit être comprise à travers l’histoire de la répression quotidienne, la torture permanente, la dégradation continuelle de la qualité de vie des peuples iraniens qui ont commencé au lendemain même de l’arrivée au pouvoir des clergés en 1979. En effet, ce soulèvement doit être compris comme un moment du mouvement de contestation qui a déjà 44 ans. C’est pourquoi nous ne pensons pas être face à un mouvement nouveau et inattendu : le soulèvement actuel, bien qu’il soit inédit dans ses caractéristiques (en particulier la participation massive des femmes non seulement au corps du mouvement, mais aussi leur présence dans la position de leadership et les actes clandestins comme faire des graffitis, jeter des cocktails Molotov, etc.) est avant tout, le continuum d’un même mouvement de contestation qui a, après chaque désastre engendré par le régime, gagné les peuples iraniens couche par couche.

La mort de Jina doit alors être considérée comme la dernière goutte qui fait déborder la rage des habitants en Iran ; il s’agit d’une rage accumulée depuis l’instauration de la République Islamique (R.I.). Rage d’une vie sous une dictature théocratique dont l’animosité envers les libertés individuelles se symbolise par le voile obligatoire et les codes vestimentaires, sous une dictature rentière dont la corruption structurelle a progressivement réduit la vie des peuples iraniens à la « survie », sous une dictature brutale dont la capacité d’étouffement de la moindre voix critique est hors de toute mesure imaginable. Pourtant, ce qui distingue ce moment du reste, vu son ampleur, sa durée, ainsi que sa radicalité, c’est que l’on peut le considérer comme le point culminant de toutes les luttes contre le régime de la R.I. Mais comme il s’agit d’un mouvement sans chef et sans porte-parole, nous avons intérêt à le regarder sans filtre et à l’écouter sans intermédiaire. Ceci permet de voir les aspects de ce soulèvement qui ont été cachés ou amoindris à travers les filtres des médias ou des organisations politiques.

C’est pourquoi nous allons souligner ce que ce mouvement dit par ses actes et ses slogans(paroles). En analysant certains slogans parmi les plus répandus, nous allons mettre en avant les traits caractéristiques, les possibilités ainsi que les limites du soulèvement de « Jina ». Nous pensons qu’aucune traduction ne peut transmettre toute la puissance poétique de ceux-ci, qui recèlent une dimension émotive et collectivement partagée par les peuples iraniens. Le lecteur nous excusera donc de ne pas pouvoir la restituer.

la suite du texte ici :
http://dndf.org/?p=20655


Article proposé par Philippe

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