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Le Rojava est attaqué

Communiqué de l’Institut Andrea Wolf de l’Académie de Jineolojî

Article mis en ligne le mercredi 27 décembre 2023

Du Rojava à tous les peuples du monde en quête de liberté
Lire l'article sur le site internet du Réseau Serhildan

Samedi 23 décembre, l’armée turque a intensifié ses opérations sur le Rojava suite à une offensive de la guérilla du HPG (Forces de Défense du Peuple) ayant occasionné de nombreuses pertes dans les rangs de l’armée turque au Bashur. Les bombardements ont ciblé les infrastructures civiles de la région dans plusieurs villes, faisant pour le moment 8 mort.es et 18 blessée.s.
L’institut Andrea Wolf de l’académie de Jineolojî a rédigé ce communiqué pour dénoncer les attaques de l’État turc, rendre hommage aux martyrs et appeler à “s’organiser contre le fascisme, l’occupation et le patriarcat”.

Nous sommes aujourd’hui le 25 décembre.
En ce moment même, on entend dans l’air les sons des avions de guerre.

Aujourd’hui, l’attaque turque contre l’imprimerie Simav à Qamishlo a tué Berivan et cinq autres employé-e-s. Ala El Sebawi a également perdu la vie lors de l’attaque turque d’une boulangerie publique. Berivan et Ala sont deux jeunes femmes du Rojava qui ont lutté pour se construire une autre vie. Avant la révolution, les femmes n’étaient pas autorisées à faire leurs propres choix de vie. A l’heure actuelle, nous savons que Riyad Hemo, Hisên Ehmed, Rênas Hisên, Ferhan Xelef et Ferhan Temê ont également perdu la vie et que d’autres ont été blessé-e-s.

A chaque endroit frappé par la Turquie, pour chaque personne perdue, des souvenirs durables ont été perdus : des souvenirs sur la façon de faire la révolution et de construire une nouvelle vie.

D’autres lieux ont également été visés par la Turquie : dans le centre d’Amude, c’était la coopérative populaire qui produisait des olives. Nous nous souvenons d’une femme d’Afrin qui disait : « Ici, quand je suis avec les olives, je me sens plus proche d’Afrin – et cela m’apporte de la joie ». Il est important de savoir que pour les habitant-e-s d’Afrin, l’olivier est sacré, considéré comme une source de vie. Aujourd’hui, leurs oliviers sont coupées, extraits par les mercenaires turcs. « Chaque fois qu’ils coupent un olivier, disent-ils, ils tuent l’un-e d’entre nous. Depuis le début de l’occupation d’Afrin, beaucoup de nos aîné-e-s d’Afrin meurent au moment de la récolte des olives. Nous savons que ce n’est pas une coïncidence ».

La Turquie a frappé un autre endroit aussi : le hall de Karama à Amude. Nous nous souvenons de l’époque où l’organisation des femmes, Kongra-Star, y avait tenu son congrès, célébrant la révolution des femmes. Des centaines de femmes de tous âges étaient présentes. Pour les habitant-e-s d’Amude, c’est un espace de rencontre bien connu pour des réunions publiques.

Parmi les nombreux autres lieux, la Turquie a ciblé le centre de dialyse de Qamishlo. Récemment, des discussions avaient eut lieu sur comment construire d’avantage d’alternatives pour les personnes malades de la région. Car en effet, ce centre était le seul à offrir un service public.

Même depuis le moment où nous avons commencé à rédiger cet appel, les informations sur des nouvelles attaques augmentent de façon exponentielle. Les infrastructures visées dans toutes les régions du Rojava comprennent des hôpitaux, des sites et dépôts médicaux, des sites d’approvisionnement en nourriture, des usines textiles, des stations-service et des puits, des coopératives agricoles, des bâtiments et des installations de dépôts et de moulins à grains.

En attendant, les peuples du Rojava n’ont pas cessé leurs efforts pour s’organiser selon les principes du paradigme démocratique et écologique basé sur la libération des femmes. Ils ont reconstruit leur vie sur les ruines de la guerre.

Dans une région marginalisée, opprimée par le régime d’Assad pendant des décennies et dotée d’une infrastructure très limitée, des usines ont été construites, ainsi que des ateliers et des coopératives pour produire des biens de première nécessité. Des écoles ont été construites, des académies pour que chacun-e puisse apprendre dans sa langue maternelle. Des imprimeries ont été construites afin de partager librement des analyses, des romans et des poèmes. Des hôpitaux ont été construits pour soigner les personnes malades. Des lieux de rencontre et de fête ont été construits. Pour répondre aux besoins énergétiques, des stations pétrolières ont été prises en main. Chacun de ces éléments a été construit grâce aux efforts sans relâche de personnes organisées en communes, conseils, coopératives et académies pour honorer l’espoir et affirmer une volonté de vivre. Ce sont là les résultats concrêts de l’espoir que nous pouvons construire une vie libre sans dépendre de l’État, du capitalisme et du patriarcat.

Chacun de ces éléments a été construit grâce aux efforts sans relâche de personnes organisées en communes, conseils, coopératives et académies pour honorer l’espoir et affirmer une volonté de vivre.

Les succès les plus récents du mouvement de liberté kurde menacent l’existence de l’État fasciste turc. Le 13 décembre, l’Administration autonome démocratique du nord-est de la Syrie a déclaré son nouveau contrat social. Le 19 décembre, les partis kurdes ont obtenu la majorité des sièges lors des élections locales à Kirkouk, en Irak. Par ailleurs, la guérilla a mené des actions victorieuses contre l’armée d’occupation turque dans les montagnes du sud du Kurdistan (Irak).

C’est pourquoi l’armée turque intensifie – une fois de plus – ses attaques contre le Rojava en vue de réaliser son rêve d’un empire néo-ottoman.

Ce qui devient évident, c’est que ces attaques font partie d’une guerre systématique qui vise à détruire la vie des gens d’ici au Rojava, et finalement à détruire l’espoir qu’ils répandent. Cette nouvelle vague d’attaques vise les infrastructures crusciales et, en combinaison avec l’embargo, la survie de toutes les vies est menacée, avec des pénuries d’eau, de carburant et d’électricité. Nous devrions considérer cette stratégie comme faisant partie des plans d’occupation à long terme d’Erdogan – ce même Erdogan qui qualifie [à raison] de génocide les attaques contre les infrastructures, les écoles, les hôpitaux et les églises de Gaza [mais qui met en place les mêmes politiques].

C’est une vérité : le monde entier est aujourd’hui attaqué par les États fascistes, capitalistes et patricacaux. Nous appelons à une lutte unie contre la machinerie de guerre qui, par l’occupation, le génocide et le féminicide, tente de diviser et de conquérir. Comme les peuples de Rojava/Nord-Est de la Syrie, qui insistent sur la construction d’une vie libre à travers la lutte, pour laquelle tant de personnes ont donné leur vie, nous lançons un appel à tou-te-s pour résister et s’organiser contre le fascisme, l’occupation et le patriarcat et de contruire une vie libre dans la dignité !

Institut Andrea Wolf de l’académie de Jineolojî

Rojava (Nord et Est de la Syrie) – 25 décembre 2023


🚨ROJAVA ATTAQUÉ MAINTENANT - 25 DEC 14H. PARTAGEZ LARGEMENT 🚨
Communiqué traduit de Kurdistan Solidarity Campaign, à lire ici

Berivan Zubair est immortel. Au moment où nous écrivons, des drones turcs larguent des bombes sur l’Administration Autonome Démocratique des régions du Nord et de l’Est de la Syrie, la zone également connue sous le nom de Rojava. Jusqu’à présent, dix frappes ont été effectuées sur Qamişlo, Kobanê et Sheba. Parmi les cibles endommagées figurent un moulin à farine de blé, une gare, une usine de couture, une salle de mariage, une usine de ciment et une imprimerie Simaf. Berivan Zubair, qui travaillait à Simaf, est tombé en martyr lorsque le site a été frappé. 5 autres personnes ont été tuées et 9 autres blessées. L’hôpital de Qamişlo appelle la population à donner son sang.

C’est le deuxième jour d’attaques. Samedi soir, vers 21 heures (heure britannique), des avions de guerre turcs ont bombardé l’administration. Aujourd’hui, des représentant-es de la population de la région se sont rassemblés pour condamner les attaques, mais elles et ils ont été interrompus par les bombardements qui se déroulaient à proximité. Samedi encore, les cibles étaient des infrastructures civiles, notamment des infrastructures énergétiques, comme les stations pétrolières de Saeeda et d’Odeh, et une usine de plastique près de Tirbêspiyê. Des images vidéo montrent les frappes et les incendies qui en résultent à Tirbêspiyê et, jusqu’à présent, une victime a été signalée. Hussein Hamza Saadoun, un civil, a été blessé à la station d’Odeh et transféré à l’hôpital de Qamişlo, mais son état n’est pas encore connu. Des bombardements ont également été signalés dans la région de Derîk, notamment sur une centrale électrique dans le village de Bani Şekfti. Certaines parties de la région ont subi des coupures d’électricité, et l’on estime que 2 500 villages et villes ont été touchés. Dans son communiqué de presse publié le même soir, le ministère turc de la Défense nationale a affirmé que les frappes aériennes avaient touché 29 cibles, à savoir "des grottes, des bunkers, des abris, des installations pétrolières et des entrepôts". Vous pouvez lire la déclaration de l'administration sur les attaques de samedi ici

Ces attaques sont les plus récentes des tentatives de l’État turc pour détruire l’administration autonome. Elles suivent la tactique de la campagne de bombardement menée par la Turquie en octobre, lorsque, pendant une semaine, la Turquie a bombardé le réseau électrique en développement de l’administration, ainsi que les infrastructures pétrolières et de gaz naturel. L’administration estime le coût des dommages à 1 milliard de dollars, soit plus que ce qu’elle dépense en un an, argent qui provient essentiellement de la production de pétrole et de gaz naturel. Tels sont les coûts de ce que la Turquie justifie comme étant de l’autodéfense.

Les actions dont la Turquie prétend se défendre sont celles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les frappes aériennes d’octobre ont eu lieu après une attaque de la guérilla du PKK contre le quartier général de la police d’Ankara. Les attaques turques du 23 décembre ont eu lieu après que la guérilla du PKK ait mené la veille une opération dans le Kurdistan occupé par l’Irak, qui a fait 36 morts parmi les soldats turcs. Ils ont également confisqué ou détruit des équipements militaires et des armes.

Le PKK figure sur la liste des organisations terroristes de la Turquie, des États-Unis et des pays de l’Union européenne. Des campagnes visant à retirer le PKK de la liste des organisations terroristes existent depuis aussi longtemps que la liste du PKK, sur la base des arguments selon lesquels la liste empêche un processus de paix efficace et que le PKK ne répond pas aux définitions légales d’une organisation terroriste, une position soutenue par les décisions de plusieurs cours européennes.

La Turquie bombarde également des zones du territoire syrien et irakien depuis des décennies, indépendamment des actions du PKK. Şengal, une région principalement habitée par les Yézidis, est régulièrement bombardée par les avions de guerre turcs. Le gouvernement fasciste turc prétend agir exclusivement contre les "positions du PKK" et invoque la Charte des Nations unies et le droit à l’autodéfense. De nombreuses organisations et commissions, dont le service scientifique du Bundestag allemand, soulignent cependant que la Turquie viole l’interdiction du recours à la violence, car il n’y a pas de situation d’autodéfense. Il n’y a pas d’excuse raisonnable pour bombarder l’infrastructure civile de toute une région, qui plus est organisée par l’Administration Autonome, et non par le PKK.

Ce n’est pas de la légitime défense, c’est une excuse.

Le 23 décembre a également marqué le premier anniversaire de l’assassinat de trois Kurdes, Evîn Goyî (Emine Kara), Mîr Perwer et Abdurrahman Kızıl, dans un centre de la communauté kurde à Paris. Evîn Goyî était une figure de proue du mouvement de libération des femmes et une membre du Comité Exécutif du KCK [L’Union des Communautés du Kurdistan].

Les États-nations du monde entier gardent le silence sur les crimes de guerre commis par l’État turc contre les peuples du Kurdistan.

Nous appelons les gens à rompre ce silence. Partagez vos connaissances sur ces attaques avec vos ami-es, discutez-en avec votre famille et publiez des articles en ligne. Suivez des sites d’information comme ANF News ou Medya News
Suivez également des groupes tels que le Rojava Information Centre (Twitter : @RojavaIC) ou Riseup 4 Rojava. Restez au courant des événements dans la région et continuez à en parler à vos ami-es

Vous pouvez également faire un don à Heyva Sor a Kurdistanê (Croissant Rouge kurde) qui est sur le terrain dans le Nord-Est de la Syrie et fournit une aide humanitaire et médicale vitale.

Enfin, rejoignez, soutenez ou créez un groupe de solidarité local, tel que le Kurdistan Solidarity Network ou Scottish Solidarity with Kurdistan.

Vive la révolution !

Défendons le Rojava !

Les martyrs sont immortels.

FAIRE UN DON À HEYVA SOR A KURDISTANÊ

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Heyva Sor a Kurdistanê e. V.
Kreissparkasse Köln
IBAN : DE49 3705 0299 0004 0104 81
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PayPal : paypal.me/heyvasorakurdistane

*Veuillez noter :
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Contact et pour plus d’informations :

Heyvasor
E-Mail : heyvasor chez web.de
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