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IRA France-Mauritanie

Fin de l’esclavage héréditaire en Mauritanie ?

Article mis en ligne le samedi 10 février 2024

FIN DE l’ESCLAVAGE HEREDITAIRE EN MAURITANIE ?
IRA France-Mauritanie – le 9/02/2024

Il est un pays dont les media parlent peu, sauf peut-être dans les dépliants touristiques pour ses paysages de dunes de sables, de ses méharées aux dromadaires majestueux. Belle image exotique !
C’est la Mauritanie, le long de la côte atlantique entre le Sahara occidental et le Sénégal. Ancienne colonie française, pays indépendant depuis 1960, il garde de bonnes relations avec la France et l’Union européenne.
Faut dire que le pays est riche de ses ressources halieutiques et sous l’austérité de ses dunes sablonneuses, il est également riche de ses minerais. De plus il participe aux fortifications de l’UE contre l’immigration d’une part, et d’autre part de l’introduction de groupes djihadistes par la vigilance de patrouilles à ses frontières.

Au-delà de cette carte postale savez-vous que la Mauritanie, (population estimée à environ 4 millions d’habitants) pratique toujours l’esclavage traditionnel c’est-à-dire par la naissance ? Bien que l’esclavage soit officiellement aboli par plusieurs lois, afin de se conformer au droit international, elles ne sont pas appliquées. De nombreux rapoprts d’Organisations Internationales des droits humains (ONU, United Freedom, ACAT, Amnesty International, etc.) relèvent régulièrement le manque de volonté politique de la part du gouvernement mauritanien pour lutter contre l’escalvage et la discrimination raciale.

En clair, né d’une femme esclave vous resterez inexorablement esclave toute votre vie et vos descendants aussi ; ils appartiendront à la « caste » des esclaves. L’humanité de l’esclave est niée par ses maîtres. Les esclaves sont des biens « meubles » ; le maitre peut les offrir, les violer à volonté, les vendre... Il dispose du droit de décider de leurs mariages et de l’avenir de leurs enfants.

Souvent quand des militants abolitionnistes dénoncent, preuves à l’appui, des faits d’esclavages, ... hé bien ce sont eux qui se retrouvent en prison !
Combien sont-ils ? impossible de le savoir précisément, nous n’avons que des évaluations. Il y a eu plusieurs recensements dont les modalités du dernier se sont terminées ce 31 décembre.

Les candidats au recensement doivent fournir entre autres un document de naissance qui n’est délivré que lorsque les parents peuvent fournir les certificats de mariage valables. Alors est-ce que les personnes nées des viols de maitres que la mère tenue en esclavage a subis, peuvent les obtenir ?
Le dernier recensement a été entravé par des centres d’accueil et des tribunaux départementaux qui, sur des bases discriminantes, refusaient d’octroyer des documents d’état civil, malgré des plaintes émises et relayées dans les réseaux sociaux et par des partis politiques.

Ainsi une partie de la population se trouve apatride dans son propre pays.
Quant à son décompte, particulièrement la population tenue en esclavage, il ne peut qu’indiquer une simple évaluation. Apatrides, les enfants sont dépourvus de soins, de scolarité, de protection, parfois de reconnaissance de parentalité ; devenus adultes ils sont privés de la liberté de circulation, de vote et de leur employabilité dans l’économie formelle ....

Une parmi d’ autres gangrènes récurrentes de l’esclavagisme du pays : l’esclavage foncier.

La semaine dernière dans le Rkiz des hommes et des femmes hratines, esclaves affranchis, ont été arrêtés et molestés par les autorités administratives pour avoir protesté contre la spoliation de la terre qu’ils cultivaient, cela à la suite d’une nouvelle distribution décidée par le gouvernement, au profit de la tribu des Tajekanet.

Mohamed Ahmed Ould Elmamoune, dignitaire tribal, féodal, propriétaire terrien et d’esclaves, a menacé de mort, dans la nuit du 2 au 3 février, devant des autorités mauritaniennes, le député et l’un des fondateurs de l’association IRA*, Biram Dah Abeid, venu soutenir les paysans spoliés. Cette spoliation a eu lieu malgré le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), tous deux ratifiés par la Mauritanie le 17 novembre 2004. En dépit de l’article 1 de l’ordonnance 2000-89 qui stipule : « ...que ceux qui ont travaillé la terre peuvent accéder à sa propriété et acquérir leur indépendance économique... »

Dans son message du 4 février, le député Biram Dah Abeid nous informe que d’abord 2 hommes se sont interposés devant les tracteurs, puis 5 autres et ensuite d’autres hommes et 10 femmes. Au cours de cette journée 16 hommes et 7 femmes dont nous avons les noms sont emprisonnés et la ville occupée depuis, par les forces de sécurité.

Depuis quelques jours (message reçu le 7 février) ils subissent des blessures, des tortures handicapantes et des humiliations, parfois publiques ou dans les cachots, alors qu’ils protestaient pacifiquement depuis le 1er février, pour défendre le droit à la terre (93% des terres des esclaves noirs de la tribu de Tejekanet, spoliées).

Une déclaration commune des associations IRA des divers pays européens (France, Belgique, Italie, Espagne, Allemagne, Pays Bas) est en cours de publication.

Une manifestation devant l’Ambassade de Mauritanie, 5 rue Montevideo 75016 à Paris (métro ligne2 station Porte Dauphine) aura lieu le mercredi 14 février 2024 de 13 à 16h.

Pour plus d’informations je vous invite à vous rendre sur notre site :
IRA France Mauritanie – Lutter contre l’esclavage en Mauritanie et dans le monde (irafrance- mauritanie.org)

Pour un regard autre, quelques autres sites :
https://minorityrights.org/app/uploads/2024/01/mrg-rep-maur-fre.pdf
Esclavage : la justice encore et toujours enchaînée en Mauritanie - JusticeInfo.net
Mauritanie : le Comité des droits de l’homme préoccupé par « la persistance de situations d’esclavage »

*Les associations IRA Mauritanie (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) qui soutiennent ce mouvement, sont des ONG de défense des droits des humains, de résistance sans violence à l’injustice, dans le respect des lois internationales que la Mauritanie a signées.

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