Une tribune pour les luttes

Le journal L’Envolée 58 est de sortie !

Article mis en ligne le vendredi 1er mars 2024

Le ministère des tribunaux et des prisons a cette année encore battu son propre record : plus de 75 000 personnes en prison et 250 000 sous main de justice… À force d’asséner les chiffres de la « surpopulation carcérale », on finirait par nous faire croire que c’est inéluctable. Faudrait surtout pas qu’on se rende compte qu’en réalité c’est un choix : c’est bien les gouvernements successifs qui donnent ordre à la police d’arrêter toujours plus de personnes. C’est bien les législateurs qui votent chaque année de nouvelles lois sécuritaires.

Si les gens couchent par terre en cellule, c’est pas parce qu’il n’y a pas assez de places en prison, mais bien parce que les juges condamnent à tour de bras. Si y a trop de monde en prison, suffit d’enfermer moins plutôt que d’en faire un prétexte pour construire de nouvelles taules comme les 15 000 places prévues d’ici 2027, qui seront bientôt « surpeuplées » et à leur tour justifieront encore de nouvelles constructions.

Derrière cette litanie de l’administration et des politiques, on finit par reconnaître une musique inquiétante : celle qui laisse entendre qu’il y aurait des populations « en trop ». Évidemment que c’est pas le fait d’entasser les prisonnier·es qui les dérange ! C’est quoi, le problème ? Les pauvres ? C’est sûr que tout augmente : la bouffe, les loyers, les factures, alors ça finit par faire du monde. Il s’agit de faire accepter la traque des plus précaires et la suppression progressive des allocs et de tout un tas d’aides sociales. Pour ça, il faut continuer à faire peur.

Plus on galère, plus on va en prison, et plus les proches autour galèrent… Quand en plus, on a pas les bons papiers, au bout de la chaîne, c’est l’expulsion. La criminalisation et le harcèlement quotidien des pauvres et des personnes racisées autorisent la police à tuer régulièrement des habitant·es des quartiers populaires ; comme Nahel, tué le 27 juin 2023 par un policier devenu millionnaire grâce au soutien de l’extrême droite et de la bourgeoisie la plus réactionnaire. Il y a eu un mouvement social massif, des gens ont repris la rue, et certain·es ont profité de l’occasion pour remplir leur frigo. La machine policière et judiciaire a alors tourné à plein régime pour condamner plus de deux mille personnes à des peines de prison et en maintenir des milliers d’autres sous main de justice.

Comme l’a déclaré Rédoine Faïd lors du procès de son évasion de Réau : si vous pensez « que cette injustice ne vous concerne pas parce que vous n’allez pas franchir ces murs, vous avez tort ». Ben oui : alors que la prison se révèle toujours plus clairement comme la clé de voûte d’un système basé sur l’exploitation et la domination, les prisonnières et les prisonniers sont maintenus dans l’angle mort. C’est aussi pour ça qu’il est plus nécessaire que jamais de faire sortir la parole des personnes enfermées.

Vu le tableau, on vous souhaite la meilleure année possible !

Force, courage et détermination…

Sommaire de l’Envolée n°58 :

Edito
Lettres de l’intérieur
Réau : récit d’un procès
Brouilleurs et isolement à Bourg-en Bresse
Entretien avec une sortante longue peine
Autocensure et interdiction de manifester pour la Palestine

P.-S.

L’envolée, les points de distrib’ sont dispos ici : https://lenvolee.net/ou-trouver-lenvolee/

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