Une tribune pour les luttes

D’accord/pas d’accord

"Trinquer à la mort du CPE"
ou "On Veut Ot’chose"

2 textes pour un débat...

Article mis en ligne le mardi 11 avril 2006

Une première réaction "Ca se fête !" mais aussi un très beau texte pour ouvrir ce débat...

A vous la parole !!


Trinquer à la mort du CPE

Venant d’écouter Villepin en direct à 10h30, je vous laisse juge d’estimer s’il s’agit d’une victoire tangible du mouvement anti-CPE. (Il reste certes le CNE. Et méfiance pour les dispositions de "remplacements").

Mais le mouvement social a besoin de victoires comme un oxygène, pour pouvoir rebondir vers d’autres batailles.
Surtout s’il s’est agit de l’éducation politique et en quelque sorte "sentimentale" d’une génération. (Une génération qui par sa maturité peut d’ailleurs en remontrer à ses aînés.)

Il convient donc de ne pas bouder notre joie, et de lancer ces jours-ci, dans les entreprises, les établissements scolaires, les facs, dans les rues :
- des fêtes spontanées ou bien préméditées, pour trinquer fraternellement à la mort du CPE, par tous ceux et celles qui y ont contribué. Prenons ce temps précieux, ce temps "politique et festif", trinquons et dansons à la mort du CPE.

Luc

le 10/04/2006

http://lucky.blog.lemonde.fr
.


On Veut Ot’chose

On a pas cessé d’avoir des solutions qui partent en couilles, c’est-à-dire en négociations.

On entend certains dire que la victoire est grande, qu’ils vont sabrer le champagne. Pour les grands négociateurs, c’est vraiment étonnant comme le rituel colle à la peau :
Ils ont sabré le champagne pour la grande victoire de 1995, lorsque Juppé fit semblant de mettre le projet des retraites aux oubliettes.
Mais Fillon l’a ressorti 8 ans plus tard, bien relouqué pour nous faire bien morfler.
Ils ont recommencé en 2000 : démission de Claude Allègre et le retrait de son projet. Grande victoire pour notre école ? Nous avons eu Ferry...
qui s’est cassé... et à sa place encore Fillon, rusé Fillon : l’a supprimé les surveillants, fait passer la décentralisation et tout bonhomme réussi à casser l’école avec sa loi de mignon... et des dizaines de camarades lycéens condamnés à amendes et prison...

Depuis 1968 les négociateurs sabrent le champagne et nous,... nous trinquons ?
Notre vie n’est pas une marchandise ? Alors pourquoi la négocier ?
Un autre monde est possible ? Alors pourquoi toujours les mêmes données ?
Changeons un peu la ritournelle : pour ces deux mois à laisser pourrir, il faut qu’ils payent. Car finalement il y a la rue qui au bout du compte peut leur dire merde et, s’ils s’avouent vaincus, qu’ils en bouffent comme on en bouffe.

Ouais, plus de sommet, que de la base, que de la base : tous ensemble, tous ensemble... à l’élysée, à matignon.

C’est qu’y’a pas que le CPE, nom de Dieu !

Il faut rattraper toutes les batailles perdues. Là où y a jamais eu dialogue, que mépris et insultes.
Il n’ont pas arrêté de nous dire que nous vivons trop bien, que nous mourons trop vieux, que nous nous soignons trop, que nous apprenons beaucoup trop, que nous sommes des trouillards passe que la vie sur terre elle est précaire.

Sauf que c’est à nous de le dire, ce qu’on veut faire : leur richesse c’est notre sueur et nos fatigues. Et
finalement tout est à tous et rien n ‘est à eux. Le père Sellières ou la père Parisot et leur valet Raffarin se sont bien amusés à persifler "la fin de la récréation".
Nous persistons : pour nous c’est tous les jours que ça doit être dimanche (et tant pis si ça leur pète le coeur).

Ils se sont ramassés aux régionales, au référendum sur la constitution et du haut de leur illégitimité, ils n’ont jamais cessé de dire qu’ils étaient la majorité. Arrogants, ces jean-foutre, ils ont pas arrêté d’arrêter : des jeunes et des vieux, tout a été bon pour nous faire peur, pour nous faire taire.
Leur grand chef a même osé nous reprocher de mal soigner nos parents ou grands-parents en un été décédés, par
milliers.
Poussés par leur seul instinct de prédateurs électoraux, ils n’hésitent pas à séparer les enfants de leurs pères ou leurs mères, prétextant qu’ils ont pas de papiers. Oubliant les conventions internationales, ils font traquer, rafler, enfermer et parfois reconduire à la frontière les plus précaires de cette terre. Ils pensent légitime pouvoir
interpeller jusque dans les blocs opératoires. Leur goût des cloaques semble sans limite.

Ce sont des nuisibles, des illégaux, des illégitimes et encore il faudrait aller les trouver pour négocier ?
Et quant à vous, négociateurs, vous parlez souvent de rapports de forces, défavorable, pour nous faire taire et d’implacable réalité. Quoi donc ? La victoire est grande dites-vous et il faudrait arrêter d’exiger !

Merde à vous les lâcheurs éternels, merde à vous, à vos combines et à vos manœuvres si vous nous amenez encore à abdiquer !
Comment pourriez-vous aller voir ces canailles, ces oppresseurs et ensuite garder la tête haute parmi les opprimés ?
Voulez-vous dire qu’on va revoir une par une nos reculades ?
Qu’on va rattraper le temps perdu ?
Parce que si on s’arrête au misérable CPE, c’est pas grand chose, c’est pas grand chose...
Moi je pense, comme ça vite fait, qu’il va falloir qu’on s’invite, les sans-papiers, les chômeurs et les précaires, les lycéens, les étudiants, les intermittents, les salariés, tous les vaincus d’une décennie de gouvernances imprésentables dans les jardins de l’élysée, dans les salons de matignon...

TOUS LES AMIS, LES CAMARADES, LES ALLIÉS,
ANTI-DAVOS, ANTI-G8, SYNDICALISTES ACTIFS, LIBERTAIRES, FAUCHEURS,
ANTI-NUCLÈAIRES, AUTONOMES, BLACK BLOK,
ANTI-FILLON, KAYERAS...
AMNISTIÉS !

Camarades lycéens, camarades étudiants, un salarié vous demande, un professeur vous supplie : vous n’êtes plus seuls, les jeunes, tous les regards sont tournés vers vous, vous êtes des géants, vous êtes la fraîcheur qui peut montrer à tous les opprimés que la résistance demeure.

Réalisez que votre première victoire en appelle d’autres, que votre lutte est mondiale, qu’il y a nous, c’est vrai, avec nos exams et nos diplômes et nos carrières et nos conforts... mais de partout, n’entendez-vous pas la clameur ? Elle monte, elle monte la clameur : c’est celle des multitudes multicolores, c’est une voix sourde et multilingue...
Elle s’élève des fins fonds de la Patagonie jusqu’aux glâces sibériennes, du sable brûlant des déserts jusqu’aux voluptueuses forêts amazoniennes.

Vous devenez aujourd’hui la figure d’un énorme espoir, celui qui permet de retrouver le goût de retisser le tissu fragile de nos vies, celui où le regard humain, regard de l’existence, devient encore plus beau que l’azur du ciel.
Vous ouvrez les portes à la brise qui circule dans des harpes d’herbe tendre.

Pour tous les opprimés de cette planète vous consolidez la communauté de l’espoir.
Vous réinventez la cellule mère.
Que votre tâche semble soudain lourde, démesurée, écrasante !
Et pourtant vos sourires et vos visages, malgré la gravité et malgré les fatigues, rayonnent sous ce fil ténu de lumière qui filtre par la porte entrouverte.
Êtes-vous seulement conscients des puissances qui vous portent ?
J’aimerais que l’aborigène australien ou l’amérindien du Chiapas puissent vous parler et vous joindre, et dans leur langues de fleurs, de rocs, de ruisseaux ou de neiges vous murmurent l’intense déclaration d’amour.
Vous démontrez que rien n’est encore perdu, qu’il est encore temps, qu’il nous reste suffisamment d’énergie pour repenser le nouveau. Que nous ne sommes tributaires que de nous-mêmes : nous ne devons rien aux puissants, car nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre nous
naissons de partout nous sommes sans limites.

Permettez-nous, à nous les vieux, travailleurs ou précaires
d’accompagner votre marche, de découvrir avec vous les nouvelles orées du chemin à ouvrir, du chemin sur la mer.
Permettez-nous d’aider, de souffler, de parler, d’égal à égal, à vos côtés. Offrez-nous ce don sans pareil : retrouver notre jeunesse et nous revoir beaux, généreux et simples comme nous le fûmes un jour. Ce jour où la terre entière nous semblait à portée de nos pas, à portée de
caresses, de tendresse, du meilleur de nous-mêmes. Ce jour où nous agissions en primitifs sans même prévoir en stratèges.

source coordéduc

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