Une tribune pour les luttes

L’affaire du sud du département de Bolivar - Colombie

Tribunal International d’Opinion. Paris, 28 et 29 novembre 2003

Article mis en ligne le lundi 10 novembre 2003

« Nous ne sommes pas des juges, nous sommes des témoins. Notre tâche est de rendre possible que l’humanité soit témoin de ces horribles crimes et se place du côté de la justice ».

Bertrand Russell

La Campagne permanente nationale et internationale « Contre l’impunité, la Colombie réclame justice » a été précédée par le processus issu du Projet "Nunca Mas" (Plus Jamais), qui voulait révéler les causes et les mécanismes de l’impunité qui a accompagné l’exécution de crimes de lèse humanité en Colombie.

En septembre 1996, les paysans du Magdalena Medio se sont trouvés contraints d’employer le droit à la contestation au moyen de la mobilisation de centaines d’habitants du Sud de Bolivar et de Yondo (Antioquia) pour dénoncer devant le président Ernesto Samper Pizano las graves violations à leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Lors de cette négociation, qui a duré 23 jours, les paysans ont exprimé leurs inquiétudes en raison de l’annonce par les paramilitaires de leur prochaine incursion dans le Sud de Bolivar et ont exigé des différentes instances de l’Etat qu’elles garantissent l’intégrité physique de la population. Face à l’absence de réponse du gouvernement, l’omission des forces armées et l’attitude criminelle persévérante des paramilitaires, les habitants du Sud de Bolivar, d’Antioquia et de la Vallée du Cimitarra ont réalisé une nouvelle fois un exode en juillet 1998, lequel a uni paysans et mineurs ; plus de dix mille personnes se sont concentrées durant des mois dans les municipalités de San Pablo, Barrancabermeja, Morales et Bogota. Finalement parvenus à un accord avec le gouvernement, lequel a été signé par le président Pastrana lui-même le 04 octobre 1998, qui a débouché sur une série de décrets de lois pour en garantir l’application.

Parmi ces engagements, il avait été décidé la mise en marche immédiate du « Plan de Développement Intégral et de Protection Intégrale des Droits Humains dans le Magdalena Medio », lequel contient six grands axes de résolution des problèmes de la région :

1. Le Développement Régional, l’Economie rurale ;

2. Le Capital Social (éducation, santé, environnement, etc.)

3. Retour des communautés avec garantie pour leur sécurité.

4. Suivi des problèmes liés à la mine.

5. Investigation des graves cas de violation des droits humains et

6. Le démantèlement des groupes paramilitaires.

Cependant cet accord n’a pas été respecté, alors que l’agression des paramilitaires atteint des niveaux inimaginables et couvre une partie de la région.

Edgar Quiroga, un des principaux porte-parole des paysans et signataire des accords avec le Président Pastrana a été enlevé et a demeure disparu, ainsi qu’un autre paysan nommé Gildardo Fuentes, le 28 novembre 1999. Depuis la signature des dits accords, près de 500 paysans et mineurs ont été assassinés, disparus, torturés. Plusieurs villages ont été brûlés et détruits par les groupes paramilitaires avec l’appui ou la passivité de la force publique. Ces faits, en raison de leur caractéristique, leur nature systématique, et vue la responsabilité directe d’agents de l’Etat ou celle de groupes paramilitaires qui agissent à son instigation ou sous sa protection, sont clairement classables comme crimes de Lèse-humanité, selon les normes internationales. Les innombrables dénonciations à propos de cesfaits devant des instances judiciaires dans le but de garantir la protection pour leurs vies ont n’ont pas été entendues par l’Etat colombien. Les investigations se trouvent dans l’impunité totale et les crimes à l’encontre de la population se poursuivent.

La mission fondamentale de ce Tribunal est d’apporter à la lutte contre l’impunité et de promouvoir le respect universel et effectif des droits des peuples, le droit international ainsi que les droits humains, en établissement si ces droits sont violés, en examinant les causes des dites violations et en dénonçant les auteurs matériels et intellectuels face à l’opinion publique nationale etinternationale.

Les Tribunaux d’opinion naissent de la lutte des peuples contre l’impunité qui recouvre les délits en matière de violation des droits humains, pour demander la justice que, en tant que citoyens, ils se voient refuser parles pouvoirs publics ; Ces tribunaux naissent de leur profond besoin de connaître la vérité, à l’aide de l’éclaircissement des faits, l’identification et le châtiment des coupables et des réparations pour les victimes.

C’est cette absence de justice qui fait que les communautés et leurs organisations en appellent à la conscience éthique de l’humanité, en impulsant un Tribunal International d’Opinion, afin qu’il juge éthiquement, moralement et politiquement l’Etat colombien, pour sa responsabilité dans la commission de Crimes de Lèse-Humanité dans le Sud de Bolivar en Colombie.

Trouvant fermés les chemins internes pour atteindre la justice en Colombie, les organisations et personnes qui souscrivent le présent manifeste, soutiennent la Convocation à un Tribunal International d’Opinion pour le Sud de Bolivar qui se tiendra et délibérera, pour l’émission d’une sentence, les 28 et 29 novembre 2003 à Paris, France, comme alternative à la recherche de la Vérité et de la Justice dans les Crimes de Lèse humanité commis en Colombie.

Si ce n’est pas maintenant, quand ?

Si ce n’est pas ici, où ?

Si ce n’est pas nous, qui ?


TIO Francia, 66 avenue Victor Hugo, 75016 Paris

Tél. et fax : 01.45.01.58.97

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