Une tribune pour les luttes

A PROPOS D’UNE CANDIDATURE UNITAIRE ANTICAPITALISTE A L’ELECTION PRESIDENTIELLE EN 2007.

Point de vue, contribution au débat, de Yves et Christine Vandrame

Article mis en ligne le lundi 3 juillet 2006

Pour faire face au recul social sans précédent, il faut s’unir !

Les forces politiques, les syndicats, les mouvements les plus divers, et tous ceux qui refusent la soumission à l’ordre établi et à la fatalité capitaliste, doivent constituer un front de résistance.

On en voit les prémisses dans des actions mobilisant les milieux les plus divers qui refusent le découragement. Et l’immense mouvement de la jeunesse, qui dans les quartiers pauvres, puis contre le CPE a fait reculer le gouvernement est un espoir.

Cela contribue à construire au travers de la lutte une unité politique pour modifier le rapport des forces.

C’est dans ce contexte, de colère populaire que survient l’échéance électorale présidentielle.

La bande à Chirac est totalement déconsidérée. L’opposition de gauche repeint la façade pour essayer de faire oublier le piètre bilan de ses 5 années de gouvernement de 97à 2002.

Comme le veut la tradition, avant les élections, un grand frisson a saisi les groupes et les militants à la recherche de perspectives électorales. On oublie à chaque expérience qu’une campagne électorale ne crée pas un courant politique. Mais s’il faut y aller, allons y !

Si nous n’avons pas d’illusions excessives, si la volonté d’unité est réelle sans arrière pensée partisane, un accord est possible entre toutes les composantes qui réclament une candidature « unitaire ». Il ne faut pas se limiter à l’hypothétique camp du « NON » mais s’adresser aux millions d’électeurs à la recherche d’espoir et à l’ensemble de la société française consciente de vivre dans un système malade de ses injustices et de ses inégalités.

Une Campagne dynamique regroupant le plus grand nombre serait un pas important dans la longue marche de la recomposition politique. Mais il faut différencier élections présidentielles des législatives et des municipales.

La campagne des présidentielles aura une influence pour la suite.

C’est en marchant que peut se construire une unité permettant des choix communs pour les législatives, il ne faut pas se précipiter.

Le projet de la campagne doit être simple.

La Charte « anti-libérale » servant de référence, est un catalogue de revendications dont les axes politiques peuvent se préciser et évoluer.

Les propositions, doivent aller du mondial au national, du global au local.

1) La relation Nord/Sud conditionne les facteurs de guerre ou de paix. Promouvoir la solidarité entre les peuples et le droit à la libre circulation des personnes sont des revendications légitimes..

2) Tirons les conséquences de ces évidences : la planète n’est pas une poubelle ou un citron qui se presse indéfiniment.

3) L’UE est notre espace politique élargi. C’est à ce niveau que les rapports de force seront déterminants.

4) Dans les métropoles capitalistes, défendre les droits fondamentaux de la personne humaine, bafoués par les inégalités sociales est une exigence élémentaire : droit au savoir - au travail - au logement - à la santé. C’est à la situation réservée aux plus démunis que se juge l’état de développement d’une société.

5) En France, le processus de fascisation du pouvoir d’Etat, est la réponse des forces dominantes à la crise sociale. Il faut renforcer les droits démocratiques pour toute la population indépendamment de l’origine, du milieu social et de la nationalité.

Dans le contexte actuel, dans un rapport de forces très inégal, les mouvements politiques impliqués dans une démarche similaire doivent s’engager à ne pas participer à un gouvernement PS, s’il arrive au pouvoir.

Il ne s’agirait pas de faire de la surenchère dans la critique aujourd’hui pour chercher un accord demain. Le PS doit assumer ses décisions, seul, sans la confusion de la caution que les Verts et le PC lui ont donné depuis 1981.

Quand une décision positive sera prise, nous applaudirons. Dans le cas contraire il faudra mobiliser notre peuple pour faire reculer le gouvernement. C’est la seule voix correcte pour faire entendre les intérêts populaires. Il s’agit exactement de la position qu’avait adoptée le PC lors du front populaire en 1936. Cette position n’est pas contradictoire avec le vote du 2ème tour en faveur du ou de la candidat (e) de la social démocratie, au nom du principe du moindre mal contre le droite.

Si un minimum d’obstacles sont surmontés, alors se pose la question : Qui sera le (ou la) candidat (e) unitaire ?

Les élections présidentielles sont un exercice particulier, peu démocratique, où la médiatisation joue un grand rôle.

Candidate naturelle du PC, Marie Georges Buffet, ministre disciplinée pendant 5 ans du gouvernement Jospin peut difficilement parler au nom de la gauche de la gauche.

La LCR peut le revendiquer, mais son candidat Olivier Besancenot ne sortira pas de la marginalité électorale.

Aujourd’hui, seul José Bové peut pour l’instant, assumer cette fonction, être entendu dans des milieux divers et additionner des voix d’électeurs.

Au delà des réserves, des divergences inévitables qu’il faut apprendre à mettre de côté, l’aspect principal est que son engagement contre toutes les formes d’injustices de notre monde lui donne un crédit réel.

Encore lui faudra-t-il préciser le type de relations à venir avec le PS.

Nous sommes prêts à soutenir cette candidature, mais pas les yeux fermés.

Mais au delà des échéances de 2007, et des choix politiques à court terme, définir les voies de rupture avec le capitalisme est indispensable.

Le système n’est pas amendable, il ne se réforme pas en profondeur. Ne répondant à aucune règle démocratique, il ne connaît que le rapport des forces. Il faut CHANGER LES REGLES DU JEU. Ce sont les constats étayés par le bilan de l’Histoire ! Là se trouvent les termes du débat à venir pour l’alternative politique.

Bien sûr, cela s’accompagne de l’émergence de forces politiques anti-capitalistes, ancrées dans le 21ème siècle, crédibles et influentes.

le 2 juillet 2006

Yves et Christine VANDRAME

Retour en haut de la page

Vos commentaires

  • Le 7 août 2006 à 21:10, par Zamenhof En réponse à : A PROPOS D’UNE CANDIDATURE UNITAIRE ANTICAPITALISTE A L’ELECTION PRESIDENTIELLE EN 2007.

    Le rêve d’une candidature unique issue du rassemblement du NON de gauche a l’air mal parti !
    C’est vraiment lamentable !
    Les susceptibilités de partis l’emportent sur la dynamique. D’autres ont été convaicu de rentrer sagement au bercail dans l’espoir d’un bon nonosse. Une candidature Bové aurait pu être LA solution, mais ça a l’air mal barré de ce côté là aussi.
    Aussi j’ai une autre idée :
    Croyez vous que taubira serait assez à gauche pour ce rôle ? (et accpterait-elle ?) Elle a, elle, été pour le NON, et en a dénoncé sa logique néo-libérale. En tant que femme et que noire, elle pourrait "surfer" sur des tendances "mode" et damer le pion à la Ségo, et contrairement à la Ségo c’est une personne vraie, honnête et droite. si elle était suffisamment à gauche pour accepter de se mettre à la tête d’une coalition qui irait jusqu’à la LCR et le PC, son étiquette radicale, son profil "calme" (Bové va faire peur à certains) rassurerait le "marais" (si on part pour gagner il faut en tenir compte !).
    Sait-on si ce genre de chose serait réalisable ?

  • Le 24 octobre 2006 à 15:16, par Jérôme En réponse à : 2007 : veut-on se battre ou veut-on gagner ?

    Mettons le plus de chance de notre côté, choisissons Marie-George Buffet.

    Dépassons le primat de la culture d’opposition. Choisissons d’être une gauche de conquête, qui porte sur tous les terrains de la transformation sociale un projet d’ensemble chiffré. Choisissons une candidature efficace pour symboliser et exprimer le rassemblement dans sa diversité, pour garantir son caractère durable. Choisissons Marie-George Buffet comme porte parole d’un collectif ouvert et rassembleur.

    Nous nous sommes donnés le 10 septembre une stratégie d’ambition démocratique, qui a décidé de gagner, qui a évité le repli, les exclusives, la démission. Nous sommes maintenant en train de construire un programme ambitieux et crédible, évitant lui aussi le piège d’une vision défensive et évasive du changement de société, montrant que ce qui nous unit ce ne sont pas quelques convictions négatives communes, mais le choix positif d’une autre société, la recherche des moyens assumés d’y parvenir.

    Pour la candidature également, sachons éviter les anathèmes, les simplifications, les appels à "exclure" l’un-e ou l’autre. Le choix de la candidature doit être le point d’arrivée et non le point de départ de notre démarche de rassemblement. Et il doit se faire en fonction d’une seule boussole : battre la droite en recomposant la gauche sur une base de transformation sociale. L’échec en 2007 aurait des conséquences dramatiques durables : comment croire que nous sortirions renforcés de cinq ans de Sarkozy ? Une gauche protestataire, sans suite, qui ne se présenterait que pour témoigner, ne peut de toute façon pas gagner face au mécontentement que génère la politique de la droite : toutes les élections depuis 2003 le montrent, nationales comme partielles.

    Notre choix de candidature s’inscrit dans une actualité de crises profondes et à différentes échelles : celle du capitalisme mondialisé, celle des institutions politiques et plus généralement de toutes les formes d’interventions publiques, celle de la gauche enfin, et singulièrement des formes de son union. Rien n’a encore été inventé, de façon crédible et populaire, entre la démission sociale-libérale et la logique défensive des "deux gauches", sans avenir, qui continue à préférer le combat à la victoire. Entre le vote faussement utile et le vote sciemment inutile, l’intervention populaire doit encore trouver sa place. C’est bien cela que notre rassemblement essaie de faire.

    La décision que nous devons prendre n’est donc pas de notre seule responsabilité, à nous militants engagés dans le rassemblement. Elle ne peut être prise en fonction des seuls préalables partisans des uns et des autres, des vieilles rancoeurs, du primat "anti-gauche-plurielle" renvoyant tout à l’échec de 2002. Peut-il y avoir "une gauche de gauche" sans qu’elle fasse entrer l’idéal dans les buts concrets, et la lucidité dans la conduite des moyens ? Que doit faire la gauche, y compris élue, pour que l’aspiration majoritaire au rejet du libéralisme devienne politiquement majoritaire ? Comment créer les nouveaux lieux de pouvoirs pour relier mouvement social et changement tangible ?

    Je pense que notre candidat-e doit être celui ou celle qui porte toutes ces questions, qui porte cette ambition de rassemblement, cette volonté d’aboutir, ce message d’espoir collectif. Qui le porte collectivement. Qui le porte depuis longtemps.

    Il ne peut pas être issu de la LCR. Non pas parce que c’est un parti politique, ce qui pour faire de la politique ne me paraît pas un handicap. Mais parce que la LCR maintient encore une posture uniquement protestataire. Elle a désigné seule Besancenot comme candidat en dehors du rassemblement. Dans les faits, elle a montré en se déclarant unilatéralement qu’elle pense qu’aucune perspective de changement réel n’est possible en 2007. Ce n’est pas notre espoir.

    Ce candidat ne peut pas non plus ne représenter que lui-même. L’enjeu est trop grand pour un homme ou une femme providentiels. Les choix sont trop structurants pour qu’ils ne se fassent pas collectivement, pour que celui ou celle qui les porte ne soit pas lié profondément à notre rassemblement, engagé par un mandat commun. C’est une garantie de solidité, car des choix adoptés par des milliers ou dizaines de milliers de femmes et d’hommes résultent nécessairement des réflexions passées au crible de l’intelligence et de l’expérience collectives. C’est une garantie de stabilité. Et c’est une garantie de pérennité.

    A l’inverse de l’aventure individuelle ou du choix du repli, je suis convaincu que c’est Marie-George Buffet qui répond le mieux à ce qui peut nous faire gagner
     :

    - une candidature militante, collective, à l’opposée de la "peoplemania"
    une personnalité reconnue, femme engagée, courageuse, d’une élue de terrain.
    - une féministe de longue date
    - une femme engagée pour la dignité et les droits des migrants, la régularisation de tous les sans-papiers
    - une candidate ayant une stature d’une femme d’État ayant montré qu’elle ne reculait pas devant les pressions et le lobbying
    - la représentante d’un collectif militant de dizaines de milliers de membres, engagés sincèrement avec le rassemblement, dont la direction vient de voter à 80% le choix du rassemblement.
    - une femme pouvant s’appuyer sur un réseau de 13.000 élus locaux ou nationaux
    - elle a enfin déjà fait la démonstration dans les faits (référendum TCE, Régionales Ile-de-France) de sa capacité à jouer collectif, sincèrement

    Entre une gauche gestionnaire, prisonnière de son « réalisme » économique et idéologique, et une gauche protestataire antipolitique, vouant encore un peu plus les électeurs au désespoir, nous avons tous ensemble la responsabilité d’être le pôle de réussite sociale qui allie responsabilités de gestion et luttes sociales, propositions et perspectives, espoir et visée transformatrice. Cette responsabilité, c’est celle d’être la gauche constructive de demain.
    De mon point de vue, c’est bien Marie-George Buffet qui l’incarne le mieux.

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Tribune libre c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 245