Une tribune pour les luttes

Rétention et éloignement

Les effets dévastateurs de la politique du chiffre

Article mis en ligne le samedi 15 juillet 2006

Article extrait du site
http://www.assezdhumiliation.org
a visiter absolument !

Chaque année, plus de 30 000 étrangers sont enfermés en attente d’une expulsion, dans l’un des nombreux lieux de retention administrative qui quadrillent le territoire français. Ils n’ont pas commis d’autre délit que celui de ne pas avoir de titre de séjour en France.

Afin d’augmenter la proportion d’étrangers renvoyés, en 2003 le gouvernement a quasiment triplé la durée maximale de la rétention, passée de 12 à 32 jours. Il a également planifié un programme sans précédent de construction de centres de rétention, visant à plus que doubler le nombre de places en deux ans. A quel prix, non seulement financier, mais surtout humain ?

Près de la moitié des étrangers mis en rétention sont effectivement renvoyés du territoire. Les autres sortent libres mais restent sans-papiers et donc passibles à tout moment d’un retour en rétention administrative. Les causes du non-renvoi des étrangers sont connues : pas de délivrance de laissez-passer par les consulats des pays d’origine, erreurs de procédure, annulation des procédures par la justice, etc.

Ni l’allongement de la durée de rétention, ni la construction de nouveaux centres ne permettront de renvoyer tous les sans-papiers qui vivent en France. Le gouvernement cherche à donner un « signal fort » montrant qu’il « lutte efficacement » contre l’immigration irrégulière. Les centres de rétention sont ainsi devenus les instruments de gestion de l’immigration et de l’asile en France et en Europe. Les dégâts quant au respect de la dignité des personnes concernées sont considérables.

" Vols communautaires"

Depuis 2003, le ministre de l’intérieur a fixé à chaque préfecture un nombre de reconduites à la frontière à effectuer, révisé à la hausse chaque année. Pour atteindre ces « objectifs chiffrés », les services de police interpellent toujours plus d’étrangers dans des conditions inacceptables : arrestations au domicile, dans les écoles, convocations pièges dans les préfectures ! Ces opérations de police qui se transforment en rafles sont régulières. Des quartiers entiers sont bouclés et les personnes d’origine étrangère sont systématiquement contrôlées. Ces méthodes d’interpellation honteuses permettent le contrôle au faciès en toute impunité. S’ensuivent des charters appelés pudiquement « vols communautaires ».

Des centres, aux camps de rétention

Les effets cumulés de l’allongement de la durée de la rétention et de l’augmentation du nombre d’interpellations ont logiquement conduit à un engorgement du dispositif existant : les centres de rétention sont pleins en permanence.

Dès lors, un vaste programme immobilier de construction de nouveaux centres est en train de voir le jour. Aujourd’hui 22 centres de rétention, dont 3 outre-mer, et des centaines de locaux de rétention dans des commissariats de police sont utilisés. De nombreux centres se construisent un peu partout en France et d’autres s’étendent pour atteindre parfois des capacités supérieures au maximum réglementaire de 140 places. Il en est ainsi du centre de Paris-Vincennes qui devrait compter pas moins de 226 places dès le mois de juin 2006, et jusqu’à 280 places avant la fin de l’année.
On assiste à l’industrialisation du dispositif de renvoi forcé et à la déshumanisation des pratiques : les étrangers ne sont plus considérés comme des individus mais comme des chiffres.

Un enfermement scandaleux

Le placement d’enfants en rétention est particulièrement traumatisant pour leur équilibre psychologique et familial. Pourtant, les nouveaux centres seront pour la plupart équipés d’espaces « spécialement aménagés » pour les familles. Dans les centres de rétention transitent en effet aujourd’hui en grand nombre des personnes que l’administration n’y plaçait pas auparavant : personnes âgées, malades, familles avec enfants, futurs mariés interpellés parfois à quelques jours de leur mariage...

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