Une tribune pour les luttes

APPEL A LA VIGILANCE

Le M.O.M., Mémorial National de la France Outre-mer : Un outil idéologique ?

A l’initiative du MRAP, de SURVIE, de la LDH 13

Article mis en ligne le mercredi 20 septembre 2006

Ouvrir un Mémorial de la France Outre-mer à Marseille en 2007, n’est-ce pas tout simplement appliquer l’article 4 de la loi du 23 février 2005, pourtant abrogé ?

Un Mémorial National de la France Outre-mer devrait ouvrir ses portes à Marseille en février 2007, sur le site de l’exposition coloniale de 1906.

Le 20 juin 2005, le Conseil Municipal de Marseille a en effet demandé au Préfet de décider, pour l’Etat et en partenariat avec la Ville de Marseille, la création d’un établissement public pour la gestion du Mémorial National de la France d’Outre-mer dont les statuts ont été approuvés lors de la même séance.

Ce mémorial présenté à l’Assemblée nationale, le 10 mars 2004, au nom du Premier Ministre, témoigne d’une volonté très claire : il sera la concrétisation d’une loi de cohésion susceptible de marquer "la reconnaissance de la Nation pour l’oeuvre accomplie par des générations d’hommes et de femmes et pour leur contribution au rayonnement de la France". Projet identique à celui de la loi contestée du 23 février 2005 et de son article 4, célèbre pour avoir voulu institutionnaliser des mémoires, en orienter l’écriture (en place des historiens) et décider du contenu de l’enseignement aux jeunes générations.

Plusieurs questions et inquiétudes :

- Pourquoi ce nom de Mémorial, lieu de témoignage et de vigilance en réparation des vies perdues par les victimes de crimes publics ? Qui seront les victimes évoquées puisqu’il ne s’agit apparemment pas des peuples colonisés ? Pourquoi exclure de l’exposition permanente la voix de ceux qui peuvent témoigner de la dimension inhumaine du colonialisme ?
- L’équivoque entre Histoire et mémoires est-elle compatible avec un projet scientifique ?
- Valoriser la seule mémoire de "ceux qui sont partis outre mer pour démarrer une autre vie", n’est-ce pas en soi un ferment de division ? Pourquoi ne pas mettre en oeuvre un regard croisé et développer un fond pluriel ?
- Quelles garanties institutionnelles pour l’indépendance et le pluralisme nécessaires à la recherche trouve-t-on dans les statuts d’un établissement public dont le Conseil d’administration et le Conseil scientifique sont inféodés au politique ? Dix membres du CA sur seize relèvent de l’organe politique de la ville de Marseille et, sur treize membres du Conseil scientifique, qui a pour fonction "d’assister le directeur et le CA dans la définition de la politique scientifique de l’établissement", huit sont désignés par arrêté du Maire de Marseille, et aucun par l’Université ou le CNRS .
- Pourquoi l’Université, le CNRS, Les Archives nationales d’Outre-mer ne sont-ils pas associés au projet autrement que par la présence à titre individuel d’universitaires et de chercheurs au sein du conseil scientifique ? Le Mémorial, pourtant, a la prétention de "transmettre des connaissances aux élèves de tous niveaux par l’étude ciblée sur certaines périodes de l’histoire" ; "former les enseignants à cette période de l’histoire" et "contribuer à la réflexion sur les programmes scolaires et inviter les éditeurs à un travail de cohérence entre les programmes et les manuels publiés." (extraits des statuts)

Au moment où la France traverse une crise identitaire à propos de son mode d’intégration, un tel type de Mémorial présente tous les ingrédients idéologiques pour enflammer une nouvelle guerre des mémoires, bien éloignée de l’apaisement que pourrait apporter un projet différent où s’écrirait l’Histoire, toute l’Histoire, celle des colons et celle des colonisés.

Nous demandons aux Pouvoirs publics des réponses à ces questions et exigeons des garanties pour que ce lieu remplisse une véritable mission scientifique.

Signataires : Aix Solidarité, Amis de Païdos, Amis du Monde Diplo 13, ATTAC Marseille, Association populaire d’entraide, Ballon Rouge, Droit devant 13, FCPE 13, FSU 13, IACD, LCR, LDH 13, Le Mouvement de la Paix 13, MRAP, PCF 13, Ras l’front, SNES Marseille, Sud-étudiant 13, Sud-Education 13, Survie.

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Vos commentaires

  • Le 4 juin 2007 à 22:40, par bothan En réponse à : Le M.O.M., Mémorial National de la France Outre-mer : Un outil idéologique ?

    En tant que fil de rapatrié, j’approuve ce projet malheureusement mis en sommeil pour de sombres raisons politiques. En quoi montrer les bonnes choses d’une période de notre histoire est si dangeureux ? Les habitants de souche européenne ne sont pas les barbares tortionnaires que l’on (vous) prend (prennez) tant plaisir à décrire et décrier : ces gens vivaient en paix avec les autochtones, ils vivaient ensemble sur cette terre qui les a vu naitre à tous.
    Il est temps de faire la différence entre le pouvoir metropolitain qui a dénigré, rejeté et réprimé les autochtones (et européens durant la guerre d’Algérie) et les peuples.
    La France a reconnu (enfin !) ses actions, en tant qu’Etat, durant la colonisation, il est tant que l’on honore ceux qui ont vécu, développé, aimé ces terres lointaines.
    Que ce memorial soit un lieu de partage des cultures des peuples et pas la glorification de la domination d’une nation sur une terre.

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