Une tribune pour les luttes

Mairie du 13/14ème (72 r Paul Coxe 13014 MARSEILLE)

25 novembre 2006
Parrainage citoyen départemental

sous l’égide du maire du 13/14ème Arrondissement de Marseille

Article mis en ligne le mardi 10 octobre 2006

Depliant parrainage 7 octobre recto
Depliant parrainage 7 octobre verso

Vous trouverez ci-dessous et en texte joint le dépliant informatif distribué à la réunion RESF du samedi 7 octobre à la Fac Saint Charles.


Ils ont grandi ici, ils sont d’ici !

Nous les prenons
sous notre protection

De nombreux jeunes scolarisés sont aujourd’hui menacés.
Ce sont nos élèves, les copains de nos enfants, nos voisins. Nés ici ou ailleurs, eux et/ou leurs parents ont été contraints à l’exil par la guerre, la répression ou simplement la misère. Certains sont venus rejoindre leur famille, d’autres sont arrivés avec elle, certains enfin n’ont plus personne.

Mais tous ont un point commun : la France leur refuse le droit de séjourner sur son sol, d’y trouver asile, d’y étudier, d’y mener une vie personnelle et familiale normale, celle de tous les autres jeunes, dans les classes ou dans les quartiers.

Aujourd’hui, ils ont peur, leurs parents vivent dans l’angoisse. Demain, ils peuvent être embarqués de force, menottés sur un siège d’avion, vers un pays qu’ils ne connaissent pas ou trop bien. Et c’en sera fini de leurs amours, de leurs rêves, de leurs projets ...

Face à une politique qui fait de l’immigration un « problème », de l’étranger un bouc émissaire, du sans papier un sans droits, exploitable ou expulsable à volonté, nous faisons le choix de l’accueil et de la solidarité, le choix de la lutte commune pour une société plus juste, riche de ses diversités.

Merci d’être avec nous pour nous y aider.

RESF 13

06 31 32 48 65
resf13 chez no-log.org
www.educationsansfrontieres.org


Quel est le sens de ce parrainage ?

De nombreuses mairies ont déjà ouvert leurs portes et procédé à des baptêmes républicains ou à des parrainages. Face à une menace qui touche des centaines de jeunes et de familles dans les Bouches du Rhône, il est temps de prendre nos responsabilités et de tout faire pour les protéger, quelle que soit leur commune de résidence, en systématisant ces initiatives.

Le parrainage citoyen des Bouches du Rhône, organisé sous l’égide du maire des 13/14ème arrondissement de Marseille, avec des organisations associatives, syndicales et politiques de gauche et RESF ainsi que nombre de citoyens marseillais, répond à l’appel du Réseau Education Sans Frontières, en cohérence avec la pétition nationale « Nous les prenons sous notre protection » signé par de nombreuses personnalités et déjà plus de 123 000 citoyens.

Il est aussi un acte de résistance et de solidarité à un moment où la volonté du gouvernement est d’aggraver la répression et l’exclusion des sans papiers, mais aussi l’exploitation et la précarisation de tous les travailleurs.

Il est enfin une façon d’exprimer une volonté de mieux « vivre ensemble » dans ce département où la diversité des origines et des cultures est un atout pour l’avenir.

Quels sont les parrains ?

Le Maire préside la cérémonie. Il est, à titre symbolique, signataire de l’attestation de parrainage remise à tous les parrainés.

Chaque jeune (ou famille) parrainé a un ou plusieurs parrains ou marraines qui peuvent être un(e) élu(e) du département, un(e) professeur ou un(e) parent d’élève de son établissement scolaire ou un(e) citoyen(ne) solidaire. Les parrains assistent au parrainage et signent l’attestation en y portant leur nom.

Le jeune (ou famille) peut également être parrainé par une organisation (associative, syndicale, politique...) ou un établissement scolaire.

Quels sont les engagements pris ?

L’engagement de la Mairie du 13/14ème, du RESF, des organisations soutenant cette initiative et celui des parrains individuels, sera double :

- Tout faire pour protéger le(s) parrainé(s) en cas d’interpellation et/ou de reconduite à la frontière. Se mobiliser avec toutes les forces disponibles (organisations, élus, communauté éducative, parrains, etc) pour obtenir du préfet un réexamen de la situation et une décision favorable. Les parrains (individus, écoles ou organisations) s’engagent donc à toujours laisser un contact à joindre en cas d’urgence.

- Agir à plus long terme pour la régularisation, c’est-à-dire pour le droit au séjour de ces jeunes et de leurs familles, avec un titre stable (« vie privée et familiale »ou « résident »), le seul qui leur permette de construire leur avenir.

  • C’est donc un engagement militant et symbolique, qui n’implique pas de prise en charge matérielle ou financière, même si chacun reste libre de ses engagements personnels.
  • Nous espérons également que les parrains seront partie prenante d’une action pour imposer la régularisation des sans papiers et une législation plus ouverte et plus respectueuse des Droits de l’Homme et du droit d’asile vis-à-vis des étrangers en France.

Juin 2004 : le sursaut

Le 26 juin 2004, à la fin d’une année scolaire où pour la première fois des policiers viennent chercher des élèves dans des établissements, un grand nombre d’organisations et de citoyens solidaires depuis des années des résidents sans titres de séjour, les « Sans Papiers », fondent le RESF : Réseau Education Sans Frontières.

Pendant un an ce collectif d’associations, de syndicats et de militants politiques de gauche se développe. Il empêche quelques expulsions, cache des élèves ou des parents, arrache des régularisations...

A la rentrée 2005, le RESF13 se crée. Tout au long de l’année scolaire, le réseau s’étend s’étend dans les Bouches du Rhône. Nationalement ce sont des structures RESF ou s’en revendiquant dans la moitié des départements qui existent.

31 octobre 2005 : un sursis arraché par la lutte

L’opinion s’émeut du sort d’élèves ou de parents tel que Guy Effeye, arraché à l’avion qui l’emmenait loin de sa compagne et de son fils, grâce à la mobilisation de son lycée, ou de celui de Rachel et Jonathan, adolescents obligés de fuir et de se cacher pour sauver leur mère et leurs jeunes sœurs d’une reconduite à la frontière vers un pays où la guerre civile a fait trois millions de morts depuis 8 ans.

Le ministre de l’Intérieur avait dû alors concéder une circulaire, une sorte de moratoire plus ou moins bien respecté, qui a plus ou moins protégé les jeunes et les familles jusqu’à la fin de l’année scolaire. C’est la circulaire du 31 octobre 2005.

Eté 2006 : alerte rouge

Ce sont des centaines et des centaines de Rachel et Jonathan qu’il s’agit de préserver d’une expulsion d’ores et déjà programmée. RESF s’y prépare : plus de 100 000 signatures « nous les prenons sous notre protection », des cérémonies de parrainages un peu partout en France, dont la plus grande (400 parrainages) à la Mairie du 15/16ème arrdt de Marseille, une campagne d’affichage « pas une chaise vide à le rentrée », des veilles d’été avec numéros d’urgence.

Avec le collectif Uni(e)s Contre Une Immigration Jetable, RESF organise également de nombreuses manifestations contre la loi Sarkozy durcissant le CESEDA. Et il est bien sûr partie prenante des hommes et des femmes du Collectif Sans Papiers 13 qui occupent pendant deux mois les ex-locaux de la Maison de l’Etranger puis du Mistral à Marseille.

Une victoire relative : la circulaire du 13 juin 2006

La mobilisation initiée par les professeurs, les parents d’élèves, les organisations du RESF rencontre un large écho dans l’opinion. Si bien que Sarkozy doit finalement reculer sur ces plans estivaux et lâche même une circulaire de régularisation pour les parents ayant un enfant scolarisé, arrivés depuis au moins deux ans en France.

Personne n’est dupe, ce recul bon à prendre est aussi une manœuvre stratégique. Cela n’entame pas la vigilance de RESF durant l’été 2006. Du reste les jeux sont fait à l’avance : dès juillet, un mois avant la fin des dépôts de demande de titre de séjour, Sarkozy annonce d’ores et déjà le nombre final de dossiers régularisés.

Le 18 août, cinq jour après la date limite des dépôts, un nouveau fichier des sans papiers (à jour désormais !) mais aussi des personnes les hébergeant si elles sont assignées à résidence ainsi que les visiteurs dans les centres de rétention.


La rentrée scolaire de septembre 2006

L’heure est aux bilans.

Les réseaux de veille RESF ont parfaitement fonctionné. Les familles sans papiers sont restées en contact d’une manière ou d’une autre avec leurs parrains et marraines. Dans les Bouches du Rhône, aucune chaise vide n’est à déplorer et en France seules une dizaines d’expulsions ont malheureusement eu lieu, dont la dernière, celle de Jeff qui paye de sa personne à cause de la cupidité électorale d’un candidat trop pressé, peu regardant sur les moyens, marchant dans les plates bandes de l’extrême droite.

Du côté de la circulaire, pas de surprise : 80% de perdants au loto Sarko. La préfecture des Bouches du Rhône a parfaitement respecté le quota national : 250 régularisations annoncées sur 1195 dossiers déposés, soit 20,9%.

Mais du côté des familles, des jeunes sans papiers, c’est l’angoisse et la colère. L’impression juste d’avoir été trompé, piégé.

Heureusement la rentrée scolaire est là. On se retrouve, tous ensemble, avec les copains, les parrains, les autres parents d’élèves... Des pleurs... des joies aussi parfois à l’annonce d’une famille régularisée.
Et puis rapidement la solidarité active qui reprend. L’aide pour constituer un recours gracieux, des rassemblements devant la Préfecture, des expulsions mise en échec...

Et maintenant ?...

Si, depuis cette rentrée, nous avons contribuer à empêcher les expulsions de Djallal (étudiant algérien), d’Enping (mère d’élève chinoise) et pour l’instant celle de Assoumani AMIR (père comorien de 6 enfants), nous ne pouvons nous satisfaire d’être toujours sur la défensive.

Le risque est l’épuisement et la démoralisation malgré les réussites.

Pour développer de nouvelles stratégies d’action, le Réseau Education Sans Frontières a besoin de s’étendre.
Dans chaque école, collège et lycée où des jeunes sont menacés d’expulsion, un collectif RESF d’établissement, voire de quartier, identifiable doit être présent. Par les moyens de communication mis en œuvre par RESF, la mobilisation d’un de ces collectif doit entraîner une réaction en chaîne visant à amplifier l’action locale d’une école, d’un collège, d’un lycée, d’une fac...

Le contexte politique

Aujourd’hui, un mois après la rentrée il était important que nous nous rassemblions tous ensemble pour échanger et prévoir la suite de notre mobilisation commune afin de continuer de porter dans l’opinion notre objectif de voir tous les jeunes, toutes les familles sans papiers régularisés. Sans oublier les célibataires dont RESF est bien sûr également solidaires.

Il faut clairement poser la question d’une régularisation massive de tous les sans papiers, telle qu’elle a pu avoir lieu récemment en Espagne ou en Italie. Plus généralement les questions des migrations, des immigrés vivant en France avec les mêmes droits que les Français doivent être sérieusement abordées, sans tabous ni promesses démagogiques sans lendemain.

C’est donc avant tout d’un débat politique. A la veille d’une campagne présidentielle, dont l’issue pourrait s’avérer dramatique pour les citoyens étrangers et les Sans Papiers en particulier, et parce que nous ne voulons pas que ce fantastique outil que constitue RESF ne serve qu’à l’urgence de la lutte anti-expulsion, nous avons d’ores et déjà prévu d’interpeller publiquement dans les semaines qui viennent les candidats de gauche et leur relais sur ces questions.

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