17 h au local du CIRA, 3 rue Saint-Dominique, 13001 (angle Place des Capucines)
17 h au local du CIRA, 3 rue Saint-Dominique, 13001 (angle Place des Capucines)
La Belle-Epoque est bien souvent désignée comme "l’âge d’or" de l’anarchisme. Seulement, cet âge d’or est généralement associé au seul anarcho-syndicalisme. Or, au sein de l’anarchisme français, il a toujours existé deux courants. L’un plus "officiel", mieux connu par l’histoire, composé par les théoriciens et les syndicalistes. L’autre, négligé mais pas pour autant négligeable, avec ses pratiques et journaux distincts et ses défenseurs, et exerçant une influence sur la façon de penser et de se comporter dans les milieux anarchistes. Il s’agit - pour le dire vite - de la tendance individualiste. Les anarchistes qui s’en réclament placent l’individu, son autonomie, sa liberté au coeur de leurs réflexions. Les discussions font rage entre ceux qui prétendent que sans révolution il ne peut y avoir d’émancipation et les autres persuadés qu’une hypothétique révolution ne modifiera rien si les individus eux-mêmes ne changent pas. Pour ces anarchistes-individualistes, l’éducation est donc une donnée primordiale. Plus encore, ils considèrent qu’il faut dès maintenant vivre tel qu’ils l’entendent, vivre leur révolte au quotidien sans attendre le "Grand Soir".
C’est ainsi, qu’apparaissent, les "milieux libres", milieux de vie en commun qui doivent permettre à chacun et chacune de se libérer du salariat, du patriarcat, de la famille, etc. Un milieu libre regroupe quelques individus, entre cinq et vingt le plus souvent, qui s’efforcent de vivre ensemble et autrement. En France, une dizaine d’expériences verront le jour impliquant plusieurs centaines d’hommes, de femmes et d’enfants et différents journaux comme Le Libertaire, L’Anarchie ou encore L’ère Nouvelle. Ils/elles réfléchissent et expérimentent des idées et pratiques variées qui témoignent de cette envie de "vivre en anarchiste" : éducation libertaire, camaraderie amoureuse, réduction des besoins, agriculture, artisanat, végétalisme, illégalisme, propagande par le fait et par l’écrit, etc. Avec la volonté de vivre de façon autonome (vis-à-vis du salariat et de l’État), de s’éduquer en permanence (tuer en soi l’autorité intériorisé...) et de poursuivre la propagande anarchiste de façon beaucoup plus efficace.
Les milieux libres anarchistes en France au début du 20ème siècle par Céline Beaudet. Saint-Georges-d’Oléron : éditions Libertaires, 2006. 360 p. 15 euros.