20 h 15 à la Fac de Lettres - amphi F à Aix
20 h 15 à la Fac de Lettres - amphi F à Aix
avec
Christian BRUSCHI, avocat et professeur de Droit
Vincent GEISSER, chercheur à l’IREMAM
Tariq RAMADAN, intellectuel musulman
avec Radio Zinzine Aix 88.1
Depuis quelques mois, médias, hommes politiques et idéologues de tous bords s’agitent sur un grand débat
de société qui semble s’imposer au pays : la laïcité ; à travers elle, la République elle-même serait en
danger.
Citoyens naïfs et toujours en retard sur les réflexions de nos élites, nous aurions pu penser que des
problèmes plus graves affectaient le pays : le chômage grandissant, la délocalisation d’entreprises, l’adieu
aux acquis sociaux, le délabrement insidieux du système de santé, voire les inquiétudes suscitées par un
système sécuritaire routier automatisé…
Dès lors un tel débat paraît bien plus imposé que relevant d’une urgence pertinente.
D’autant qu’il s’accompagne d’une dose d’amalgames et de parti pris, non dénué d’arrière-pensées. A
l’évidence, le groupe musulman est ciblé comme problème principal, et les « raisonnements » s’emballent
parfois aisément, par exemple pour mettre un signe d’égalité entre foulard, oppression des femmes et
terrorisme.
Le fameux « choc des civilisations » cher aux faucons du Pentagone trouverait-il là son expression ?
Rappelons-nous que M. Bush et ses amis dans le monde avaient enrôlé d’office dans leur cause, en son
temps, les femmes afghanes. Depuis fort peu, pour ne pas dire rien, n’a été fait pour leur émancipation.
Comme quoi une bonne cause peut en cacher de moins bonnes, et des motivations très diverses et
contradictoires se masquer derrière de beaux principes.
En outre, dans ce concert de proclamations laïques se glissent de surprenantes incohérences. Que penser
de ce débat surréaliste sur la mixité qu’il faudrait supprimer à l’école ? Faudrait-il chasser les foulards pour y
installer la politique des ayatollahs ?
Les autres groupes religieux deviennent eux aussi perplexes, car ils pressentent que certains confondent
laïcité et croisade antireligieuse. Les non croyants aussi se demandent de quels signes ostentatoires ils
pourraient être accusés.
Ainsi, en ce début du 21e siècle, dans une France où le sentiment et la pratique religieuse ont largement
reculé, le grand débat qui s’instaure - peut-être pour nous détourner de problèmes plus urgents - devient
obscur et non sans danger pour la paix civile.
Il est donc utile de discuter de cette question, dans la plus grande sérénité et en la replaçant dans une
perspective historique.