Une tribune pour les luttes

Sous les barils, la crise...

Et toi, le Darfour, c’est ton business ?

Au moment où le Premier ministre M. De Villepin part au Tchad afin de témoigner de sa préoccupation au sujet de la crise du Darfour et de son extension au Tchad, on ne peut qu’être surpris de la tenue à Paris d’un séminaire sur les opportunités d’affaires des entreprises françaises au Soudan

Article mis en ligne le mercredi 29 novembre 2006

Amnesty International se félicite de la visite du premier ministre français au Tchad et espère que la question de la protection des populations de l’est du Tchad, du Darfour et maintenant de la Centrafrique sera au cœur de ses rencontres prévues avec les dirigeants tchadiens, les membres de la société civile ainsi que les entrepreneurs.

Coïncidence ? Un séminaire intitulé « Le Soudan : un marché à découvrir » est prévu la veille de son départ pour le Tchad. Une rencontre co-organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, la Chambre de Commerce franco-arabe et la Maison de l’Afrique avec le soutien de Total et avec la participation du chargé des affaires économiques de l’ambassade de France a en effet lieu à Paris le 29 novembre 2006 en présence du ministre soudanais de l’énergie et des mines ainsi que du ministre de l’investissement.

Loin de nous l’idée d’empêcher les relations économiques et commerciales entre le Soudan et la France ; cependant tenir un tel séminaire comme si de rien n’était, comme si la guerre au Darfour n’existait pas comme si on ignorait les dizaines de milliers de victimes : femmes violées, enfants assassinés, et les milliers de déplacés, est-ce l’urgence dans un pays où la communauté internationale -et spécialement la France- cherche à mettre un terme aux crimes contre l’humanité dont sont victimes les populations de la région depuis plus de trois ans, notamment en permettant le déploiement sur le terrain d’une force de maintien de la paix efficace ?

Sous les barils, la crise...

On estime à plus de 400000 barils par jour la production pétrolière totale du Soudan et à près de19 millions d’euros par jour la recette des revenus pétroliers pour le Soudan. Or, cette richesse pétrolière n’a pas encore profité au peuple soudanais et elle contribue au contraire à enrichir les dirigeants.

Le commerce avec le Soudan ne doit pas ignorer les crimes contre l’humanité qui se commettent envers les populations civiles ; au Darfour notamment, la situation est particulièrement préoccupante. Les Janjawids, milice armée, financée et soutenue par le gouvernement soudanais s’attaquent librement aux villages, commettent des homicides, des viols, des enlèvements, détruisent des habitations et d’autres biens, y compris des sources d’eau, volent le bétail. A ce jour, plus de 85 000 personnes ont été tuées, environ 200 000 autres sont mortes de faim ou de maladie en raison de ce conflit et plus de deux millions ont été déplacées.

Combien de morts faudra-t-il encore pour qu’au-delà des accords commerciaux, un accord permettant de garantir efficacement la protection des populations civiles soit signé ?

Amnesty International prie les organisateurs du séminaire « Le Soudan, un marché à découvrir » de s’engager clairement à ce que les investissements, la coopération et le développement des richesses servent à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels du peuple soudanais.

Amnesty International prie en outre instamment le gouvernement français de veiller à ce que les sociétés françaises qui investissent au Soudan soient à la hauteur de leurs responsabilités en matière de droits humains.

Amnesty International espère qu’à la fois la visite de M. De Villepin au Tchad et la tenue de ce séminaire à Paris seront l’occasion d’engagements fermes en matière de protection des droits humains de la population du Darfour et de l’est du Tchad, première victime d’un conflit qui menace de déstabiliser la sous-région.

Contact : Frédérique Lellouche
Coordinatrice Crise Darfour
Amnesty International France
mail : afrest chez amnesty.fr

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