Une tribune pour les luttes

lors de la manifestation de solidarité avec la famille et les proches de Kazim Kustul

Message de L’UCIJ

(Intervention de Jean-Pierre Cavalié)

Article mis en ligne le lundi 11 décembre 2006

10 décembre 2006 à Marseille

Je m’exprime ici au nom du collectif “Unis contre l’immigration jetable”, regroupant sur le département au moins 53 organismes, associations, syndicats et partis. Nous voulons tout d’abord exprimer à la famille et aux proches de Kazim toute notre sympathie et notre indignation pour ce qu’il s’est passé, car mourir pour de simples papiers est une abération. Nous voulons également dire notre sympathie au jeune Ertan qui se trouvait dans la même chambre que Kazim et qui est très traumatisé par cette disparition violente ; il est aujourd’hui assigné à résidence dans sa famille à côté d’Avignon.

Nous pensons à toutes les personnes et les familles victimes de cette politique arbitraire, injuste et violente de reconduite à la frontière et parfois de reconduite vers la répression, la misère, voire la mort possible comme dans le cas de la famille Raba, déboutée d’asile et renvoyée avec ses trois enfants au Kosovo par avion militaire, alors que que 7 membres de cette même famille ont le statut de réfugié.


La politique actuelle d’enfermement et de reconduite à la frontières est parfaitement légale, mais elle est, à nos yeux, illégitime, car elle bafoue les droits humains ; car le droit à une vie digne ne peut s’arrêter aux frontières nationales ou même européennes. Nous nous voulons défenseurs des Droits humains, c’est pourquoi nous appelons à la désobéissance civique, tous les citoyens en tant que tels, quelle que soit leur fonction dans la société, quand il s’agit de s’opposer à des lois inhumaine.

Car, ne nous y trompons pas, le soit-disant contrôle des frontières n’a pas pour fonction de nous protéger d’une invasion étrangère, invasion fantasmatique qui n’a pas lieu et qui n’aura pas lieu. D’ailleurs, rappelez-vous, quand les frontières étaient ouvertes, c’est-à-dire avant 1974, c’est la France qui allait les chercher pour travailler dans nos manufactures, nos mines, nos usines, nos chantiers, nos champs.

Aujourd’hui, la fermeture des frontières sert à fabriquer administrativement et artificiellement des travailleurs sans droits, travailleurs flexibles soumis à la flexibilité économique.

L’exigence des papiers, introduite en France en 1917 pour les étrangers et étendus à l’ensemble de la population française sous le régime d’extrême droite de Vichy en 1940, sert à contrôler toute la population, plus qu’à la protéger.

Le nouveau code concernant les étrangers, dit CESEDA, est entièrement inspiré par une idéologie utilitariste et sécuritaire qui porte atteinte tant à la démocratie qu’aux droits de l’Homme.


A nos yeux, le “bon” citoyen est celui ou celle qui défend les Droits humains et non l’exécutant aveugle et irréfléchi des lois, car même les régimes autoritaires, voire dictatoriaux prennent soin de faire voter des lois qui les servent. Et le domaine de ce que l’on appelle à tort le « droit » des étrangers, tellement ce soit-disant “droit” a été remplacé par l’arbitraire, est tout particulièrement concerné par le devoir d’insoumission civile et civique.

C’est pourquoi, depuis 1980, certains d’entre nous se battent aux côtés des “sans papiers” et notamment, à partir de 1986, dans les divers comités des sans papiers dont un est né à Marseille en 1993. Plus récemment, en juin 2004, le Réseau Education Sans Frontières a vu le jour, comme un sursaut de conscience morale et de résistance, au nom tout particulièrement des Droits de l’Enfant dont la France a signé et ratifié la convention des Nations Unies de 1989, mais dont les lois actuelles bafouent les principes fondamentaux.

Voilà une année, est né le plus grand collectif jamais réalisé autour de la solidarité avec les étrangers et contre le nouveau code qui les concerne, le CESEDA : le collectif UCIJ, “Unis contre l’immigration jetable” dont l’appel a été signé à ce jour par 104.100 signatures individuelles et 815 organismes, associations, syndicats ou partis.

Nous devons continuer à rester unis pour obtenir la mise en place d’une politique de l’immigration radicalement nouvelle et basée sur le respect absolu des personnes, et l’équité et la solidarité dans les rapports entre les peuple.

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