Une tribune pour les luttes

Second rapport du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) : il est urgent d’agir !

Article mis en ligne le samedi 7 avril 2007

Suite à la publication du dernier rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat) portant sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité liés aux changements climatiques Greenpeace demande aux décideurs politiques et économiques de tout mettre en œuvre pour limiter les impacts catastrophiques prévus pour les prochaines décennies.

« Même si ce rapport prévoit un futur apocalyptique pour notre planète, il n’est pas trop tard pour agir, les solutions existent ! Si nous n’agissons pas rapidement, avec fermeté et rigueur, il n’y aura bientôt aucune terre hospitalière où se réfugier. Le fatalisme est injustifiable et l’inaction serait criminelle » explique Karine Gavand, chargée de campagne Climat.

Ce second rapport, adopté à l’issue d’une session marathon de 24 heures devenue de plus en plus politique et déclenchant la colère des scientifiques*, documente les effets déjà observés de la montée des températures sur les écosystèmes et les activités humaines et évalue les changements induits par les changements climatiques provoqués par l’homme d’ici à la fin de ce siècle.

Les changements climatiques affectent déjà des millions de personnes et espèces dans toutes les régions du monde. A moins que des mesures immédiates soient prises dès maintenant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, leur impact sera probablement encore plus lourd et nuisible dans les décennies à venir : des extinctions massives d’espèces, des milliards de personnes confrontées au stress hydrique, de plus en plus de sècheresses, l’augmentation du niveau des mers, la croissance des tempêtes et des crues, plus de famines et de misère causées par la réduction des capacités de production alimentaire dans les régions les plus pauvres du monde.

« Nous devons très vite au niveau mondial entamer la révolution énergétique qui changera en profondeur nos systèmes énergétiques, créera une économie sobre en carbone, permettra de réduire les émissions de gaz a effet de serre à un niveau permettant de maintenir la hausse moyenne des températures globales en deça de 2 degrés Celsius et ainsi d’éviter les pires impacts du réchauffement climatique », poursuit Karine Gavand.

Le 25 janvier dernier, Greenpeace a publié un Scénario global qui prouve qu’il est possible de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2050, en tenant compte de l’augmentation de la consommation énergétique et la croissance économique et démographique. Fondé sur la sobriété énergétique et les énergies renouvelables, cette ” révolution ” écarte les fausses solutions comme le nucléaire, le charbon prétendument ” propre ” ou encore la capture et séquestration de carbone.

Dans ce scénario, les émissions mondiales atteignent leur maximum au plus tard en 2020 pour décroître ensuite rapidement de 50% d’ici le milieu de ce siècle par rapport à leurs niveaux de 1990. Les gouvernements doivent entamer les négociations autour de ces objectifs à l’occasion du Sommet ministériel sur le climat de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques qui se tiendra à Bali fin novembre et doivent assurer l’avenir du Protocole de Kyoto.

« A l’heure où l’écologie et tout particulièrement le réchauffement climatique sont au cœur du débat de la campagne électorale, nous attentons toujours des engagements extrêmement forts et concrets des candidats à la présidentielle. Certains candidats ne peuvent prétendre lutter contre réchauffement climatique et soutenir le projet de réacteur nucléaire EPR, une technologie coûteuse, inutile, dépassée et dangereuse, et qui bloque le développement d’une politique énergétique alternative ambitieuse et créatrice d’emplois » déplore Yannick Jadot, directeur des campagnes.

* La colère des scientifiques

Cette nuit, après 22 heures de négociations, l’Arabie Saoudite, la Chine et la Russie ont saccagé une donnée clef du rapport du GIEC sur les impacts, en enlevant d’un tableau un graphique sur les effets des émissions des combustibles fossiles sur les changements climatiques. Cette manœuvre a été décrite comme un « acte de vandalisme scientifique » lors d’une déclaration chargée d’émotion d’un climatologue de renom face à la plénière. Sans ce graphique, il manque des données à ce tableau pour déterminer à quel moment les impacts prévus se produiront.

La Chine et l’Arabie saoudite ont également forcé à l’affaiblissement d’un résultat clef sur les effets du réchauffement climatique récent sur les systèmes naturels.

Le résultat original était :

« Sur la base des preuves observées sur tous les continents et la majorité des océans, il est [très] probable que de nombreux systèmes naturels soient affectés par les changements climatiques régionaux, particulièrement par les augmentations des températures ». La Chine et l’Arabie Saoudite ont insisté pour enlever le [très], bien que la probabilité de ce résultat soit de plus de 99,9%.

Une conclusion édulcorée a été adoptée malgré les objections scientifiques fondamentales exprimées par les auteurs du rapport du GIEC.

Greenpeace a déclaré qu’il s’agissait d’une première dans l’histoire du GIEC depuis 1988 et qu’elle traduisait une évolution dangereuse et préjudiciable.

Les résultats principaux de ce deuxième rapport du Giec sont :

Les changements climatiques risquent de provoquer une extinction massive d’espèces dans les prochaines 60-70 années.

Stress hydrique

Au cours des prochaines décennies, le nombre de personnes menacées par le stress hydrique risque de passer de quelques dizaines de millions à plusieurs milliards. Une baisse progressive de la disponibilité en eau potable en Inde et dans d’autres régions de l’Asie et de l’Afrique est prévue : les parties du monde les plus pauvres seront les plus durement touchées mais les pays riches comme l’Australie et l’Europe du Sud seront aussi en première ligne.

Le retrait des glaciers d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe entraînera des problèmes majeurs d’approvisionnement en eau pour une large portion de la population mondiale, tandis que les populations vivant dans les zones montagneuses seront sous la menace croissante de crues subites des lacs glaciaires.

Baisse des capacités de production alimentaire

Dans les parties les plus pauvres du monde, une baisse des capacités de production alimentaire est prévue et provoquera davantage de famines et de misère. Il est probable que dans les prochaines décennies, nous assistions à une baisse de la production de blé, de maïs et de riz en Inde et en Chine.

Les risques croissants de sécheresse et de stress hydriques vont probablement mener à un problème croissant de famines et de déplacement de populations en Afrique dans les prochaines décennies.

La montée des eaux

Un nombre considérable de personnes seront en danger du fait de la montée des eaux, des marées, des tempêtes et des crues dans les régions deltaïques de l’Asie comme celle du Gange-Bhramaputre (Bengladesh) et du Zhujiang (Pearl River).

Un réchauffement d’un degré supplémentaire nous engagerait vers une montée du niveau des mers de plusieurs mètres au cours des prochains siècles, provoquée par la fonte partielle ou totale des calottes groenlandaises et antarctiques. Les émissions des décennies à venir pourraient engendrer et déclencher un bouleversement considérable des côtes.

Source :
http://www.greenpeace.org/france/news/20070406-second-rapport-du-giec

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