Une tribune pour les luttes

En ce moment à Naplouse

C’est l’humanité qu’on assassine

Témoignages de MYRIAM

Article mis en ligne le lundi 5 janvier 2004

Vendredi 2 janvier :

Bonjour a tous

Petit message depuis le camps de réfugiés de balata ou je me trouve.
Le couvre feu qui a duré près de 20 jours a été levé depuis trois jours.
Ça fait trois jours successifs que le camp n’est plus sous couvre feu, l’armée fait de brèves apparitions la nuit dans le camps.
Les gens commencent à souffler après ce long enfer, les associations et organisations humanitaires ont pu distribuer de la nourriture.
j ai discuté avec un bénévole qui m a décrit la situation alimentaire du camp, il emploie le mot famine pour certaines familles qui n avaient plus à manger depuis 12 jours.
Ici on a besoin de pain et de paix.
la ville de Naplouse est complètement sous couvre feu, l armée détruit depuis trois jours.
Le village de Yanoun se porte bien.

Pour les internationaux ici c’est très difficile, impossible de passer un check point, le seul accès a des villes comme Naplouse et Qalquilya, c est la montagne.
il me faut presque une journée pour arriver à Naplouse à partir de Ouara, c est à dire à partir du moment où il y a un check point et que je dois le contourner comme beaucoup de Palestiniens.
10 km est la distance entre Yanoun et Naplouse, à partir de Ouara, c est à pied qu’on se rend à Naplouse.
Les passeports français ne sont pas les bienvenues, l’armée est là pour nous le rappeler.

Je suis en ce moment dans un cyber café de Balata avec des amis palestiniens qui eux chat, ils travaillent normalement avec la police palestinienne de Naplouse, mais en ce moment Naplouse et bouclée, on passe le temps comme on peut.
Moi, je souffle également avec eux , je suis pour le moment une internationale passive.

A bientôt, merci pour vos appels et votre soutien.
Bonne année


Dimanche 4 :

Bonsoir a tous,
je suis toujours dans le camps de réfugiés de Balata,
Le camps n’est plus sous couvre feu, mais c’est au tour de la ville de Naplouse depuis plusieurs jours.
A Naplouse, les soldats israéliens détruisent les maisons, les routes, tuent des enfants et occupent la ville et les maisons.
J’ai passé la journée dans la vieille ville de Naplouse qui est complètement sous couvre feu, j’ai accompagné le docteur L. et l’ambulancier M. Nous avons pu entrer dans les maisons que les soldats occupent, nous avons distribué médicaments et nourritures.
C’est après une longue discussion avec les soldats qu’ils m’ont laissé entrer dans les maisons avec le personnel médical.
Les familles sont enfermées dans une pièce, sans eau, ni nourriture depuis 4 jours.
Aujourd’hui c’est un succès, ces familles ont pu bénéficier de notre aide.
Dans une maison, il y avait juste une petite fille de neuf ans, qui ne voulait ni à manger ni être soignée, mais juste que les soldats laissent la lumière allumée, le noir la terrorisait.
Les soldats m ont promis de le faire, je me force à croire qu’ils le feront.
Les internationaux sont rares et les soldats sont de plus en plus nombreux à Naplouse.
4 enfants ont été tués hier.
Je salue le courage des ambulanciers et du personnel médical.

Balata, 4 janvier, Myriam


Voici un nouveau mail de Myriam :

Naplouse, le 06 / 01

Journée paisible aujourd’hui, l’armée a quitté la ville cette nuit,
ça a été l occasion pour les équipes d’ambulanciers et moi d’aller retrouver les familles qui étaient enfermées ou tenues en otage dans les maisons par les soldats israéliens.

Journée très émouvante et très difficile ; nous avons constaté les énormes dégats commis par l’armée, nous avons enterrés les morts.

J’ai retrouvé la petite Esma qui était enfermée seule dans une pièce et dans le noir, les soldats lui ont permis d’utiliser la veilleuse que je lui avais apportée. Aujourd’hui, elle a le sourire, elle ne pleure plus.

Difficile aujourd’hui de quitter les équipes d’ambulanciers avec qui j’ai passé tant de temps.

L’armée est réapparue à 17 h , est-ce que le cauchemar va recommencer ? Moi je ne le revivrai pas, je quitte le pays samedi.

Encore une fois, je salue le courage des médecins et équipes d ambulanciers qui sous couvre-feu et sous les tirs des M16 n’hésitent pas à aller aider les gens, à leur apporter de la nourriture des médicaments...

Hommages au Croissant rouge palestinien.

Myriam

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