Une tribune pour les luttes

Croisement idéologique droite-gauche

Article mis en ligne le lundi 7 mai 2007

Croisement idéologique droite-gauche : Sarkozy, c’est déjà 1938 ! Un mauvais
rêve.

Encore une soirée électorale au pays du mensonge déconcertant. En prévision
de la défaite prévisible de la gauche, j’avais prévu d’écrire trois seules
et sobres « recommandations » amicales :

1 - A tous ceux et celles qui ont aimé la France, où qu’ils se trouvent,
nous demandons sincèrement pardon pour cette déchéance du vieux pays de
1789, 1830, 1848, 1870, 1936, 1944, 1968, car voici une déchéance
sarkozienne sans précédent dans l’histoire récente.

2 - Ne médisez pas du peuple. Ce serait trop facile. Le peuple n’est pas
sarkozyste. C’est le même peuple qui soutenait à 80% les manifestants contre
le CPE, et qui est majoritairement pour la régularisation des sans-papiers.
(Vous ne le saviez pas ? C’est la preuve que vous regardez trop TF1 et que
vous lisez trop le Nouvel Obs et Gala, comme François Hollande !). Non, la
France n’est pas sarkozyste. Sarko n’est pas fort. Sarko n’est fort que de
la faiblesse coupable de la gauche, qui ne défend presque plus jamais ses
valeurs et ses méthodes.

3 - A toutes les personnes éprises de justice et de liberté, proches,
voisins, collègues, voici ce conseil d’ami : Cessons de faire des plans sur
la comète, et ne nous préoccupons plus que d’une seule tâche immédiate dans
les semaines qui viennent : En prévision de grandes grèves dures à venir
contre le pouvoir sarkozyste, épargnons d’ores et déjà sur nos salaires pour
ne pas être tous pris au dépourvu. (Ce simple mot d’ordre, s’il était
diffusé largement, suffirait déjà à inquiéter nos maîtres, à stimuler nos
chefs syndicalistes, et à amorcer la mobilisation.) Si vous êtes d’accord,
faites passer l’idée.

Mais cette soirée de dimanche comportait aussi quelques imprévus.

Je passe sur les violences nocturnes, si peu explicitées par le médias.
Pour ma part, je suis rentré chez moi après minuit, devant aller chercher
des enfants mineurs impliqués dans des émeutes face aux forces de police. (J
’en ai ramené quelques photos à tons chauds et ornementées de fumées de
lacrymogènes, toujours très esthétiques, mais qui n’auraient pas leur place
racoleuse et démagogique sur un blog destiné à résister et non à manipuler
les jeunes jouets du spectacle de Sarkozy.)

Non, il y a eu plus étrange ce dimanche soir.

C’est le croisement idéologique entre une Ségolène Royal souriant de toutes
ses dents, comme si elle était ravie de sa défaite, sans aucun mot de
solidarité pour les chômeurs, les travailleurs pauvres et les sans-papiers,
livrés pieds et mains liées au sarkozysme triomphant. Un discours
extra-terrestre, quelque part entre Jeanne d’Arc (version cléricale
saintsulpicienne) et la Castafiore (version misogyne pour image d’Epinal
MLF).

De son côté, le Sarkozy embrayait, lui, sur un discours internationnaliste,
digne mais menteur, menteur mais digne (je vous laisse choisir), en tous cas
tellement à gauche, que nous en aurions eu les larmes aux yeux si un
éléphant PS avait su ou pu le prononcer, ceci depuis 20 ans. C’était
tellement à gauche qu’on n’entend plus jamais cela à gauche, et cela depuis
la conférence de Cancùn. Il y a déjà près de trois décennies.

Bref, Ségolène parlant comme une madone ravie et ravissante, de droite, et
Sarko comme un gaulliste jauréssien et « droitsdelhommiste ». Comment le
peuple pourrait s’y retrouver ?

Conclusion provisoire :

On n’avait pas vu de tels chassés-croisés idéologiques depuis 1938. Droite
et gauche échangeant leurs thématiques. Vous savez, les accords de Munich,
préludes aux triomphes du nazisme et de la guerre totale. A l’époque, la
droite avait troqué son képi militariste et nationaliste pour une allure
onctueusement pacifiste, afin de plaire à l’Hitler, et l’apaiser en lui
livrant nos amis tchèques honteusement sacrifiés. Débordée sur son
pacifisme, la gauche française patinait dur (le PCF s’apprétant de plus à
approuver le pacte germano-soviétique !), préparant sans le savoir les
prochaines déchirantes trajectoires divergeantes entre ces pacifistes de
gauche qui deviendraient pétainistes, et les vrais rebelles de gauche qui
feraient la Résistance civile antinazie.

2007 singeant 1938 : un mauvais rêve.

http://lucky.blog.lemonde.fr

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