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Censure

La Rumeur : le feuilleton continue

Article mis en ligne le mercredi 27 juin 2007

L’avocat général de la Cour de Cassation a estimée mardi 26 juin "injustifiée" la relaxe en appel du rappeur Hamé

Le 23 juin 2006, la 11e chambre de la cour d’appel de Paris avait
confirmé la relaxe prononcée par le tribunal correctionnel en faveur
d’Hamé, poursuivi pour des propos publiés en avril 2002 dans un fanzine
accompagnant la sortie d’un album de son groupe La Rumeur.

Il était poursuivi par le ministère de l’Intérieur, alors dirigé
par M.Sarkozy.

"Les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des
centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun
des assassins n’ait été inquiété"
, avait notamment écrit Mohamed
Bourokba, dit Hamé dans son fanzine.

L’avocat général Jacques Mouton a estimé, contrairement à la cour
d’appel, que les propos du rappeur contenaient "bien des faits précis et
déterminés de nature à porter atteinte à l’honneur et à la considération
de la police nationale"
.

Devant le tribunal puis devant la cour d’appel, et encore devant la Cour
de cassation par la voix de son avocate, Me Claire Waquet, le rappeur a
expliqué que ces propos se référaient aux victimes du 17 octobre 1961
en passant
par le décès emblématique de Malik Oussékine en 1986 jusqu’à des bavures
plus récentes.

Me Waquet a appelé les hauts magistrats de la chambre criminelle de la
Cour de cassation à voir dans le texte du jeune rappeur une "opinion
politique, sociale, digne d’être discutée"
.

"J’entends le devoir de mémoire mais cela n’autorise pas tout. Je pense
donc qu’il y a matière à condamner du chef de diffamation envers une
administration publique",
a répondu M.Mouton.

Il a estimé que la relaxe de Hamé prononcée en appel était injustifiée
et a demandé que cette décision soit cassée.

La chambre criminelle de la Cour de cassation, présidée par Bruno
Cotte, rendra sa décision le 11 juillet.

Avant l’audience, mardi matin, sur France Inter, Hamé avait qualifié
cette procédure d’" acharnement manifeste" .

Il formulait deux hypothèses pour en expliquer les motivations : volonté
de "censurer toute expression critique ou contestataire qui émanerait
des quartiers ou d’expériences culturelles, artistiques, issues des
quartiers"
, et, sur le plan judiciaire, "de ne surtout pas laisser
aboutir une sorte de jurisprudence qui serait favorable, non seulement
au rap"
mais aussi aux associations qui dénoncent les bavures
policières.

Source : résistons-info

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