Une tribune pour les luttes

Femmes en Noir de Marseille

Brèves d’inauguration ou un tram peut en cacher un autre

Notre rencontre avec Sarkozy

Article mis en ligne le dimanche 8 juillet 2007

L’objectif était celui-là : faire savoir aux Marseillais curieux, ravis,
perplexes ou furieux de l’arrivée du « Tram » dans leur ville, que se
tramait, là-bas à des Kms, une autre histoire de tram, avec des acteurs
communs aux deux lieux (Alsthom et Véolia), dans une perspective de
soutien honteux à l’occupation israélienne et d’illégalité au regard du
droit international. Ceci avec la bénédiction et la complicité de nos
gouvernants, et donc, logiquement, du Grand Inaugurateur du tram d’ici.

Pour notre association, un DEVOIR d’information de ce qui restait
soigneusement caché dans les médias, à une ou deux exceptions près.

Un
ensemble d’actions dans la continuité de notre travail tenace de dire,
quinzaine après quinzaine, depuis 2002, la réalité de l’OCCUPATION
israélienne en Palestine.

Nos instruments , simples, habituels : nous vétues de noir, le sigle « 
Paix » écrit en français, arabe et hébreu accroché à notre poitrine,
des pancartes, des tracts et des discussions avec les passants.

Samedi 30 juin, 11h du mat, cours Belsunce, lieu populaire de passage
du tram qui, pour son 1er jour de mise en circulation, était gratuit.

Nous avons agrémenté notre déambulation de quelques chants sur le tram
en Palestine. « Véolia, hors-la-loi en Palestine », « Un tramway nommé
délit », celui de la colonisation et de l’apartheid.

Tout cela bien pacifiquement, comme d’hab.

Les gens s’intéressent volontiers, ignorant tout de Véolia et de
l’Autre Tram. Le sort de la Palestine, on le constate, intéresse
toujours la population marseillaise.

Un fourgon d’agents de police nous coupe la route à un certain moment.
Palabre avec les dits agents qui ne semblent pas au clair avec ce
qu’ils peuvent laisser ou non faire, et, comme souvent, usent du tel.
pour les ordres de plus haut... De toute façon on est sur la fin de notre
action.

Avec des manières fermes mais softs, (on sent la consigne de
pas faire de vagues) ils relèvent cependant l’identité de 2 d’entre nous
et nous en restons là.

Lundi 1er juillet, 11h du mat, conférence de presse

Mardi 2 juillet, 10h30, les Réformés.

Sarkozy doit apparaître devant le
palais Longchamp. Tout le boulevard et la place sont truffés de RG.

Nous, tranquilles à vouloir poursuivre notre travail de fourmis. Mais
vite repoussées pour la distribution des tracts hors du périmètre de la
place des Réformés. Nous, une dizaine de femmes dont 2 copines de
l’UJFP. Avec constance, sans discussion possible, nous sommes « 
accompagnées » à des métres plus bas sur la Canebière où nous avons
libre champ et où veillent, tous les 10 mètres quasiment, des groupes de
3 CRS.

Fin de la distribution, sans plus d’histoire.

L’affaire se corse bizarrement quand, désormais hors de toute action
militante, nous remontons sur la place.

Nous voilà aussitôt entourées, encadrées et écartées, toujours avec
fermeté du lieu supposé des réjouissances à l’arrivée du tram. Ne
sommes-nous pas redevenues de simples passantes, voire des badauds,
comme tout un chacun, battant le trottoir de notre liberté de circuler
en citoyennes de la ville ?

Que nenni ! NOUS TROUBLONS L‘ORDRE PUBLIC !

Mais comment ?

Là les avis des agents secrets divergent un peu : nous avons
précédemment distribué des tracts (ah bon, rétrospectivement ça devient
interdit ?), nous portons des signes accrochés à nos vétements (ah bon,
appeler à la paix trouble soudain l’ordre public ?), nous disons tout
haut ne pas accepter d’être ainsi illégalement expulsées de l’espace
public (« si elle continue il va falloir qu’on l’embarque »), boire un
pot à la terrasse des Danaïdes parait un acte notoirement menaçant pour
le fameux...ordre public !

On croit rêver, entre Ubu et l’Aveu !!!

Dans des occas pareilles, on
perçoit bien comment soudain peuvent basculer toutes les logiques
élémentaires de la démocratie : comment le pouvoir, les forces de
l’ordre peuvent-ils se sentir menacés follement par quelques femmes
ordinaires, soupçonnées des pires complots ; comment une peur insensée
peut mobiliser des dizaines d’agents « répondant aux ordres », comme ils
s’en justifiaient sous l’œil noir de leur chef muet, pour nécessité
supposée de nous « neutraliser ».

Expérience assez hallucinante dont on a quand même pu bien rire !

Mais la fin de l’histoire est plus cocasse et nous a bien vengées de ce
qui aurait pu virer à un vrai stress.

Pendant que des messieurs étaient tout occupés à nous chasser du
paradis, deux d’entre nous, espèces d’électrons libres qui surgissent
d’autant plus spontanément quand l’organisation n’a rien de
hiérarchique, deux copines donc étaient restées benoîtement devant les
Danaïdes, oubliées des têtes chercheuses trop affairées.

Voilà qu’une voiture s’arrête sous leur nez, dont sort...Le Président
soi-même, toutes dents blanches prêtes pour la photo d’immortalisation
et la main déjà satisfaite projetée vers les dites copines et leur
message de paix à tous coups dûment préparé.

Le plus étonné des trois
est quand même le président quand il se voit refuser la poignet de mains
du siècle, au profit d’une désignation silencieuse de l’insigne de paix
sur la robe noire. Il n’aura pas pu sur le champ comprendre la réaction
de la copine, puisqu’interdiction avait été respectée pour sa sécurité
de distribuer l’info par tracts.

Sûr que depuis il s’est rencardé et que
nos objectifs ont ainsi été réalisés même auprès du président !

Une bonne inauguration en somme.

Les Femmes en Noir Marseille


Plus d’infos :

Un tramway nommé délit :

www.millebabords.org/article.php3?i...

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