Une tribune pour les luttes

"Résistons ensemble" N° 55, juillet 2007

Article mis en ligne le lundi 9 juillet 2007

Voici le N° 55, JUILLET 2007, du petit journal mobile recto-verso A4
"RESISTONS ENSEMBLE" du réseau contre les violences policières et
sécuritaires.

Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement.

Vous pouvez télécharger en format pdf, avec mise en page sur le site du
réseau :

http://resistons.lautre.net/article.php3?id_article=344

Si le journal vous plaît vous êtes invitEes à participer à son
élaboration, à sa rédaction, à se joindre à l’équipe de rédaction. Nous
attendons vos contributions, propositions, critiques ...
à bientôt.

L’équipe de réaction

Visitez le site du réseau : tous les numéros de RE à télécharger, guides
juridiques, nouvelles, inscription aux listes de diffusion ....

http://www.resistons.lautre.net

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RESISTONS ENSEMBLE / bulletin numéro 55 / juillet 2007

Le voile gris

Un voile gris tombe sur le pays, il nous étouffe, il nous colle à la
peau. La liste de ceux dont la mort est liée à la police ces dernières
semaines s’allonge. Ecrasé par une voiture de police, mort dans un
fourgon, dans une cellule de dégrisement, tombé de la fenêtre d’un
commissariat, noyé dans une rivière, retrouvé pendu dans un centre de
rétention... Puis, le pouvoir rafle partout, dans les cafés, devant les
écoles, arrache une dame âgée de sa baignoire... Mais pourtant le régime
ronronne. Les partis politiques et les syndicats ont eu leur Canigou. Le
président les reçoit, les consulte, ils sont « considérés », il y a des
ministres de gauche. C’est du jamais vu en France. Les médias, plus
soumis que jamais, adorent le président « actif » et son gouvernement d’
« ouverture ».

L’anesthésie générale cache la montée triomphante d’un Etat policier qui
montre ses dents et s’en sert sans vergogne. Tout ce qui reste de la
sécu, du droit de grève, des retraites, de l’éducation, du droit à une
vie décente... passera à la trappe si on laisse faire la violence
étatique. Pour le moment on mate les minorités, les plus démunis mais ce
n’est qu’un début. La croyance en un Etat « démocratique », « moderne et
réaliste » paralyse les partis politiques et les syndicats. L’histoire a
pourtant montré que finalement eux aussi vont se retrouver derrière les
barbelés.

Mais, à Belleville, une foule de 200 personnes s’est dressée contre la
police et ses grenades lacrymogènes pour s’opposer à une rafle, dans
l’avion pour Bamako les passagers en colère ont empêché une expulsion
d’une violence rare, la marche des fiertés a été interrompue par une
centaine de militants pour en expulser les gays de l’UMP. Il est
possible de sortir de l’anesthésie.

« Vérité et justice pour Lamine Dieng ! »

Lamine Dieng, un jeune homme de 25 ans, a trouvé la mort, entre les
mains de la police le dimanche 17 juin au matin à Paris 20e, dans des
circonstances mystérieuses. La famille prévenue au bout de 36 heures n’a
toujours pas les informations qu’elle réclame sur les circonstances du
décès.

Une marche silencieuse qui regroupait entre 800 et 900 personnes a eu
lieu le dimanche 24 juin, plus de 500 personnes se sont rassemblées, le
samedi 6 juillet, place Gambetta à Paris. La famille et les amis veulent
comprendre « comment Lamine Dieng a pu monter dans le fourgon vivant et
en ressortir mort ». Elle a porté plainte contre X afin qu’une
instruction soit ouverte et qu’elle puisse avoir accès au dossier.

Un
appel à témoin est lancé : 06 50 62 38 27, contact :

collectif-laminedieng chez jubii.fr

blog : http://coucxx.skyrock.com/

Enquête sur des citoyens au dessus de tout soupçon

Le 18 juin, lors d’un contrôle, Elmi Mohammed, 23 ans, s’est jeté dans
la Saône et s’est noyé devant les policiers. La famille n’a été prévenue
que 48 heures après les faits. Pour le MRAP, compte tenu des
informations dont dispose la famille, cette affaire relève
incontestablement d’une non assistance à personne en danger, les
policiers n’ayant ni tenté de le sauver, ni appelé les secours, le jeune
homme a pourtant eu le temps de se déshabiller avant de sauter à l’eau.
On s’interroge sur le fait qu’ils n’aient pas engagé des recherches afin
de retrouver le corps, qui n’a été découvert que vendredi 22 juin. Plus
fort encore, ce sont ces mêmes policiers du 1er arrondissement qui sont
en charge de l’enquête dans laquelle ils sont impliqués.

Source
http://rebellyon.info/article3999.html

Un adolescent fauché par une voiture de police

L’adolescent de 14 ans, fauché le samedi 23 juin par un voiture de
police alors qu’il traversait en poussant son vélo sur un passage piéton
dans le quartier Saint-Joseph à Marseille est mort le lendemain à
l’hôpital. Selon des témoins, les policiers seraient passés au rouge
sans avoir actionné ni leur sirène, ni leur gyrophare pour prévenir. Le
policier conducteur devait se rendre d’urgence à l’hôpital pour... prendre
une relève de garde. Mis en examen /« pour homicide involontaire avec la
circonstance aggravante du délit de grande vitesse »/ il a été placé
sous mandat de dépôt avant d’être rapidement libéré... Le 30 juin une
marche silencieuse à la mémoire de l’adolescent a réuni plusieurs
centaines de personnes.

Bordeaux : morts en série au commissariat central

Mardi 12 juin, Monsieur Ait Brahim Moulay Mohamed, âgé de 27 ans s’est
suicidé au centre de rétention de Bordeaux. Désespéré par l’annonce de
son expulsion imminente vers le Maroc, le jeune homme s’est pendu dans
les douches. Cela se passe de commentaire.

Quelques jours plus tard, c’est un homme mis en cellule de dégrisement
qui devait trouver la mort dans ce même commissariat. La mort pourrait
être la conséquence d’une hémorragie due à un choc à l’arrière du crâne
sans que l’on sache encore si cela était dû à une chute avant son entrée
dans les locaux de la police ou à une toute autre cause.

Qu’importe puisque le Directeur Départemental de la Santé Publique
attendait /« sereinement les résultats de l’enquête »./ C’est vrai que
lorsqu’on se balade dans cette ville, patrimoine mondial, on n’a pas
envie de croiser des étrangers et des poivrots. C’est à ce prix, madame,
qu’on mange des petits fours à la mairie !

http://tinyurl.com/352g97

Défenestrés

Jeudi 14 juin, Dominique Pasqualaggi, indépendantiste corse soupçonné de
participation à un attentat contre le Trésor public en 2006 à
Aix-en-Provence, s’est grièvement blessé en se jetant par la fenêtre du
troisième étage de la sous-direction antiterroriste de la PJ à Paris.

Le mardi suivant un homme s’est suicidé en se jetant par la fenêtre du
quatrième étage du commissariat central de Lyon. L’homme allait être
placé en garde-à-vue alors qu’il avait reconnu sa participation à une
escroquerie.

Le libraire du « Monte-en-l’air »...

a été convoqué au commissariat pour une « audition » au sujet d’une
affichette annonçant la première réunion du comité de soutien à Lamine
Dieng, /« mort dans un fourgon de police »,/ ainsi que d’une affichette
« maison » proclamant /« Ici on meurt dans des fourgons de police »./

Soutien : lemontenlair chez free.fr

[ S U R L E V I F ]

« Yohan ou Cruelle Justice »

/« Je suis la mère de Yohan Lavigne mort à l’âge de vingt ans en prison
en 2004, et je lance une pétition pour éclaircir les circonstances plus
que suspectes du décès de mon fils, je ne veux que la vérité mais toute
la vérité. Pourquoi la justice n’a jamais recherché à qui était la
seconde écriture sur la soit disant lettre d’adieu ? Pourquoi alors que
j’ai maints témoignages écrits des coups qui déforment le crâne de
Yohan, le juge refuse de les voir ?... »/ En 2004, la mère de Yohan se
porte partie civile, depuis la justice ne lui a amené aucune réponse,
fin 2006 elle a porté plainte pour assassinat à l’encontre de son fils
Yohan et attend encore la réponse de la justice.

La pétition :

http://www.altermonde-levillage.com/spip.php ?article10516 -

infos :
http://helenebourt.unblog.fr/.

> [C H R O N I Q U E D E L ‘A R B I T R A I R E]

Liberté pour Paco et Damien !

Paco et Damien, deux chômeurs, ont été incarcérés le 13 mai. Damien, 20
ans, est accusé de /« tentative de dégradation par incendie »/
(l’affaire du Fouquet’s), Michel Gaucher, dit Paco, 50 ans, de /« 
complicité de dégradation par incendie »./ Damien d’abord, puis Paco ont
finalement obtenu la liberté provisoire, mais sous les conditions
restrictives.

/« Ce qu’on réprime aujourd’hui, c’est son droit d’être libertaire ? »/ a
demandé leur avocate Me Irène Terrel. Une nouvelle campagne hystérique
est en train d’être montée contre les /« groupes violents d’extrême
gauche »/ qui ont été (danger suprême !) rejoints lors la manifestation
du 16 mai par /« une poignée de jeunes de cité »/ (le Figaro du 8 juin)

Alliot-Marie lance de son côté la curée sur Canal+ : « Notre priorité
sera la traque à ces mouvances extrémistes nouvelles et dangereuses ».
Où sont les protestations de la gauche officielle, des démocrates ?

Liberté pour Nathalie Ménigon !

La demande de libération conditionnelle de Nathalie Ménigon était
examinée le 28 juin, par la chambre d’application des peines de la Cour
d’appel de Paris. Le Parquet fait tout pour la maintenir en prison.
Décision le 19 juillet.

info : http://nlpf.samizdat.net

Une peur bleue

Deux rapports sur les relations entre les habitants des quartiers
populaires et la police : LDH, Syndicat de la magistrature, Avocats de
France et l’Institut d’études sur la sécurité rattaché au ministère de
l’intérieur disent la même chose : la population n’a plus confiance en
la police, elle en a même une /« peur »/ bleue. La police est souvent
jugée /« irrespectueuse »/ et /« partiale » / ; la démultiplication des
contrôles et des interpellations sans fondement, les /« charges brutales
 »/, la violence des conditions d’arrestation, l’absence d’anticipation
voire la non assistance à personne en danger... font qu’on /« angoisse »/
même à l’idée de rencontrer la police et qu’on « panique » quand on la
rencontre. /« Pour les enfants, l’uniforme d’un policier est devenu le
signe d’un danger »/ relève le rapport LDH-SM-SAF et certains parents
constatent même une /« politisation »/ précoce de leurs très jeunes
enfants (8-10 ans) avec manifestations et slogans anti-police. Solution
préconisée : plus de proximité de la police, des commissariats ouverts
la nuit... À ce rythme les enfants ne pourront plus jouer au gendarme et
au voleur faute de volontaires pour endosser le rôle du premier... Faut-il
s’en plaindre ?

Outrage à La Rumeur

/« Tu connais La Rumeur, sous ses faux airs, frère ! Sous surveillance
des RG et ce quoi que nous fassions »/ mais on va quand même vous
rappeler l’affaire... En 2002, plainte de Sarkozy pour diffamation envers
la police, le texte incriminé parle des /« centaines de frères abattus
sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété »/ et des /« humiliations
policières régulières »/ dans les quartiers populaires. Lors du premier
procès en 2004, le groupe de rap choisit une défense politique ; des
témoignages confirment que les violences policières sont bien réelles et
que leur texte reflète bien « le sentiment général » ; première relaxe
donc. Mais le pouvoir fait appel : relaxe confirmée en juin 2006. Le
pouvoir se pourvoit alors en cassation (fait rarissime et infondé :
aucun élément de droit n’est en jeu et la cour de cassation ne juge
qu’en droit). Le 13 juin, l’avocat général de la cour de cassation fait
appel de la relaxe. Nouveau jugement le 11 juillet prochain. On dirait
qu’en ce qui concerne les quartiers populaires et la police, ceux qui « 
préfér(aient) l’excès de liberté d’expression à l’excès de censure »
préfèrent cette fois l’excès de mensonges à l’excès de vérité.

La vérité crue constitue une « offense » !

Le journal anti-carcéral l’Envolée poursuivi pour diffamation contre
l’administration pénitentiaire à été condamné à 3000 euros d’amende avec
sursis et 500 euros de dommages et intérêts. En tout quatre plaintes
visaient des témoignages de prisonniers publiés dans le journal,
violence des IRIS, quartier disciplinaire, malades en détention... Le
tribunal de Beauvais a déclaré ne pas remettre en doute les violences
dénoncées mais motive sa condamnation considérant que la diffamation /« 
était constituée dans la forme et par les mots employés ».../

/« Si, pour des journaux à grand tirage, 3000 euros ne représentent
presque rien, ces frais hypothèquent notre existence ; pour sauvegarder
notre indépendance nous avons fait le choix de ne pas être subventionnés
[...]. Cette épée de Damoclès, au-delà d’une attaque sur la liberté
d’expression et de la presse, est une censure à peine déguisée. »/

Source : https://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=83029&id_mot=29

Légitime défense

Salif Kamaté a la cinquantaine. Double peine il a subi une expulsion
d’une violence telle, qu’inconscient, les yeux révulsés, policiers et
passagers l’ont cru mort pendant un instant (voir RE no 54). Roué de
coups au ventre, il avait mordu le bras qui l’étranglait. Le 29 juin le
tribunal de Bobigny l’a reconnu coupable de /« soustraction à
l’exécution d’une mesure de reconduite à la frontière » /et /« entrée ou
séjour irrégulier »/, mais n’a pas suivi le procureur qui demandait six
mois de prison pour /« violences sur dépositaire de l’autorité publique
 »/ reconnaissant la légitime défense. Le parquet a annoncé son intention
de faire appel.

Résistance à Belleville

/« Il y avait trois clients dans mon bar quand, tout d’un coup, une
vingtaine de policiers sont entrés pour les contrôler. Ils ont embarqué
un client qui n’avait pas de papiers (...) ensuite ils ont fait pareil
dans l’épicerie juste en dessous. Ils ont pris un sans-papiers qu’ils
ont traîné dans un fourgon »/.

Mercredi 20 juin la police rafle à
Belleville. Sauf que cette fois-ci elle s’est retrouvée face à une foule
de 200 personnes hurlant contre elle, cette résistance a obligé les
policiers à appeler des renforts et disperser la foule à coups de
grenades lacrymogènes

Buffalo Grill

Mardi 3 juillet la police a expulsé du parking du restaurant de
Viry-Châtillon qu’ils occupaient depuis un mois plusieurs dizaines de
sans-papiers licenciés par la chaine Buffalo Grill. Une vingtaine de ces
sans-papiers vient d’être régularisée et réembauchée, ce qui est une
victoire très partielle, mais ternie par le rejet de la régularisation
et de la réembauche de 12 autres sans-papiers qui avaient tenu dans la
presse des propos que l’enseigne a estimés « diffamatoires », elle leur
reproche des /« accusations d’exploitation raciste voire négrière »./
Camara, 40 ans, un de ces sans-papiers déclarés persona non grata
affirme que /« Tout ce que nous avons dit, c’est la réalité »/. Quant à
la CGT de l’Essonne elle lâche les plus exposés dans la lutte et
dédouane l’enseigne en admettant /« que les accusations portées contre
Buffalo Grill sont en l’état infondées »/.

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