Une tribune pour les luttes

Communiqué du 26 juillet 2007

Accord atomique Franco-Lybien : La France irresponsable

Article mis en ligne le vendredi 27 juillet 2007

Paris, France - Le 26/07/07 -

Greenpeace dénonce fermement l’accord de coopération atomique entre la France et la Libye et la vente d’un réacteur nucléaire au pays dirigé par le colonel Kadhafi. Cet accord pose un énorme problème de prolifération nucléaire et se situe dans la droite ligne de la politique française d’exportation irresponsable de sa technologie nucléaire.

« Officiellement, le réacteur vendu à la Libye aurait pour but de dessaler l’eau de mer pour l’alimentation du pays en eau douce. De qui se moque t-on ? La motivation profonde des Etats à accéder au nucléaire a toujours été un enjeu de pouvoir comme l’a encore récemment montrer le Brésil à travers le discours du Président Lula annonçant il y a 15 jours la relance du nucléaire dans son pays : « [Avec le nucléaire] je pense que nous allons être beaucoup plus considérés, comme nation, comme la puissance que nous voulons être » » s’indigne Frédéric Marillier, chargé de la campagne énergie à Greenpeace.

Prolifération nucléaire

Greenpeace s’alarme du début de relance du nucléaire au niveau mondial qui pose une difficulté majeure en termes de prolifération nucléaire. Les exemples pakistanais et indiens détenteurs de la bombe nucléaire - ou plus récemment nord-coréen et iranien - illustrent ce risque lié au développement du nucléaire. La longue liste des pays souhaitant aujourd’hui accéder à cette technologie(1) montre l’ampleur du bouleversement en terme de sécurité mondiale que représentera une généralisation accrue du nucléaire et l’impossibilité de contrôles internationaux déjà problématiques actuellement(2).

La diplomatie atomique française

Après Giscard d’Estaing et Chirac qui avaient conclu des accords avec l’Iran du Shah, l’Irak de Saddam Hussein, ou encore l’Afrique du Sud de l’Apartheid, c’est au tour du gouvernement Sarkozyste de se lancer dans la dissémination nucléaire.

« A travers cet accord, ce sont les vieux démons de la diplomatie atomique française qui resurgissent » déclare Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France. « Pour bien positionner la France dans la course aux ressources naturelles de la Libye, pétrole et gaz en tête, on troque du nucléaire sans se préoccuper de la sécurité mondiale. »

Enfin, Greenpeace fustige les propos de Claude Guéant qualifiant le nucléaire « d’énergie renouvelable ». « Nous aurons à cœur, notamment dans le cadre du Grenelle de l’environnement, de rappeler au gouvernement que le nucléaire est un risque majeur pour l’environnement et la santé et une pollution irréversible notamment à travers ces déchets ingérables » conclut Frédéric Marillier.

Areva a besoin d’uranium

La Lybie l’ancien Etat-voyou, incarnation jadis du terrorisme d’Etat, est redevenu fréquentable. Mieux, il est, affirmait récemment le porte-parole de l’Elysée, un « partenaire stratégique » de la France notamment quand Areva a besoin d’uranium.

Selon le journal « Le Monde », le président français a signalé qu’"un deuxième projet" était actuellement en cours, "la recherche avec les Libyens pour savoir s’il y a des ressources en uranium en Libye". "On en a trouvé au Niger. Le contexte géologique est le même. Areva a besoin d’uranium", a-t-il ajouté, estimant les stocks d’uranium libyens actuels à plus de 1 600 tonnes. Selon Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, des ingénieurs d’Areva ont déjà procédé à "un premier repérage (...) il y a trois semaines ou un mois pour étudier exactement la faisabilité de l’opération". "Pour les centrales nucléaires, il n’y a pas cinquante constructeurs en France, il n’y en a qu’un seul, Areva", a ajouté M. Guéant. Un porte-parole du groupe nucléaire français a confirmé qu’il avait bien été sollicité. Un programme franco-libyen de recherche et de prospection dans le sud du pays va être lancé.

(1) Algérie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Biélorussie, Chili, Egypte, Géorgie, Ghana, Indonésie, Iran, Jordanie, Kazakhstan, Malaisie, Maroc, Namibie, Syrie, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Venezuela, Vietnam, Yémen, etc.

(2) « Une renaissance mondiale du nucléaire (...) dépasserait totalement les capacités de l’Agence internationale de l’énergie atomique à surveiller les puissances nucléaires » estime une étude du cercle de réflexion Oxford Research Group

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