Une tribune pour les luttes

Paris 8 occupée et en "grève active" contre la loi LRU

Article mis en ligne le dimanche 18 novembre 2007

Paris 8 en "grève active" contre la loi LRU

par le Collectif enseignant du département de science politique de Paris 8 – Saint-Denis.

Le mardi 6 novembre 2007, le département de science politique de l’université Paris 8 – Saint-Denis réuni en AG (enseignant- e-s, étudiant-e-s, IATOSS) a voté la « grève active », rejoint par d’autres départements. Les cours habituels sont depuis lors remplacés par des ateliers alternatifs ouverts à tou-te-s sur différents thèmes liés à la mobilisation.

Autogérés par les étudiant-e-s et les enseignant-e- s, ces ateliers visent à créer des espaces ouverts à l’analyse critique des politiques et des mobilisations, autour de thèmes tels que l’histoire des mouvements sociaux et notamment étudiants, la désobéissance civile, les liens avec les autres mobilisations (régimes spéciaux, sans-papiers, précarité) etc.

Ces ateliers reposent sur la conviction que les sciences humaines et sociales dans leur diversité peuvent être utiles à la compréhension des « réformes » actuelles, à l’élaboration de dispositifs démocratiques et efficaces de lutte, ainsi qu’à la construction de liens avec des enjeux qui dépassent la question de la loi LRU. Loin des caricatures de facs « bloquées par une minorité », une fac en grève n’est pas une fac morte ! Le succès du mouvement passe aussi par le maintien du lien entre étudiant-e-s et enseignante s.

Outre notre participation sans réserve à la mobilisation étudiante, il nous paraît nécessaire de rappeler que les enseignant-e- s – chercheur-e- s sont concerné-e-s au premier chef par la loi LRU. Votée sans concertation pendant l’été, cette loi détruit les fondements d’une université démocratique reposant sur une formation des étudiant-e-s sans discrimination d’origines ou de ressources et sur la protection de la liberté scientifique des enseignant-e- s – chercheur-e- s.

La loi prévoit que les présidents d’université détiennent des pouvoirs exorbitants au mépris de la tradition démocratique de l’université. Ils pourront notamment décider seuls de certains recrutements de personnels contractuels administratifs, enseignant-e- s et chercheur-e- s, ils auront la possibilité de distribuer des primes à discrétion ; tout cela encourageant des pratiques clientélistes. La part de la recherche dans le service des « enseignant-e-s-chercheur-e-s » pourra être amoindrie, voire supprimée. L’effet destructeur en terme de contenu des enseignements et finalement de valeur des diplômes ne se fera pas attendre.

Quant à l’autonomie financière des Universités, elle constitue un danger pour l’existence même de celles qui sont le moins dotées , notamment sur le plan patrimonial, comme c’est le cas de Paris 8. Les établissements les plus pauvres devront amputer leur masse salariale pour faire face aux dépenses de fonctionnement et d’entretien. La nécessité de financer cette université déshéritée se traduira immanquablement par une hausse à moyen terme des droits d’inscription. La menace à Paris 8, comme dans d’autres établissements en « banlieue », est bien plus radicale : la loi fait courir un risque très réel de disparition de notre université. Dans le meilleur des cas se profile un enseignement « d’abattage » associé à une professionnalisation au rabais en premier cycle, sans réels débouchés, tandis que les cursus valorisés appuyés sur la recherche seront réservés aux universités « d’élite ».

Il est temps de prendre collectivement nos responsabilité s et d’utiliser tous les moyens de pression à notre disposition pour obtenir l’abrogation de la loi LRU dans les plus brefs délais. Nous ne pouvons pas, alors que la loi a déjà été votée et commence à être mise en application, nous contenter d’un engagement partiel et de soutiens verbaux : seule la participation à la construction d’un rapport de force avec le gouvernement a une chance d’aboutir.

Nous exigeons donc l’abrogation immédiate de cette loi et la mise en place d’une concertation pour une modernisation démocratique des universités, articulée à la promotion de la recherche, dans l’intérêt de tou-te-s les étudiant-e-s.

A lire sur le site de Mouvements, revue d’information critique, d’enquêtes sociales et d’interpellation politique.


[

Communiqué du comité d’occupation de l’université Vincennes

14 novembre 2007

Les étudiant-e-s et personnels mobilisés de l’université Vincennes - St Denis - Paris 8 ont occupé leur fac cette nuit afin de s’organiser pour une mobilisation plus large et plus massive, tant sur l’université-même, que auprès des secteurs en lutte sur la ville de St Denis.

L’occupation s’est très bien déroulée, certains étudiant-e-s d’autres facs nous ont rejoints. Cette occupation est l’occasion de plus d’échange et de discussion sur les journées d’action, nous souhaitons faire vivre la fac pendant ce temps de lutte. Il était important pour nous que tout se passe le mieux possible, et de prendre en charge collectivement autant les tâches politiques, que matérielles (ménage, alimentation, etc.)

Dans la logique d’une université ouverte pour tou-te-s, critique, gratuite et populaire, nous exigeons :

- l’abrogation sans condition de la LRU (loi Pécresse sur l’autonomie des universités).

- l’abrogation du LMD

- nous sommes contre la privatisation de l’université publique, et la politique de pénurie budgétaire ; pour le réengagement massif de l’Etat, pour l’augmentation des aides sociales étudiantes, pour la construction de logements sociaux à hauteur des besoins.

- pour la défense des statuts des personnels d’université, pour la titularisation des personnels précaires.

- pour la dissolution des conseils centraux et la mise en place d’assemblées générales par départements.

Plus largement, dans une perspective de convergence des luttes, nous nous opposons à la casse du service publique, à la logique économique de précarisation et de concurrence, à la répression policière et au tout sécuritaire.

- contre le démantèlement des services publics.

- pour le rétablissement des 22 000 emplois de fonctionnaires (dont 11 200 dans l’éducation nationale) liquidés dans le budget 2008 et des 25 000 postes supprimés au cours des cinq dernières années.

- pour la défense des régimes spéciaux de retraites, 37.5 annuités pour tou-te-s, la retraite à 60 ans à taux plein.

- augmentation des salaires, des minima sociaux, le SMIC à 1500 euros.

- contre la privatisation de la sécurité sociale et des franchises médicales.

- Pour l’abrogation des lois anti-immigré-e-s, CESEDA et Hortefeux. Une carte d’étudiant-e = une carte de séjour Régularisation des tou-te-s les sans papiers, arrêt des rafles, fermeture des centres de rétention.

- pour l’amnistie de tou-te-s les réprimé-e-s des mouvements sociaux (mouvements lycéens 2005, révolte des banlieues, CPE, etc…)

Nous nous portons solidaires des facs de Nanterre, Tolbiac, Rennes, et toutes les autres dans lesquelles la contestation est réprimée par les présidents d’université, aidés par les forces de police.

Nous invitons tou-te-s les étudiant-e-s en lutte à occuper leur université, ou à nous rejoindre à Paris 8 dès ce soir, afin de poursuivre et intensifier la lutte.

Le 14 novembre 2007

Le comité d’occupation de P8

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Vos commentaires

  • Le 7 décembre 2007 à 19:08, par Patrice En réponse à : De bons moyens pour une université modèle

    Salut les collègues étudiants,
    Que faire ? La loi LRU passera pour le plus grand bien de nous tous. Nous avons besoin à Paris 8 de l’argent pour la réfection des locaux, la sonorisation des amphithéatres et des heures de cours supplémentaires pour préparer notre avenir. De l’ économie politique et une formation en sciences politiques comparable à celle de Tolbiac : une vrai préparation pour des carrières en relation avec le monde de la politique !!
    Arrétez votre grève, svp !!!
    Pour une université qui a les moyens d’offrir un avenir à ses étudiants, ADOPTEZ LA LRU

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