Une tribune pour les luttes

Non au tri des réfugiés en fonction de leur appartenance religieuse

Article mis en ligne le samedi 15 décembre 2007

Réseau Education Sans Frontières (RESF) apprend avec stupeur la réflexion engagée par un comité interministériel sur l’accueil éventuel de réfugiés irakiens chrétiens.

Si la France s’enorgueillirait d’accorder l’asile à des réfugiés irakiens quelle que soit leur appartenance religieuse, ethnique, communautaire, leurs convictions philosophiques, politiques,etc., RESF s’élève contre une politique une nouvelle fois discriminatoire qui aboutit à faire le tri entre des réfugiés en fonction de leur religion, et s’inquiète d’une dérive consistant à ne considérer comme acceptables sur son territoire que des personnes dont la religion serait conforme à la vision gouvernementale de ce que devrait être la société française.

RESF rappelle qu’une telle sélection est non seulement contraire aux conventions internationales sur les droits de l’homme, mais plus encore à l’article 21 de la Charte européenne des droits fondamentaux, qui vient d’être ratifiée par les 27 états membres de l’Union européenne, et qui interdit toute discrimination fondée sur la religion. Cette approche restrictive est également contraire à l’article 3 de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés qui stipule que « les Etats contractants appliqueront les dispositions de cette Convention aux réfugiés sans discrimination quant à la race, la religion ou le pays d’origine ».

Plus fondamentalement, une telle sélection sur des critères religieux prend le contrepied de la laïcité et transgresse tous les principes d’égalité, de fraternité, de liberté de conscience qui sont les fondements mêmes de l’éducation qu’en tant qu’enseignants ou que parents nous nous attachons à donner aux jeunes générations.

De plus, RESF s’étonne que, dans un état laïque, où la séparation de l’Eglise et de l’Etat remonte à plus d’un siècle, un gouvernement réfléchisse à accorder le droit d’asile sur des critères exclusivement religieux.

RESF rappelle que si plus de 20 000 Irakiens ont demandé à bénéficier du droit d’asile en Europe, la France n’a accordé celui-ci qu’à 99 d’entre eux, laissant sans droit et sans protection sur son territoire des centaines d’autres (ainsi que des immigrés afghans et iraniens), y compris des enfants mineurs. Ces réfugiés vivent actuellement dans la rue sans ressources et dans le dénuement le plus complet, et l’Etat, malgré l’appel de nombreuses associations et de syndicats de magistrats, n’a pris aucune mesure afin de les soustraire à leur condition et les protéger. Comme à Calais, où la fermeture de Sangatte voulue pour des fins bassement électoralistes par N. Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’intérieur, a précipité des centaines de réfugiés sans abri dans les bois, comme à Cherbourg, où des immigrés pourchassés, pris dans une nasse inhumaine, vivent dans des conditions ignobles, le drame qui se joue dans les squares parisiens est déshonorant pour un pays qui revendiquait être, il y a peu de temps encore, la patrie des droits de l’Homme.

RESF s’indigne de l’attitude nauséabonde d’un gouvernement qui, plutôt que de réfléchir à une politique globale d’accueil des victimes de conflits ou de persécutions, préfère faire son marché dans un « stock » de réfugiés pour ne choisir que ceux correspondant à ses critères et monter des opérations de spectacle afin de masquer ses manquements graves en ce domaine.

En outre, RESF s’inquiète du concept gouvernemental pour le moins étroit du droit d’asile qui voudrait que celui-ci ne s’applique qu’à des personnes « ayant des liens forts avec la France ».

Une nouvelle fois, le gouvernement français et son ministre de l’identité nationale, aidé par le ministre des Affaires étrangères – qui a oublié son engagement passé à l’égard de toutes les victimes de conflits – font montre d’un cynisme, d’une xénophobie et d’un racisme crasses en instituant une sélection parmi les immigrés et en s’arrogeant le droit de définir les « bons » et les « mauvais ».

Une nouvelle fois, le gouvernement français et son ministre de l’identité nationale font fi des conventions internationales sur les droits de l’Homme…

Un accueil sélectif de réfugiés n’est en rien un geste d’humanité, mais fait preuve d’une vision utilitariste et démagogique du droit d’asile.

Plus d’informations : http://www.educationsansfrontieres.org/

Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Sans-papiers c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 925