Une tribune pour les luttes

Sarkozy s’attaque aux chômeurs : Tous des feignants !

Article mis en ligne le samedi 5 janvier 2008

vendredi 4 janvier 2008

I l y a presque un an, Le Canard enchaîné ironisait sur la prétendue ignorance du candidat Sarkozy quant aux sanctions férocement appliquées aux chômeurs qui ne suivent pas à la lettre les injonctions de l’ANPE. Aujourd’hui, le président Sarko 1er récidive en dénonçant à la vindicte publique les prétendus chômeurs qui refuseraient deux emplois acceptables. L’article de Jean-Luc Porquet (initialement publié sur ce site le 24 mars 2007) est toujours d’actualité.

C’EST une petite phrase qui revient, lancinante, dans son discours : il veut qu’un chômeur « ne puisse pas refuser plus de deux offres d’emploi successives qui correspondent à sa formation ». Epatante, cette petite phrase. D’abord elle laisse entendre qu’il y en a des tas, de chômeurs qui refusent de bosser. Et ça, le coup des feignants qui s’engraissent sur le dos des autres, ça marche toujours … Cette phrase suppose aussi que personne, jusqu’à présent, n’a songé à s’attaquer à ces affreux parasites. Personne sauf Sarkozy : avec lui, fini le laxisme ! Admirons son courage : il ose affronter les vrais problèmes, non ?

Non, c’est du pur bourrage de crâne électoral. Tout simplement parce que ça existe déjà, le contrôle des chômeurs, et pas qu’un peu. Aujourd’hui, il suffit qu’un chômeur refuse un emploi correspondant à sa formation pour qu’il soit radié quinze jours. S’il recommence, il sera radié de un à six mois : c’est ce que prévoient les textes, notamment la circulaire du 5 septembre 2005. Laquelle va plus loin, d’ailleurs : un chômeur qui ne fait pas assez d’efforts dans sa recherche d’emploi, qui refuse un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, ou une formation, ou une action d’insertion, ou un contrat aidé, ou simplement une visite médicale, ou même qui ne se rend pas à une convocation de la Direction du travail, de l’ANPE ou des Assedic, encourt la même sanction, laquelle s’assortit d’une réduction graduée (20 %, 50 % ou suppression définitive) de l’allocation chômage. On sait bien que Sarkozy n’a pas le temps de lire toutes les circulaires de son collègue de bureau Borloo, mais il pourrait s’informer ... il apprendrait ainsi que jamais un gouvernement n’a fait radier autant de chômeurs (+ 40 % depuis 2002) que celui auquel il appartient.

« En fait, note un bon connaisseur attaché au ministère de l’Emploi, il est très rare qu’un ch6meur refuse un emploi compatible avec sa formation et sa mobilité géographique, et rétribué à un taux de salaire normalement pratiqué dans la profession et la région ». Sarkozy agite donc des menaces dans le vide. A moins que...

A moins qu’il ne prépare ainsi les esprits à un sérieux tour de vis. Qu’il envisage d’obliger un chômeur d’accepter un boulot à trois heures de chez lui. Ou un boulot payé au-dessous du tarif normal. Ou ne correspondant pas à sa qualification … Un informaticien serait alors obligé de se faire balayeur. Un archéologue devrait aller faire les vendanges. Une famille devrait traverser la France pour un boulot de chien à la durée même pas garantie. Dans la France sarkozyée, les entreprises de déménagement feraient fortune… Mais les employeurs ne seraient pas forcément gagnants : quand on embauche des malgré-nous, l’absentéisme et les arrêts-maladie explosent. Et vive la « valeur-travail » !

Jean-Luc Porquet

Piqué dans Le Canard Enchaîné du 21 février 2007. Titre original : « Tous des feignants ! »

www.ac.eu.org

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