Une tribune pour les luttes

samedi 19 janvier 2008

MARSEILLE

19 h

19 h à la librairie Païdos, 54 cours Julien, 13006

Présentation-débat avec Miguel Benasayag & Angélique DelRey

« Éloge du conflit », Éd. La Découverte, 2007

Librairie Païdos

« Les barbares sont ceux qui croient à la barbarie »,
Claude Lévi-Strauss cité par les auteurs.

Le conflit est inhérent au principe même du vivant, c’est l’hypothèse de base du livre. Trois thèmes intriqués entre eux éclairent cet essai : la société du contrôle – le Biopouvoir analysé par Foucault ; l’utilitarisme et son avatar l’humanisme qui définissent l’humain en termes de besoins dénombrables ; et le « sacrificiel » qui prend l’aspect du refoulé pour les individus, et qui affecte aujourd’hui l’ensemble de la planète par les destructions qu’il entraîne.
Une fois encore M. Benasayag et A. DelRey suivent une méthode qui rend obsolète les « cartes du monde » encore en usage.

« La force du capitalisme est de ne pas être ce qu’il croît être », un pur affrontement entre individus égoïstes – c’est à dire une non-société –, mais laissant s’exprimer un certain niveau de conflit, le capitalisme avait jusqu’ici accompagné le soubassement réel de toutes sociétés, mais en refoulant sans cesse le conflit comme problème à éradiquer de la vie, en deçà du discours qu’il tient sur lui-même, le néolibéralisme, et avec lui la norme du Biopouvoir et de l’utilitarisme, suscite malgré ses objectifs affichés, des comportements qui sont en réalité très irrationnels.

Notre société actuelle fait de la transparence de tous les domaines de la vie une valeur, quelque chose que l’on peut évaluer, montrer et contrôler,une vérité naturelle. Les zones d’ombres, parties non mesurables, non quantifiables, qui ne peuvent être réduites à leurs seuls composants, sont appréhendées comme autant de problèmes qui doivent trouver leur solution et êtres intégrés de force dans la représentation du monde. Mais évidemment « la nature aime à se cacher », c’est bafouer le réel que d’en faire un simulacre. Bafouer le réel c’est considérer les événements comme des accidents n’ayant aucune logique et nécessité internes. Irrépressible, ce refoulé débarque dans nos vies comme une anomalie. Proportionnellement le culte de la norme se renforce car la norme rend le vivant, l’homme « non-viable », coupable au regard du modèle étalon décliné partout, l’homme « zéro défaut ». Ce forçage de l’ensemble du vivant vers la norme de la cité, ses lois positives et son volontarisme, conduit vers plus de barbarie que de rapports pacifiés en niant le conflit.

Le conflit est analysé ici comme principe premier, détachement d’une forme sur le fond, « asymétrie » fondamentale qui crée du nouveau, il naît avec le désir de chaque corps vivant de « perdurer dans son mode d’être », le corps est « une forme du conflit ». Refouler le conflit c’est donc réprimer les corps, là où s’exerce la norme, le biopouvoir, c’est refouler le désir qui est premier dans l’être, né sur une base matérielle et donc possible. C’est à dire que le désir s’oppose à l’envie qui ressortit plus de l’imaginaire formaté par la pensée du « à quoi ça sert ».

« Ce n’est pas pour rien que l’utilitarisme fait monde : il n’est pas véritablement utilitaire, il ne l’est que dans son récit » Si l’utilitarisme opérait vraiment de façon exhaustive, la société humaine cesserait du même coup d’exister. Or l’idéologie de la transparence du néolibéralisme prétend éradiquer le refoulé, l’opaque, l’indicible, le conflit, et c’est plus de barbarie qui accompagne notre « progrès » par la destruction de l’ensemble de la faune et de la flore, jusqu’aux populations entières.

Peut être, « point de capiton », qu’il nous est difficile d’accepter : les formes sacrificielles que prennent les pratiques résultant de l’utilitarisme sont un pilier essentiel au capitalisme, parce qu’elles sont une donnée anthropologique fondamentale.

Continuant un travail de recherche sur un base matérialiste, la « philosophie de l’organisme » des auteurs nous amène au cœur du fonctionnement de notre société moderne.
W.F.

P.-S.

04 91 48 31 00

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