Une tribune pour les luttes

Les parents d’un lycéen blessé grièvement par la police lors d’une manifestation demandent un rendez-vous avec le Procureur et une reconstitution des faits.

Article mis en ligne le lundi 28 janvier 2008

Madame, Monsieur le Procureur de la République
près le TGI de Nantes
Palais de Justice, Quai François-Mitterrand, Nantes
(En recommandé avec AR.)

Votre référence :
Ivan Auriel, Procureur-Adjoint, n/Ref : n° parquet 07/020463
P\:courrierIAurielRequêteDouillard_Lefevre

Nantes, le 25 janvier 2008,

Objet : Demande de rendez-vous.

Madame, Monsieur le Procureur

Comme suite à la lettre du parquet du 14 décembre dernier, accusant
réception de notre
plainte envoyée le 6, nous sommes en mesure de confirmer que l’état de santé
de notre fils ne
s’est malheureusement pas amélioré depuis la blessure qu’il a reçue le 27
novembre au Rectorat,
qui a entraîné cette plainte pour violences volontaires avec armes.

D’autre part, nous croyons que toute la société (et pas seulement notre
fils) est en droit de
savoir ce qui s’est passé réellement, afin de ne pas perdre confiance dans
les institutions
publiques, et que ces faits ne se renouvellent jamais, notamment pour aucun
jeune manifestant.

Aujourd’hui, il nous semble que les principales questions posées dans cette
affaire sont les
suivantes :

1 - Quel a été le déroulement précis des faits du 27 novembre dernier au
Rectorat, avec notamment la
présence d’un policier armé et cagoulé ?

2 - Y a-t-il eu pour la première fois en France une blessure grave due à
l’expérimentation d’armes de nouvelle
génération dans le cadre d’une manifestation à caractère politique et social
 ?

3 - L’usage de ces armes sans sommation, et d’autres violences, était-il « 
strictement nécessaire et
proportionné au but à atteindre » (art. 9 du Code de déontologie de la
police), alors que les jeunes
manifestants ne représentaient de menace ni pour les lieux ni pour les
personnes ?

4 - Quels sont les procédures précises qui réglementent et accompagnent
l’usage de ces armes dans le cadre
d’une manifestation ?

5 - Comment un mineur a pu être gravement blessé, alors que lui et le groupe
de manifestants étaient déjà
ressortis sur la voie publique, en dehors du Rectorat ?

6 - Est-ce que des policiers ont visé sciemment des manifestants à hauteur
du visage ?

De notre côté, nous disposons d’un nombre croissant de témoignages (dont
seulement une
partie pu être remise ce jour à l’IGPN) et d’autre part nous sommes en
possession de deux « vues
axonométriques » des lieux (réalisées spécialement par M. Vayer, professeur,
pour aider à
l’enquête, et dont vous trouverez des copies ci-joint.)

Afin de parvenir ensemble à la vérité, nous vous proposons de bien vouloir
nous accorder le
plus rapidement possible un rendez-vous, afin d’envisager une méthode
opératoire pour parvenir
ensemble à la vérité sur les faits, et notamment l’éventualité d’organiser
des séances de
"reconstitution" (soit des « reconstitutions intellectuelles » à l’aide des
vues axonométriques et
des traces photographiques et vidéos des faits du 27 novembre dernier, soit
une reconstitution
sur place en invitant sur le site les témoins et participants.)

Dans cette attente, nous vous prions, Madame, Monsieur le Procureur, de
croire en nos
salutations distinguées,

Les parents de Pierre, Luc Douillard, Emmanuelle Lefevre


(La blessure a eu lieu au cours de la violente répression d’une manifestation étudiante et lycéenne pacifique contre la LRU le 27 novembre 2008 au Rectorat de Nantes . ) .

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