Une tribune pour les luttes

Publication du "Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente" par la Plateforme citoyenne France-Afrique.

Article mis en ligne le mardi 4 mars 2008

Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente, Plateforme citoyenne France-Afrique, L’Harmattan, 2007, 160 p, 13,30 euros.

Ce Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente reprend une grande partie des travaux du "Sommet citoyen France-Afrique" organisé en France en février 2007, alimentés par des propositions de la campagne « 2007 : état d’urgence planétaire, votons pour une France solidaire ! », coordonnée par le CRID. Il se fait également le relais de l’"Appel des organisations de la société civile africaine pour une autre relation et la France avec l’Afrique" finalisé lors du Forum Social de Nairobi en janvier 2007 par 150 organisations africaines.

Le texte de cet ouvrage a été consolidé par la "Plate-forme citoyenne France-Afrique" créée à l’issue du printemps électoral 2007 dans le but d’assurer le suivi des engagements de campagne des candidats, à commencer par ceux du président élu, Nicolas Sarkozy. Publié 6 mois après l’élection de ce dernier, ce Livre Blanc tire un premier bilan d’une politique de rupture qui se fait attendre.

Pour les contributeurs de cet ouvrage (militants des droits de l’Homme, responsables d’ONG, journalistes), la nécessité de rénover en profondeur et rapidement les relations franco-africaines apparaît pourtant comme une nécessité, du fait de la multiplication des tensions et des incompréhensions dans ces relations (politique migratoire, interventions militaires mais aussi «  humanitaires », discours de N. Sarkozy à Dakar, etc.).

Chapitre après chapitre ils appellent de leur vœu une politique de la France en Afrique au service de la démocratie, une politique transparente, contrôlée par le Parlement et les citoyens, respectueuse des droits économiques, sociaux et politiques des Africains. Ils prônent également une remise en cause des outils de domination militaire, linguistique et monétaire, une meilleure utilisation de la coopération multilatérale et enfin, une politique migratoire respectueuse des droits des migrants. Un véritable défi lancé aux nouveaux dirigeants français.

Sommaire

- Introduction

- Chapitre 1 : Pour une politique de la France en Afrique au service de la démocratie

- Chapitre 2 : Pour une relation France-Afrique respectant les droits économiques et sociaux des populations africaines

- Chapitre 3 : Pour des flux financiers entre la France et l’Afrique au service du développement

- Chapitre 4 : Pour une remise en cause de la domination française dans les domaines monétaire, militaire et culturel

* Pour une clarification du mandat politique de l’Organisation internationale de la Francophonie

* Pour l’ouverture d’un plan de transfert de souveraineté monétaire aux pays de la zone CFA

* Pour la publication des accords de défense et la suppression des bases militaires permanentes

- Chapitre 5 : Du local au multilatéral : pour une meilleure utilisation des espaces de coopération entre la France et l’Afrique

- Chapitre 6 : Pour une politique migratoire respectueuse des migrants

- Chapitre 7 : Pour une politique de la France en Afrique transparente et démocratique

- Conclusion
La plateforme citoyenne France-Afrique


- La plateforme citoyenne France-Afrique a été créée en juin 2007 au sein du CRID, suite à l’organisation du "Sommet alternatif citoyen France-Afrique" de Bamako en novembre 2005 (en partenariat avec la CAD Mali) et à celle du "Sommet citoyen France-Afrique" de février 2007 à Paris.

- Cette plate-forme associative a notamment pour but de promouvoir auprès des élus une politique de la France en Afrique responsable et transparente, dans le prolongement du travail d’interpellation sur les relations franco-africaines initié par la campagne « 2007, état d’urgence planétaire, votons pour une France solidaire ».

- Les organisations participantes sont : CCFD, Secours Catholique, Oxfam France Agir Ici, Survie, Ipam, Peuples Solidaires, Mouvement de la Paix, Cimade, ATTAC, Réseau Foi et Justice Europe-Afrique

- Ses axes de travail sont :

* Suivi du plaidoyer mené auprès des décideurs français dans le cadre de la campagne 2007 et du sommet citoyen France-Afrique

* Elargissement des actions de plaidoyer au cadre européen. Participation au sommet Europe Afrique de décembre 2007 au Portugal.

* Veille sur l’actualité politique, économique et militaire des relations franco-africaines

* Echanges réguliers d’informations et actions communes avec les plates-formes associatives existantes (Dette & Développement, Paradis fiscaux et judiciaires, Publiez ce que vous payez !, groupes-pays, etc.)

* Relais des mobilisations, campagnes menées par des organisations de la société civile africaines


Téléchargez le document de présentation du Livre Blanc et le bon de commande sur le site de SURVIE-France

http://survie-france.org/article.php3?id_article=1062


27 février 2008. Tribune de la Plate Forme citoyenne France Afrique sur Libération. Françafrique : à quand la rupture ?

Rebonds publié mercredi 27 février 2008 dans Libération

Au Tchad, la France vient encore de manquer une occasion d’entamer la rupture promise avec la Françafrique. Le « soutien sans faille » apporté par Paris a surtout encouragé Idriss Déby à bâillonner durablement l’opposition et à saboter le fragile processus de dialogue démocratique. Nicolas Sarkozy saura-t-il tirer les leçons de ce nouvel échec pour amorcer entre la France et l’Afrique « une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé », comme il l’a promis en mai 2006 à Cotonou (Bénin) ? Son deuxième voyage au sud du Sahara lui en offre une opportunité. La dernière, sans doute.

Car, seulement neuf mois après l’élection présidentielle, la liste des compromissions avec « les dictatures, les pays dirigés par des régimes corrompus », que l’UMP s’est pourtant engagée à ne plus soutenir, est déjà longue. Les quelques avancées sur le plan judiciaire, dans l’affaire du juge Borrel assassiné à Djibouti et dans celle des présumés génocidaires rwandais présents sur le territoire français, ne peuvent compenser le mépris affiché à Dakar, en juillet 2007, envers « l’homme africain », à qui jamais il ne viendrait « à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ». Les honneurs réservés aux Bongo, Kadhafi, Sassou-Nguesso, Biya et consorts en disent long sur la promesse de « refonder la politique africaine de la France sur des relations transparentes et officielles entre pays démocratiques ». Que dire de l’impunité dont jouissent ces dirigeants sur le sol français, après le classement sans suite d’une enquête pour recel qui démontrait pourtant l’origine douteuse du patrimoine colossal de plusieurs d’entre eux ? Las ! la justice et le sort des populations africaines semblent ne pas peser bien lourd face à l’épouvantail de la concurrence chinoise et américaine agité par Paris et au poids démesuré des intérêts économiques de groupes comme Bolloré, Total ou Areva dans la diplomatie élyséenne.

Englué dans ce qu’il qualifiait naguère de « réseaux d’un autre temps », Nicolas Sarkozy est aussi de plus en plus isolé. Car l’opinion publique est lasse que la France piétine en Afrique les valeurs qu’elle prétend incarner. La nécessité d’une réforme profonde de ces relations est aujourd’hui comprise et voulue par de plus en plus de conseillers politiques ministériels, de fonctionnaires du Trésor, de diplomates, sans oublier les députés membres de la mission d’information parlementaire sur les relations franco-africaines, créée en septembre dernier. En janvier, Jean-Marie Bockel lui-même exhortait le chef de l’Etat à « aller plus loin dans la démarche de rupture » avec la Françafrique. En somme, les conditions de cette « rupture » semblent réunies. L’Elysée saura-t-il en profiter ?

En publiant un Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente, les associations de la Plateforme citoyenne France-Afrique ont souhaité apporter des analyses et des propositions concrètes au débat. Lassées des discours incantatoires, elles attendent du président de la République des actes forts :

* mettre fin au domaine réservé que s’est arrogé l’Elysée dans les relations franco-africaines, en permettant un contrôle parlementaire effectif, notamment sur les accords de défense et de coopération militaire signés avec les Etats africains ;

* rompre effectivement avec les dictatures, diplomatiquement mais aussi symboliquement, par la saisie de leurs biens et avoirs mal acquis en France ;

* cesser de recourir à l’argumentaire de la stabilité politique et de l’absence d’alternative, en soutenant massivement les processus démocratiques associant l’ensemble des forces politiques et de société civile ;

* en cas d’intervention militaire, obtenir ex ante un mandat clair d’une instance multilatérale, mais aussi du Parlement français, à l’image de ce que fait l’Allemagne ;

* européaniser la politique française en Afrique et conditionner la coopération au renforcement démocratique, dans l’esprit des accords de Cotonou ;

* annuler les dettes africaines dites « odieuses », qui résultent d’un soutien passé de la France à des régimes dictatoriaux et dont la population n’a jamais bénéficié ;

* obtenir des entreprises françaises la publication détaillée de ce qu’elles versent aux gouvernements africains et promouvoir expressément l’adhésion des pays africains à l’initiative de transparence des industries extractives.

Il y a un an, plusieurs centaines d’associations et syndicats africains écrivaient au candidat Sarkozy : « Vous avez une occasion historique d’engager votre pays dans un nouveau contrat de génération avec les peuples de nos pays. » Il serait temps de la saisir.

Les associations de la Plateforme citoyenne France-Afrique

o Grégoire Niaudet, chargé de projet Afrique au Secours catholique-Caritas France

o Olivier Thimonier, secrétaire général de Survie

o Jean Merckaert, chargé de mission financement du développement au Comité catholique contre la faim et pour le développement

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