Une tribune pour les luttes

Contre le discours de Dakar

L’Afrique répond à Sarkozy

Collectif sous la direction de Makhily GASSAMA

Article mis en ligne le mardi 11 mars 2008

Format : 14,5 x 22 cm
480 pages
Prix de vente TTC : 19,8 €
ISBN : 978-2-84876-110-7

Présentation

Le 26 juillet 2007 à Dakar, lors de sa première visite en Afrique subsaharienne, Nicolas Sarkozy a prononcé son discours fondateur de la nouvelle politique africaine de la France. Le ton se voulait amical, un salut fraternel adressé aux jeunes d’Afrique. Mais derrière les paroles lénifiantes sur « l’âme de l’Afrique » ou la « Renaissance africaine » qu’il appelait de ses vœux, le président français a tenu des propos qui ont profondément blessé les Africains. Il y a eu, bien sûr, le désormais légendaire « paysan africain », selon Sarkozy, qui « ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles »… Mais aussi, comme certains l’ont noté, dans le ton parfois conciliant du discours, une manière sournoise de réévaluer l’œuvre de la colonisation : « [Le colonisateur] a pris, mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. » Aucun signe de repentance qui aurait libéré le dialogue… Par contre le ton, à la fois paternaliste et arrogant, avait surpris et irrité...

Passé ce moment d’exaspération, un groupe d’intellectuels africains ont décidé de donner la réplique en attirant l’attention sur les vrais enjeux, sur les questions essentielles qui interpellent le vieux continent... Quelle est la responsabilité réelle des Africains dans les souffrances intolérables qu’endurent les populations (violences génocidaires, guerres fratricides, dictatures, gaspillage et pillages des ressources, persistance du pacte colonial, etc.) ? Quelle place pour l’Afrique dans la mondialisation ? Comment lutter contre la collusion de l’État français avec les dictateurs du continent ? Comment mettre un terme aux affreuses manipulations des Indépendances par la classe politique française ? Comment combattre le révisionnisme sournois qui réécrit l’histoire de la Traite négrière et de la colonisation ? Pourquoi des arguments racistes peuvent-ils être développés en terre africaine par le chef d’État d’une puissance moderne, d’un pays colonisateur de surcroît ? Quels effets de tels propos peuvent-ils avoir sur la jeunesse africaine en risquant de l’enfermer dans des clichés éculés ?

Ces vingt penseurs et artistes ont décidé de combattre avec vigueur (et rigueur !) les arguments de Nicolas Sarkozy et, surtout, d’élargir le débat aux véritables défis pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain.

Liste des auteurs

• Zohra Bouchentouf-Siagh : professeur de linguistique et de littérature française et francophone (Alger, Vienne)
• Demba Moussa Dembélé : économiste (Dakar)
• Mamoussé Diagne : essayiste, professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
• Souleymane Bachir Diagne : essayiste, professeur (Dakar, Chicago)
• Boubacar Boris Diop : écrivain (Dakar)
• Babacar Diop Buuba : professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
• Dialo Diop : médecin biologiste (Dakar)
• Makhily Gassama : essayiste (Dakar)
• Koulsy Lamko : écrivain, professeur (N’Djaména)
• Gourmo Abdoul Lô : avocat, professeur (Nouakchott, Le Havre)
• Louise-Marie Maes Diop : géographe (Dakar)
• Kettly Mars : romancière (Haïti)
• Mwatha Musanji Ngalasso : essayiste, professeur (Université Montaigne, Bordeaux)
• Patrice Nganang : écrivain, essayiste, professeur (Cameroun, USA)
• Djibril Tamsir Niane : écrivain, historien (Conakry)
• Théophile Obenga : égyptologue, linguiste, historien, professeur (France, Université d’État de San Francisco USA)
• Raharimanana : écrivain (Madagascar)
• Bamba Sakho : docteur en sciences, chercheur (France)
• E. H. Ibrahima Sall : économiste
• Mahamadou Siribié : doctorant en Science politique (Nice, France)
• Adama Sow Diéye : professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
• Odile Tobner : professeur (Cameroun, France)
• Lye M. Yoka : professeur (Kinshasa)

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Vos commentaires

  • Le 3 avril 2008 à 03:33, par Agnan DANKU En réponse à : L’Afrique répond à Sarkozy

    Cher(es) Messieurs, Mesdames,

    Le discours de Sarkozy à Dakar n’est pas fortuit. Il s’adresse très particulièrement aux Subsahariens qui assurent l’éducation de leurs peuples en français, en anglais et en portugais et aussi à ceux qui vivent dans les dépendances religieuse et économique.
    Si j’avais à donner une réponse à Sarkozy contre son discours à Dakar, ce serait dans ma langue maternelle que je lui écrirais le livre accompagné de sa traduction dans la langue de Molière.

    Le tollé que ce discours soulève et le boucan pantois que font tous les Subsahariens qui ont participé à la rédaction du fameux livre n’impressionnent pas le petit Sarkozy devenu Président de la République française.

    Ainsi, j’envoie à tous ces Subsahariens ce Texte miroir d’une seule page
    Bonne lecture.

    LA HONTE

    Diplômés des grandes écoles et universités, polyglottes mais sans savoir écrire ni lire nos langues ni y réfléchir, signe d’insensibilité à la honte et à l’honneur et de celui d’un haut niveau de mimétisme primaire ;

    Chantant nos hymnes nationaux dans des langues étrangères sur tous les podiums, inconscients qu’aucun peuple ne s’est développé avec une langue étrangère ni avec le zèle à faire la promotion de la culture de ses dompteurs, et que la colonisation de l’esprit est un frein au développement et à l’anéantissement de l’identité culturelle ;

    Christianisés ou islamisés, - magot humain toujours partageable -, déniant et dénigrant nos propres croyances afin de paraître civilisés aux yeux de nos maîtres qui, eux, savent qu’ « On domine d’autant mieux que le dominé reste inconscient. Les colonisés et leurs oppresseurs savent que la relation de domination n’est pas seulement fondée sur la suprématie de la force. Passé le temps de la conquête, sonne l’heure du contrôle des esprits. C’est pourquoi, sur le long terme, pour tout empire désirant durer, le grand enjeu consiste à domestiquer les âmes » ;

    NOUS, Subsahariens, sans l’estime de nous-mêmes, sans vision d’avenir ; violant nos institutions, prenant le mensonge pour une vertu, experts dans le gaspillage et dans la corruption – plus de quatre décennies d’indépendance, et rien de concret -, échouant là tous les autres réussissent malgré nos ressources naturelles,
    SOMMES À L’AGONIE

    Péter les bretelles et se présenter comme chefs d’État, généraux d’armée, docteurs, professeurs, ingénieurs, écrivains, étudiants…ne nous confèrent aucune crédibilité. Dans la mémoire collective du reste du monde, nous sommes des assistés sociaux internationaux qu’il faut aider sur tous les plans parce que dans notre conscience et subconscience d’aliénés nous avons l’appétence des aides extérieures : économique, religieuse et linguistique.

    Si nous voulions sortir de cette situation misérable et ordurière qui nous relègue au rang de sous-hommes et d’avortons de l’humanité, nous devrions élaborer des programmes de changements radicaux : faire notre éducation scolaire dans nos langues, avoir l’estime de nous-mêmes en mettant en exergue nos propres croyances et élaborer avec rigueur, intégrité des modèles de développement en tenant compte de notre identité culturelle dépouillée des plâtras étouffants des religions importées pour lesquelles nous dépensons des sommes énormes.

    Agnan Danku
    agnandanku chez yahoo.ca

  • Le 16 avril 2008 à 21:57, par Christina Rupolo En réponse à : L’Afrique répond à Sarkozy

    Voici un débat salutaire !Pour les curieux mais ignorants dont je me réclame, malgré un peu de Lévi-Strauss et quelques incursions ethnologiques.
    Nous avons du mal à comprendre l’Afrique. Habitués à classer et juger, l’orgueil de l’Occident dont le monde entier vise à adopter le mode de vie et de développement, semble difficile à réfréner. Il faut raconter l’Afrique d’avant la colonisation, dans ses dimensions culturelles, technique et politique.
    Sans oublier de se demander ce qu’était notre fier Occident au temps de l’empire Maya...puisque nous ne savons pas encore porter un regard sans jugement !

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