Une tribune pour les luttes

18 mars : la cour d’appel condamne la victime !

Salif KAMATE tabassé par les expulseurs sur un Paris-Bamako, relaxé en juin, et très lourdement condamné hier par la cour d’appel de Paris !

5 mois ferme et 1400 euros d’amende !!!

Article mis en ligne le mardi 18 mars 2008

Le 26 mai 2007 les passagers du Paris-Bamako sont confrontés à une expulsion
particulièrement brutale. Pour faire taire le malien qu’on embarque,
tous les moyens sont
bons : l’un des policiers pratique un étranglement, l’autre lui assène
de grands coups de
poing dans le ventre. Ses hurlements se transforment en plaintes
rauques. La scène dure
dix bonnes minutes, peut-être plus. Les protestations des passagers,
parmi lesquels le
cinéaste Laurent Cantet et son assistant Michel Dubois, ne parviennent
pas à calmer les
policiers qui finissent par immobiliser et sangler leur victime. Mais
Salif perd
connaissance, yeux révulsés, langue pendante, écume aux lèvres. Les
violences qu’il a
subies sont telles que beaucoup le croient mort. Un mouvement de
panique gagne les
policiers qui prennent alors la décision de l’évacuer, sous assistance
respiratoire.

Quelques minutes plus tard, la Police des Air et des Frontière fait
irruption dans
l’appareil, pour s’en prendre aux passagers. Michel Dubois, qui avait
protesté comme les
autres, est débarqué et sera placé quelques heures en garde à vue. Le
commandant de bord
prend la décision d’annuler le vol, invoquant les manifestations d ?une
minorité de
passagers et oubliant les faits qui les avaient provoquées !

Salif KAMATE était la victime de cette opération policière musclée.

Inculpé pour délit de
refus d’embarquement, il a comparu une première fois le 28 juin devant
le TGI de Bobigny
qui a pris une décision de relaxe, reconnaissant "la légitime défense
face à une
brutalité démesurée
" des policiers ! Mais une telle décision était
apparue au procureur
comme un désaveu implicite de la politique Hortefeux-Sarkozy et une
jurisprudence
favorable aux expulsés quasi quotidiens du Paris-Bamako ! Il a fait appel.

Devant la Cour d ?appel de Paris, on a assisté le 19 février à une
étonnante présentation
des faits par le ministère public :
- Sous prétexte que Salif avait été autrefois consommateur de
drogue, négligeant
le courage de cet homme qui avait réussi à décrocher depuis longtemps
et à retrouver une
vie normale, le procureur en a fait un trafiquant notoire et un
dangereux délinquant.
- Les policiers étaient devenus des victimes : cet homme
ligoté, frappé et
étranglé aurait sauvagement agressé un policier mordu au bras !
- Et oublié le témoignage de Michel Dubois, travaillant avec
un réalisateur trop
proche de RESF pour qu’il se soit trouvé tout à fait par hasard dans
l’avion ; oubliées
les violences scandaleuses subies lors de son embarquement ; oubliée
l’injustice d’une
décision d’expulsion ; oubliée la vie familiale de cet homme présent
en France depuis de
très nombreuses années et qui a élevé le fils de sa compagne depuis
l’âge de 2 ans ?

Hier, mardi 18 mars, le verdict est tombé comme un nouveau coup porté
à la victime : 5
mois de prison ferme (le procureur en avait requis juste un de plus)
et 1300 euros à
payer !

Salif KAMATE a fait l’objet d’un verdict politique, particulièrement
malvenu au milieu de
la 8ème conférence Franco-Malienne sur un éventuel "accord de
réadmission
" qui se tient à
Paris en ce moment même. A l’heure ou le Mali prend nettement position
contre les
expulsions musclés de ses ressortissants, il fallait décourager tous
les étrangers qu’on
cherche à renvoyer jour après jour vers leur pays d’origine, la
misère, la solitude et
quelquefois la mort. Il fallait une fois de plus stigmatiser
l’étranger comme un
dangereux fauteur de troubles, décourager la révolte des victimes,
réprimer la solidarité
des citoyens. Il fallait faire un exemple au moment même où les
incidents dramatiques se
multiplient dans les foyers, les centres de rétention ou les avions,
alors que se
préparent d’autres expulsions et d’autres poursuites. Plutôt que
l’honneur et l’innocence
d’un homme, il fallait sauvegarder la politique du chiffre ! C’est
insupportable.

Le Réseau Education Sans Frontières renouvelle à Salif Kamate
l’expression de sa
solidarité pleine et entière. Il appelle tous ceux qui le peuvent à
lui apporter leur
soutien humain et matériel dans l’épreuve qu’il traverse.

http://www.educationsansfrontieres.org/


18 février

Salif Kamaté, avait été relaxé en juin par le tribunal de Bobigny qui avait reconnu qu’il avait agi en situation de légitime défense face au « caractère manifestement excessif de la contrainte exercée par les policiers » lors de son expulsion manquée vers Bamako.

Face à la jurisprudence que constituait ce premier jugement, le Parquet avait fait appel. Salif Kamaté est donc comparu le 19 février devant la Cour d’Appel de Paris, défendu comme lors du premier procès par Maître Herrero.

Au terme des débats, qui ont duré plus d’une heure face à une salle pleine, le Procureur a requis une peine globale de six mois de prison ferme et 1700 Euros de dommages et intérêts.

La décision est mise en délibéré jusqu’au 18 mars prochain.

A suivre donc…


Rappel :

Non aux expulsions ! Relaxe pour Salif !

Salif est ce père de famille qui risque d’être victime en 2ème instance de l’acharnement judiciaire et de la volonté répressive du procureur. Visiblement, on n’a pas admis au ministère de la justice et au ministère de l’immigration et de l’identité nationale l’acquittement par le TGI de Bobigny de ce père de famille qui refusait d’embarquer, ne pouvant se résoudre à abandonner les siens !

Et pourtant les témoignages des passagers du vol Paris- Bamako du 26 mai 2007 ont permis d’établir les actes de violences dont Salif a été victime de la part d’une escorte qui voulait à toutes forces le faire taire : l’un des policiers pratique sur lui un étranglement, l’autre lui assène de grands coups de poing dans le ventre. Ses hurlements se transforment en plaintes rauques. La scène dure dix bonnes minutes, peut-être plus. Les protestations des passagers, parmi lesquels le cinéaste Laurent Cantet et son assistant Michel Dubois, ne parviennent pas à calmer les policiers qui finissent par immobiliser et sangler leur victime. Mais Salif perd connaissance, yeux révulsés, langue pendante, écume aux lèvres. Les violences qu’il a subies sont telles que beaucoup le croient mort. Un mouvement de panique gagne les policiers qui prennent alors la décision de l’évacuer, sous assistance respiratoire. Quelques minutes plus tard, alors que la confusion est à son comble, la Police des Air et des Frontière fait irruption dans l’appareil. Michel Dubois, qui avait protesté comme les autres, est débarqué et sera placé quelques heures en garde à vue. Le commandant de bord prend la décision d’annuler le vol, invoquant les manifestations d’une minorité de passagers et oubliant les faits qui les avaient provoquées !

Deux jours plus tard, Salif comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour trois motifs (« opposition à une mesure d’éloignement », « refus d’embarquement » et « coups et blessures contre un policier ») ! Mais le tribunal refusait la comparution immédiate, renvoyait l’audience au 28 juin, date à laquelle Salif allait être relaxé. Mais le procureur a fait appel et ce père de famille qui n’a rien d’autre à se reprocher que sa volonté de rester auprès de sa famille et de continuer à vivre dans le pays qui est devenu le sien, risque à nouveau une lourde condamnation.

Derrière cet épisode, c’est la politique du chiffre et son engrenage impitoyable qui sont en cause. C’est la brutalité récurrente de toutes les expulsions, quelles qu’en soient les circonstances ! Aux yeux de ceux qui nous gouvernent, la relaxe de Salif Kamate reconnaissait implicitement un droit à la résistance légitime pour quelqu’un dont l’expulsion apparaissait comme une remise en cause de ses droits les plus fondamentaux. Salif apparaissait comme une victime et non comme un coupable. Aux yeux de ceux qui nous gouvernent, il fallait décourager la révolte des victimes, réprimer la solidarité des citoyens, faire un exemple alors même que s’annonçaient d’autres poursuites !

C’est cette logique répressive qui risque de rattraper Salif Kamate le 19 février ! :

RESF affirme sa solidarité avec Salif

et exige confirmation de sa relaxe !

Il appelle à venir le soutenir mardi 19 février, 9 h, 12ème chambre, TGI de Paris (M° Cité).

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