Une tribune pour les luttes

STOP KWASSA !

Lettre ouverte aux Français

"Aujourd’hui près d’un millier de morts par an"...

Article mis en ligne le mercredi 26 mars 2008

Chers concitoyens,

Voilà à peine douze ans que la France et le reste du monde sont indifférents aux conséquences de "l’immigration clandestine" (1) entre les îles de Mayotte et d’Anjouan. Un drame humain sans précédent, accentué par la traversée clandestine de 70km de côtes séparant l’ile de Mayotte, collectivité départementale française et l’Union des Comores. (2) Plus de 4500 morts !

L’archipel des Comores, situé entre le sud-est du continent africain et Madagascar, est constitué de quatre îles : la Grande Comore, Anjouan, Moheli et Mayotte. Anciennes colonies françaises, ces îles partagent une langue, une culture et une population homogène. Leur destin politique fut commun jusqu’au lendemain de l’année 1974. Le résultat d’un référendum d’autodétermination, contesté par l’ONU, scinde l’archipel en deux entités politiquement différentes : d’une part la République fédérale islamique des Comores aujourd’hui Union des Comores et d’autre part la collectivité française de Mayotte. Malgré d’incessantes résolutions onusiennes, l’île de Mayotte reste dans le giron français. Les inégalités de développement, la croissance démographique galopante, la fracture sociétale et l’instabilité politique des Comores engendrent un déplacement massif de Comoriens vers Mayotte.

Pour contenir cette migration, la liberté de circulation entre Mayotte et le reste des Comores est entravée en 1995. Un visa est requis pour les ressortissants comoriens pour toute entrée ou séjour à Mayotte. Cette barrière politico-administrative engendre une frustration conduisant à l’immigration clandestine à bord d’embarcations de fortune - kwassa kwassa - à la source de nombreux chavirages. En l’absence d’observatoire, l’on estime à plus d’un millier de morts par an, dont 21 morts et 46 disparus pour le seul été 2007. Un phénomène devenu la première cause de mortalité au sein de l’archipel des Comores. Ô combien de vies brisées. Ô combien d’enfants n’ayant pas vu leurs parents revenir à la maison.

En dépit de ce cimetière marin, les migrants à Mayotte, estimés à 55 000 sur une population totale de 160 265 selon l’INSEE, sont victimes de patrons voyous qui les emploient sans la moindre protection sociale. Face à une population mahoraise désabusée, désemparée et dépassée, les migrants deviennent des boucs émissaires au point qu’un maire ait ordonné l’incendie de leurs habitations. Nous ne sommes pas loin de l’affaire des paillottes corses. De fortes tensions sociales restent palpables. Néanmoins brisons les tabous et exigeons l’arrêt de ce fléau par des solutions pérennes et humaines.

N’est-il pas temps de dire tout simplement stop à cette traversée de la mort ? N’est-il pas temps que la politique de coopération bilatérale franco-comorienne investisse dans l’amélioration des infrastructures hospitalières déjà existantes aux Comores ? N’est-il pas temps de privilégier l’éducation par l’amélioration de la formation du corps enseignant, par la relance d’une augmentation des infrastructures d’accueil ? N’est-il pas temps d’apporter des solutions face aux jeunes comoriens ayant quitté le système scolaire sans aucune qualification ? N’est-il pas temps de revoir la rigueur douanière que subissent les denrées comoriennes à l’entrée de Mayotte afin de favoriser l’artisanat au sein de l’archipel ? N’est-il pas temps d’établir des partenariats d’échanges universitaires pour favoriser l’émergence de pôles de compétences et de recherches scientifiques ?

Chers concitoyens, cette traversée clandestine demeure un véritable drame humain, stoppons ce phénomène en exigeant de nos élus et représentants d’Etat d’inscrire les solutions humaines à l’ordre du jour à l’Assemblée Nationale.

Signons la pétition pour dire NON à la traversée de la mort : www.stop-kwassa.org.

STOP KWASSA !
Collectif des jeunes franco-comoriens contre la traversée de la mort.

1 Immigration clandestine : Ce terme est sujet à controverse, de part la législation internationale, l’ONU n’a pas reconnu en tant qu’entité appartenant à la France, l’île de Mayotte. De plus, dans la constitution Comorienne, l’île de Mayotte est inscrite comme faisant partie de l’ensemble comorien. De ce fait, l’utilisation du mot immigration ne correspond pas à la législation internationale.

2 Le rapport déposé au sénat le 06 juin 2001 (Rapport n° 361 (2000-2001) de M. José BALARELLO), précise que de 1997 à 2001, on estime à 4.000 le nombre de morts dû à des naufrages de kwassa-kwassa. Soit 1000 morts par an.

Sources : http://www.senat.fr/rap/l00-361/l00-36115.html.

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