Une tribune pour les luttes

mardi 6 mai 2008

MARSEILLE

19 h 30

19 h 30 à Mille Bâbords, 61 rue Consolat, 13001

Rencontre-débat avec le CAPISE*

Chiapas : offensive générale ?

Collectif Caracol Marseille

* CAPISE : Centro de Análisis Políticos e Investigaciones Sociales y Económicas

Le CAPISE, association basée à San Cristóbal de las Casas, au Chiapas (Mexique), effectue un travail très important sur la guerre de basse intensité que le gouvernement mexicain mène depuis plus de dix ans contre le soulèvement paysan indigène zapatiste.

Ces dernières années, le CAPISE a recensé l’ensemble des bases (environ une centaine) de l’armée fédérale dans cet Etat du sud-est mexicain, et étudié la stratégie sous-jacente à ce type de déploiement. Elle a également analysé la paramilitarisation, à savoir les liens existants (armement, entraînement, financement, protection) entre les camps militaires et les différents groupes armés opérant contre les communautés zapatistes.

Depuis un peu plus d’un an, cette association assure l’envoi de "brigades d’observation", composées de volontaires de la société civile mexicaine et internationale dans les zones les plus menacées par les agressions et exactions des bandes paramilitaires (notamment l’OPDDIC). La documentation collectée dans le cadre de ces observations est rassemblée, publiée et renforcée par une étude juridique des atteintes aux droits des communautés indigènes. Elle est complétée par des actions en justice, accompagnées de dénonciations publiques. Actuellement, par exemple, le CAPISE appelle à boycotter le tourisme dans la région d’Agua Azul, où se multiplient les attaques destinées à expulser les communautés zapatistes, dans le but de mettre en place des opérations touristiques d’envergure (souvent sous l’appellation d’ "écotourisme"). La tournée entreprise en Amérique du Nord et en Europe Occidentale par les envoyés du CAPISE a pour but d’alerter l’opinion publique, celle des associations, syndicats, groupements politiques, sur la gravité de la situation au Chiapas. En effet, l’offensive actuelle est, aux dires de nombreux observateurs, "sans précédent depuis 1995".

1er janvier1994 : le traité de libre commerce de l’Amérique du Nord (TLCAN) entre en vigueur. Pendant que le Mexique d’en haut sable le champagne, l’armée zapatiste de libération nationale (EZLN) occupe 7 villes du Chiapas et lance le « ya basta ! » ça suffit, du Mexique d’en bas.

1er janvier 2008 : c’est l’ultime volet du TLCAN, (maïs, haricots rouges -cultivés et consommés par les paysans- lait, canne à sucre) avec des effets qui s’annoncent ravageurs pour une paysannerie déjà exsangue.

Les zapatistes, eux, sont toujours là. Ils ont résisté aux attaques militaires de1994 et de février 1995, à la stratégie de para militarisation qui a conduit au massacre d’Actéal le 22/12/1997, aux faux-semblants gouvernementaux, au succès puis à l’oubli médiatique, aux erreurs, à l’usure d’une lutte menée dans des conditions éminemment précaires.

Le zapatisme est passé de mode ?

Eh bien tant mieux !

C’est l’occasion d’un regard plus attentif sur ces 14 années (1994-2008)

Après 12 jours de combats, en janvier 1994, les zapatistes acceptent le cessez-le-feu réclamé par une ample mobilisation populaire et s’engagent dans la recherche d’une solution négociée. Le 16 février 1996, ils signent les accords de San Andres (sur les droits »des peuples indigènes ») avec le gouvernement fédéral, qui refuse de les appliquer.

En 2001 dans le contexte créé par la défaite électorale du PRI, et l’élection de Vicente Fox, les zapatistes entreprennent la « Marche de la couleur de la terre » pour demander au parlement de voter l’application de ces accords. Tous les partis politiques approuvent un texte profondément différent, que les organisations indigènes du Mexique dénoncent comme une trahison.

Dès 2003, les zapatistes engagent la mise en œuvre de facto de l’autonomie prévue dans les accords de San Andres en créant 5 « conseils de bon gouvernement » (juntas de buen gobierno), instances régionales destinées à coordonner l’action des communes (municipes) autonomes esquissées dès 1994.
Les conseils (juntas) amplifient les efforts pour multiplier cliniques et écoles autonomes (associant revalorisation des cultures indigènes et ouverture aux peuples du monde) développer des coopératives de production, mettre en place une justice fondée sur la réparation plutôt que sur le châtiment. Ils sont formés par des membres élus des communes autonomes, pour des mandats courts, révocables à tout moment, et sans rémunération. Loin de toute idéalisation, c’est une « école de gouvernement » au ras du sol, par laquelle des communautés paysannes s’efforcent de construire leur auto-organisation en même temps qu’une réalité sociale neuve. Une autre voie, sans parti état, pour changer le monde.

Les zapatistes ont ouvert une petite fenêtre. Absolument modeste, terriblement imparfaite, une pratique rebelle. On peut l’ignorer, s’en gausser, ou savoir gré aux indigènes du Chiapas de leur humble héroïsme. Et porter au crédit des zapatistes le mérite d’une pensée politique neuve, où se mêlent la poésie et le goût de la fête, l’humour et l’auto-dérision. Les zapatistes sont l’objet depuis plusieurs mois d’un harcèlement de plus en plus pressant des paramilitaires, ils viennent d’indiquer, avec gravité qu’une offensive d’envergure se prépare, répandant déjà « l’odeur fétide de la guerre. » (d’après J. Baschet)

P.-S.

Collectif Caracol Marseille,
- C/o 61 rue Consolat Marseille 13001
- Contact : caracolmarseille chez no-log.org

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