Une tribune pour les luttes

Le Collectif des Amis de Léo

Nous sommes en colère et elle grandit de jour en jour !

Article mis en ligne le vendredi 23 mai 2008

mercredi 21 mai 2008

Le 17 novembre dernier, notre parent et ami monsieur Léonard AMAN-CLAIR a été expulsé du territoire français par décision de monsieur Jacques GÉRAULT, préfet du Rhône.

Quelle faute abominable a donc commis Léonard, fils adoptif d’une famille française, pour que les interventions écrites à ce jour de plus d’une dizaine d’élus de notre région, toutes sensibilités politiques confondues, n’aient pas réussi à faire s’interroger ce préfet sur sa possible absence de discernement ?

Les récentes réponses écrites apportées par la préfecture à deux demandes de recours amiables qui lui ont été adressés nous indiquent les motivations profondes de monsieur GÉRAULT, même si elles ne sont qu’une insulte à notre intelligence, nous les parents et amis de Léonard, citoyens français et européens.

Car que dit le triste sire Jacques GÉRAULT ?

Dans un premier courrier1, début février 2008, il précise, sous la signature de son directeur de cabinet, l’argument de fond justifiant l’expulsion : Léonard qui vivait en France depuis près de 5 ans déjà, n’habitait plus avec son père adoptif depuis 2 ans ; ce dernier ayant pris comme beaucoup sa retraite dans un village à proximité de Lyon, Léonard est resté vivre à Lyon dans un studio gracieusement mis à disposition par ses proches.

Voilà un argument fondamental ! Tant il est rare dans notre société européenne que les trentenaires continuent à vivre chez leurs parents… Rien ne démontre l’absence d’attaches familiales, sauf à considérer que le fait de quitter le domicile parental à l’âge adulte, conduit tous les enfants de France à couper leurs liens affectifs avec leurs familles (sic). Dans quel monde vit ce préfet, celui de Tanguy ?

Il faut aussi remarquer dans ce même courrier préfectoral, l’insistance d’une périphrase ampoulée qualifiant le père de "personne de nationalité française qui l’avait adopté". D’aucun aurait dit le père adoptif, mais quand on est haut fonctionnaire, on est sans doute un peu trop loin de la réalité du monde qu’il en devient difficile de l’exprimer.

Pourtant, les services fiscaux du Rhône, eux, ne s’y sont pas trompés, comprenant la solidarité familiale qui voyait le père adoptif payer en décembre 2007 les impôts locaux du fils puisque ce dernier en était empêché pour avoir été expulsé début novembre après seulement dix jours de rétention. L’affluence de la famille et des amis de Léonard le visitant tous les jours, dûment consignée sur les registres du centre de rétention de Satolas, n’a en rien interpellé le préfet.

Monsieur Jacques GÉRAULT poursuit son courrier en indiquant qu’aucune demande d’asile n’aurait été déposée. Une grande pagaille doit régner dans ses services, puisqu’une demande a bien été déposée le 18 février 2003 auprès du Bureau des Étrangers et régulièrement tamponnée par ce service. Il faut dire que le précédent préfet, bien plus sage, avait écrit que « [s’il] refusait le séjour, cela ne constituait pas une mesure contraignante puisqu’elle n’emporte pas l’éloignement vers le pays d’origine. ». Fraîchement nommé, le sieur GÉRAULT avait donc besoin d’une action d’éclat, même inique, contredisant son honorable prédécesseur. Allez hop ! Célérité, légèreté pour mieux expulser.

Malhonnête aussi, puisque dans ce même courrier, monsieur le préfet écrit que Léonard n’aurait pas démontré avoir encouru de risques en Côte d’Ivoire ! Le préfet aurait-il été mal renseigné ou considèrerait-il pour nulles les attestations écrites de quatre autorités ivoiriennes (vice-Gouverneur, police, hôpital, et huissier de justice) relatant les brutalités dont a été victime Léonard en 2002 à Abidjan lors de « chasses aux français » de sinistre mémoire et qui avaient précipité son départ pour la France ?

Car contrairement à monsieur le préfet, la population ivoirienne perçoit Léonard comme appartenant à la communauté française, car son adoption par une famille « blanche » dont il porte le patronyme, y est notoirement connue de longue date. « L’armée d’occupation » des français telle que la surnomme aujourd’hui à tort ou à raison certaines autorités ivoiriennes, réside toujours à Abidjan : tous comprendront donc les tourments du quotidien de Léonard.

Cette appartenance fait irrémédiablement partie de l’identité de Léonard : personne, même pas un préfet, ne peut plus exiger qu’il la modifie.

Il n’en reste pas moins qu’un haut fonctionnaire brutalisant moralement une famille française, celle de Léonard, composée de gens âgés, qui eux ne peuvent pas être expulsés mais finiront leur vie dans la tristesse, c’est bien servir la France n’est-ce pas ! Une double peine innovée par le sieur GÉRAULT.

Léonard a des liens très anciens avec notre pays, légalement depuis plus de onze ans, et avec sa famille adoptive française depuis son enfance. Car que sait le préfet de l’éducation d’un orphelin de père à la naissance, abandonné par sa mère et élevé par une autre branche familiale dans un pays africain voisin ? Sait-il ce que c’est que de passer ses journées d’enfant obligé à traîner un filet de pêche côtier plutôt que d’aller à l’école ? Sait-il ce que c’est l’honneur d’une famille française qui paye la scolarité d’un tel enfant tout en le laissant vivre auprès de ses parents africains indirects ? Et puis la mort, celle de tous les parents de cette branche familiale les uns après les autres, sans autre réconfort finalement que celui d’une adoption par la seule famille qui demeure encore proche, même si elle est blanche et vit au loin en France ?

Une telle indifférence morale confère-t-elle encore la dignité nécessaire à un haut fonctionnaire de notre pays ?

Ensuite la belle excuse ! Le bel esprit de responsabilité !

Dans un second courrier2, rédigé fin mars 2008, sans doute face à l’insistance d’élus l’enjoignant d’un peu plus de discernement, le sieur GÉRAULT prend lui-même la plume et écrit : « J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que l’arrêté de reconduite pris à son encontre le 07/11/07 ayant été exécuté, il n’y pas lieu de l’abroger. » . Puis il s’en lave les mains en se défaussant sur les services consulaires du Ministère des Affaires Étrangères …

Tout arrêté administratif peut toujours être abrogé par son auteur quel que soit le domaine d’application ; l’expulsion d’étrangers n’est pas en dehors du champ de cette généralité.

Faut-il vraiment rappeler à un préfet de la République le sens précis des mots ? À savoir que l’abrogation d’un arrêté préfectoral consiste en une sortie en vigueur mettant fin à son existence à l’avenir, mais sans remettre en cause les effets produits antérieurement lors de son application ; à ne pas confondre avec une annulation ou un report. L’exécution d’un arrêté est le motif préalable à une demande d’abrogation, il ne faut pas tout inverser !

Est-ce déchoir pour un préfet, pourtant seul face à plus d’une dizaine d’élus appartenant à tous les grands partis politiques de notre démocratie, et à 500 citoyens toujours plus nombreux à nous soutenir en demandant par écrit le retour de Léonard en France, de reconnaître que dans la précipitation il s’est trompé !

Alors oui, il faudrait, si le sieur GÉRAULT poursuivait dans son autisme, à se résoudre avec étonnement à considérer que pour ce haut fonctionnaire un enfant noir dans une famille blanche cela n’apparaît ni convenable, ni imaginable !

Au regard de l’Esprit des Lumières on ne peut pas dire que monsieur GÉRAULT soit un « honnête homme ».

Aujourd’hui, le dossier de Léonard a été transmis au gouvernement français, en particulier au Ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du Développement solidaire qui a indiqué qu’il l’étudiait de nouveau ; nous sommes donc impatients et vigilants.

Le Collectif des Amis de Léo

http://amisducollectifdeleo.blogspot.com/

où l’on peut signer en ligne :

Pétition

Je soutiens l’action du collectif des amis de Léonard pour son retour parmi sa famille en France. Plus généralement, je demande à ce que la filiation légalement prononcée de toute personne d’origine étrangère avec des familles françaises ou européennes soit respectée et non plus suspectée par les autorités ; que ces personnes obtiennent la liberté de rencontrer sans contrainte leurs parents en France et en Europe, de vivre à leurs côtés s’ils le souhaitent, et qu’une modification des lois et réglements puisse mieux faire respecter leur droit à une vie familiale.


Rappel

dans Charlie Hebdo du 9 janvier 2008

« le Nettoyeur » a frappé

Léonard avait quitté Abidjan et vivait à Lyon chez son père adoptif depuis janvier 2003, époque où, menacé de mort à plusieurs reprises par les « patriotes » ivoiriens, en tant que « fils de Français », il avait vu son magasin de location de chaises détruit et fut roué de coups avec une incapacité de travail de 21 jours. Demandeur d’asile en France en attente de papiers (malgré son adoption, il n’était pas français car la nationalité n’est délivrée qu’aux enfants mineurs), Léonard a été contrôlé le 6 novembre 2007 par des policiers à la sortie d’une boulangerie lyonnaise, placé en centre de rétention, et expulsé à Abidjan le 17 novembre. « Il n’avait même pas volé un bonbon ! », s’insurge un de ses amis, Philippe Monthubert, président de son comité de soutien (http://amisducollectifdeleo.blogspot.com). Certes, mais un Noir qui mange le pain des Français, c’est suspect.

« Nous avons beaucoup de mal à joindre Léo là-bas, puisqu’il est SDF », raconte Phitippe Monthubert. Ses parents ont dû passer Noël sans lui, pour la première fois depuis dix ans, et s’inquiètent pour la vie de leur fils. Dans un document du 10 avril 2006, le premier vice-gouverneur d’Abidjan constatait : « M. Léonard AmanClair, notoirement connu comme le fils d’un ressortissant français, ne saurait plus être en mesure d’exercer son activité professionnelle de commerçant de manière sereine, ni non plus d’obtenir des conditions de sécurité personnelle acceptables. » La bonne image de Jacques Gérault auprès de Sarkozy est à ce prix.

EMMANUELLE VEIL

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