CRUEL DEBUT DE VACANCES SCOLAIRES POUR

DEUX LYCEENS SANS-PAPIERS EXPULSES SANS MENAGEMENT

ULRICH BAYONNE : 19 ANS

Après 26 jours d’enfermement au centre de rétention Saint-Exupéry, Ulrich a été réveillé à 4h30 du matin vendredi dernier 18 juillet. Les policiers lui ont donné vingt minutes pour préparer ses affaires. Embarqué dans un avion pour Paris, il a ensuite été mis dans un autre avion pour Brazzaville. Brazzaville, une ville où personne ne l’attendait. A Roissy, en se levant de leurs sièges, les passagers du vol révoltés avaient tous protesté et demandé qu’Ulrich et une autre jeune expulsée soient débarqués. En vain ! Aujourd’hui Ulrich ne survit à Brazzaville que grâce à la solidarité de ces passagers. Son avenir est totalement incertain, et il est désespéré. Il n’a qu’un père à 500 kms de Brazzaville, avec des obligations professionnelles ne lui ayant jamais permis de s’occuper de son fils…

En France, il avait un tuteur français à qui son père l’avait confié il y a quatre ans, et une soeur française. Il vivait chez un autre de ses oncles à Saint-Priest. Il était scolarisé au lycée Jacques de Flesselles de Lyon et venait de passer son BEP d’électrotechnique. Il était entraîneur bénévole dans les enfants de 2 clubs de foot. Il avait famille et amis. Mais dans les fichiers de la préfecture du Rhône, il apparaissait comme sans-papiers expulsable depuis le refus de séjour qui lui avait été signifié en juillet 2007. Et le 24 juin, la police est venue au domicile de son oncle pour l’arrêter.

HAFID N’FAOUI : 21 ANS

Hafid aussi figurait comme sans-papiers dans les fichiers préfectoraux. Arrêté le 11 juillet au domicile de son demi-frère où il vivait à Bethoncourt dans le pays de Montbéliard, Hafid déjeunait jeudi 17 juillet à 13h avec Ulrich au réfectoire du centre de rétention Saint-Exupéry. A 15h, il avait disparu. Sans que personne ne puisse rien savoir sur son sort, il était conduit à Sète où la police l’a enfermé dans une cabine pendant un voyage de 36h jusqu’à Tanger. Arrivé à Tanger samedi matin sans un sou sur lui, il n’a plus donné aucune nouvelle depuis. On peut craindre qu’il soit en prison ou seul et perdu sur les trottoirs de Tanger.

Hafid était lycéen à Montbéliard et il venait de passer son bac professionnel et 2 patrons voulaient l’embaucher. Il était arrivé en France en 2001, il y a 7 ans, confié légalement par sa famille à un demi-frère parce qu’il n’avait au Maroc qu’une mère sans domicile incapable de s’occuper de lui. A Tanger où la police l’a débarqué samedi matin, il ne connaît personne ! Il ne parle même plus l’arabe dans un Maroc qu’il a quitté à l’âge de 14 ans. Au contraire, il parle le français avec l’accent de Montbéliard…

CE DIMANCHE 21 JUILLET, LA FRANCE ET SES PREFETS RENDAIENT HOMMAGE AUX VICTIMES JUIVES DE LA RAFLE DU VEL D’HIV DE JUILLET 1942.

Présent devant le CHRD où se déroulait la cérémonie, un groupe de membres de RESF a tenu à dire qu’un tel hommage ne peut avoir de sens que si le fichage, les rafles, et les expulsions de sans-papiers cessent dans la France d’aujourd’hui !

 Hier, on fichait les Juifs qu’on considérait « en surnombre au regard des besoins économiques ». Aujourd’hui, on fiche les étrangers sans-papiers qu’on traite d’immigrés « subis » à l’inverse de l’immigration choisie qu’on prétend vouloir accueillir.

 Hier, on raflait les Juifs. Aujourd’hui, on rafle les sans-papiers dans les rues, les gares, les métros, ou à leur domicile comme Ulrich et Hafid.

 Aujourd’hui comme hier, l’Etat et l’administration s’attaquent aussi bien aux familles qu’aux célibataires, aux enfants qu’aux adultes, et ils se moquent complètement de ce que deviennent après les personnes arrêtées ou expulsées, se satisfaisant d’avoir fait leur travail en exécutant des mesures administratives inhumaines…

 Certes, ce ne sont pas les chambres à gaz qui attendent les expulsés d’aujourd’hui et les gouvernements européens qui pratiquent tous des expulsions de sans-papiers ne sont pas des gouvernements nazis. Mais l’errance à laquelle sont condamnés Ulrich et Hafid, comme tant d’autres expulsés, c’est une forme de mort lente inacceptable !

La politique d’expulsion de Sarkozy-Hortefeux est scélérate ! Elle est encore plus insupportable quand elle touche des enfants, des adolescents, des jeunes en pleine période de construction de leur personnalité et de leur vie en France ! Fauchés au beau milieu de leurs projets d’avenir ici, comment ces jeunes sacrifiés trouveront-ils la force de rebondir dans les pays qui leur sont devenus étrangers où ils sont expulsés ?

RESF Rhône. Collectif des jeunes majeurs.