Une tribune pour les luttes

VENGEANCE D’ETAT

Ils veulent les laisser crever en taule

Article mis en ligne le samedi 20 mars 2004

En prison depuis 17 ans, les anciens d’Action Directe sont au plus mal.

Ça ressemble à une malédiction. Joëlle Aubron a été opérée, hier, d’une tumeur au cerveau au CHU de Lille où elle avait été transférée en urgence, le 6 mars, de la prison de Bapaume. Vendredi, Jean-Marc Rouillan a appris, à la prison de Moulins-Yzeure, son cancer au poumon avec atteinte ganglionnaire. Deux maladies très graves qui touchent deux anciens d’Action directe, condamnés à la prison à vie pour les assassinats, en 1985 et 1986, de Georges Besse, PDG de Renault, et du général Audran, inspecteur général de l’armement.

Edifiant. Hospitalisée depuis dix jours, Joëlle Aubron n’a pu ni téléphoner ni voir quelqu’un. La loi dit pourtant que les visites avec familles et amis
doivent être maintenues pour les prisonniers hospitalisés. Son exemple est édifiant. Vendredi, sa mère a appelé la prison de Bapaume : « Je voulais
connaître l’état de ma fille, lui téléphoner. J’ai demandé le directeur, qui ne m’a pas prise au téléphone et m’a passé le service social, qui m’a dit d’appeler le commissariat central de Lille pour obtenir une visite. Là, on m’a dit qu’elles étaient interdites pour Joëlle. » Ce n’est pas tout. A la prison, on a été incapable d’indiquer à la mère dans quel hôpital de Lille
se trouvait sa fille : « J’ai fini par trouver le CHU grâce à l’annuaire », reprend Madeleine Aubron. Là, « on m’a demandé si je voulais lui parler, mais mon appel s’est perdu dans les étages. J’ai rappelé, on m’a dit qu’on ne pouvait me donner aucun renseignement et on ne m’a pas passé ma fille ! »

La situation n’a été débloquée qu’hier. Avec un permis de visite pour aujourd’hui aux parents. Est-ce dû au drastique statut spécial de DPS (détenu particulièrement signalé) qui étiquette depuis leurs dix-sept années
de détention les détenus d’Action directe ? Ce qui est sûr, c’est que les soins en prison sont très lents, surtout pour les DPS.

Le cancer de Rouillan a été découvert fortuitement, lors de son transfert, début décembre, de la centrale d’Arles, inondée, à celle de Moulins. Il passe alors la visite médicale des « arrivants ». Une radio montre une tache suspecte au poumon. « Il a dû attendre trois mois et demi pour le scanner, raconte une proche, car il fallait une escorte spéciale pour l’amener à l’hôpital. » L’équipe médicale qui lui a annoncé son cancer lui aurait recommandé de demander la suspension de peine, en raison d’un lourd traitement impossible en prison. Rouillan devrait être hospitalisé cette semaine. Dans quelles conditions ?

Deux autres détenus d’Action directe sont eux aussi malades, eux aussi incarcérés depuis dix-sept ans. Nathalie Ménigon, qui, après des accidents vasculaires cérébraux, est partiellement hémiplégique. Affaiblie, elle a demandé une suspension de sa peine. En vain. Son cas sera réexaminé le 26 mars. Et Georges Cipriani, devenu fou en prison et qui n’a pu réintégrer la
centrale d’Ensisheim qu’après un long séjour en psychiatrie.

Miroir. « Cette fatalité n’en est pas une, leur état est dû à leurs conditions de détention », dénoncent leurs amis. Ils ont été placés de longues années à l’isolement total, ont protesté par des grèves de la faim, ont été longtemps privés de visite, de courrier. « On sait que la dureté de la détention, l’isolement total, minent l’organisme et le psychisme », affirme un spécialiste.

Hier, Henri Malberg, qui préside la commission justice du PCF, dénonçait : « Ces faits sont un miroir des problèmes que posent les pathologies graves des détenus. On est d’autant plus indigné que la télévision renvoie des images de monsieur Papon en pleine forme, dont la
peine a été suspendue pour des raisons de santé. »

Source calle luna

Signez la pétition "Liberté pour Nathalie Menigon" :
http://nlpf.samizdat.net

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