Une tribune pour les luttes

Censures françaises

Licenciement de Richard Labévière, rédacteur en chef à RFI.

Article mis en ligne le jeudi 25 septembre 2008

Le 8 juillet 2008, Richard Labévière, rédacteur en chef à Radio France Internationale (RFI), expert des questions proche et moyen-orientales, auteur de plusieurs ouvrages traduits dans plusieurs langues sur ces questions, réalise à Damas une interview exclusive du président syrien Bachar al-Assad avant son voyage à Paris, pour RFI et TV5-Monde – deux filiales de la holding Audiovisuel extérieur de la France (AEF) : dans n’importe quel organe d’information, cette réussite journalistique serait saluée par la direction. À RFI, il en va tout autrement : l’affaire se transforme en « faute grave », passible de licenciement. Celui-ci, escorté d’un étonnant bouquet de fautes de procédures, est signifié au journaliste par Alain de Pouzilhac, PDG de l’AEF, le lundi 11 août. Sans que le Conseil de discipline se soit prononcé.

Et le dossier est vide, abyssalement vide. Il reproche à l’intervieweur de n’avoir pas prévenu à temps sa hiérarchie – mais elle l’était (par écrit) cinq jours avant l’interview. Il lui impute des dysfonctionnements de production - mais les directions de RFI et TV5-Monde en sont seules responsables. Et tout à l’avenant. Lorsqu’on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Serait-ce que le journaliste n’est pas conforme à la doxa en vigueur ?

Cette manière brutale et injustifiée, au mépris du droit, de se débarrasser d’un journaliste qui déplaît, augure mal de la suite. L’affaire, précipitamment bouclée au coeur du calme estival, va bien au-delà d’un classique abus de pouvoir. Elle pourrait être emblématique de la reprise en mains de l’Audiovisuel extérieur de la France sur les contenus éditoriaux, comme du plan social à venir, dont chacun sait que la première cible est RFI.

L’affaire Richard Labévière s’inscrit dans l’orwellisation en cours de la presse française, la remise en cause du pluralisme journalistique et de la liberté d’expression au pays des Lumières. Avec, pour horizon, la volonté d’imposer une lecture unique, néo-conservatrice et inconditionnellement pro-israélienne des crises et des relations internationales.

Soutenir ce journaliste irréprochable, qui assigne en justice la chaîne publique qui l’employait, c’est soutenir la presse libre dont tout citoyen a besoin.

http://www.ipetitions.com/petition/Labeviere2008/index.html


Sur l’affaire, voir aussi


L’interviewer interviewé : Richard Labévière,

http://www.dailymotion.com/video/x6...


Communiqué de la CFDT

L’intervieweur français du président syrien Bachar al-Assad licencié par RFI !

Le 8 juillet dernier, Richard Labévière, rédacteur en chef à RFI, obtenait en exclusivité pour RFI et TV5-Monde une interview du président syrien Bachar al-Assad, à la veille de sa venue à Paris.

Dans n’importe quel organe d’information, cette réussite aurait été saluée par la Direction. A RFI, il en est autrement : faire son métier est passible de licenciement. Celui-ci a été notifié à Richard Labévière, ce lundi 11 août, malgré un enchainement de fautes de procédures. En dépit de dysfonctionnements internes et imputables aux seules directions de RFI et TV5-Monde, le dossier d’accusation reste désespérément vide.

A moins de trois semaines du voyage du président de la République Nicolas Sarkozy en Syrie, la direction de l’Audiovisuel Extérieur de la France licencie l’un des journalistes experts des questions proche et moyen-orientales, infligeant ainsi un camouflet aux autorités syriennes qui avaient décidé d’accorder cette interview à Richard Labévière. Mais peut-être que la Directrice générale de l’Audiovisuel Extérieur de la France saura en informer à temps le ministre des Affaires étrangères ? Cet incident grave constitue le dernier épisode caractérisant l’attitude répétitive de harcèlement de la direction de RFI à l’encontre de Richard Labévière, portant atteinte à ses droits et à sa réputation professionnelle.

Depuis son entrée à RFI en 2000, il a été mis fin à ses fonctions de chef du service Etranger en 2003. Ses nouvelles fonctions d’éditorialiste international ont été brutalement interrompues en octobre 2005. Depuis lors, il n’a conservé que la production du magazine hebdomadaire « Géopolitiques ».

Paris, le 12 août 2008

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