Une tribune pour les luttes

Communiqués LDH et UCIJ Le Mans.

Bouleversés et révoltés

Décès de Mme Nardi après son immolation, expulsion de M. Orujyan.

Article mis en ligne le mercredi 22 octobre 2008

Mercredi 22 ocobre 2°°8

LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT CONDUIT ENCORE UNE FOIS A LA MORT !

Dimanche 19 octobre, Josiane Nardi, âgée de 60 ans, mourrait à l’hôpital de Tours où elle avait été transférée. Elle s’était immolée la veille devant la prison du Mans. Pourquoi ce geste de détresse ? Son compagnon, Henrik Orujiyan, 31 ans, y était enfermé avant d’être transféré au camp de rétention de Rennes en vue de son expulsion en Arménie. La préfecture de la Sarthe, dans un cynisme inqualifiable, déclare attendre la fin des obsèques de madame Nardi, pour de nouveau placé en rétention Monsieur Orujiyan en vue de l’expulser.

Le Collectif de Soutien aux Demandeurs d’Asile et aux Sans Papiers, RESF 37 et l’association Chrétiens Migrants appellent à se recueillir et manifester notre indignation contre la politique du Gouvernement et l’attitude intolérable de la Préfecture de la Sarthe le Mardi 28 octobre à 15 h à l’hôpital Trousseau (dans le hall).

Ce rassemblement est soutenu par la section SUD Santé Sociaux de l’hôpital de Tours.

Tours, le 22/10/08

Collectif de Soutien aux Demandeurs d’Asile et aux Sans Papiers

06 34 19 64 98

csdasp37 chez no-log.org

RESF 37 02 47 63 27 06

CHRETIENS MIGRANTS 02 47 28 54 41
barodl chez orange.fr
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communiqué dimanche 19 octobre

Bouleversés, c’est la première réaction qui nous a traversés, ce matin, à l’annonce du décès de Mme Nardi.

Révoltés par un drame que l’on aurait pu éviter si on avait réellement écouté et compris cette histoire, répondu aux demandes.

Révoltés aussi par certains commentaires pour le moins indécents de plusieurs responsables politiques.

Révoltés encore quand on entend dire que la mesure d’expulsion ne serait que suspendue dans l’attente de la sépulture

Doit-on imaginer que la tombe à peine refermée on va continuer dans l’acharnement en remettant illico M. Orujyan dans un avion en partance pour l’Arménie ?

Il faut savoir entendre toute la détresse et l’appel contenus dans le choix de Mme Nardi de s’immoler au moment où on emmenait son compagnon vers le centre de rétention de Rennes.

Mme Nardi ne supportait pas que l’on puisse mettre en doute son amour pour Henrik Orujyan. Elle souffrait de ce fait. Le regard social, administratif ou judiciaire de négation de leur relation lui insupportait.

Elle ne comprenait pas non plus pourquoi, une fois sa peine de prison accomplie, son compagnon devrait une fois de plus être expulsé. C’était pour elle une profonde injustice. Elle ne voulait plus vivre séparée. Elle voulait vivre et aimer.

La situation de sans papiers, elle connaissait parce qu’elle-même avait déjà été condamnée pour l’avoir hébergé. Mais elle ne supportait plus.

C’est dans l’interdiction du territoire prononcée par le tribunal de Bobigny, véritable double peine, que le geste de Mme Nardi trouve pour une grande part sa source.

Aller chercher dans le passé de M. Orujyan les explications, rapporter cet acte désespéré mais symbolique a un fait divers relevant du droit commun c’est d’abord faire injure insupportable à Mme Nardi, cela manifeste ensuite une pauvreté de la pensée et de la réflexion affligeante et cela évite, de toute évidence, de poser les questions qui dérangent.

C’est toute la chaîne des responsabilités politiques et du fonctionnement administratif ou judiciaire qui doit être interrogée. Soumis aux politiques « du chiffre » du nombre d’étrangers à expulser et aux pressions induites par ces politiques, on en oublie les fondamentaux du droit : la liberté d’aller et venir, la liberté d’aimer, La liberté de vivre avec un compagnon ou une compagne de son choix.

Se fixer, et fixer aux différentes administrations des objectifs (quotas) d’expulsion à l’unité près c’est à dire réduire les étrangers à de simples marchandises conduit immanquablement à des dérapages, des drames et des tragédies.

C’est l’ensemble des politiques actuelles d’accueil des étrangers et de l’immigration, des structures et fonctionnement administratifs ou judiciaires qui doit être remis à plat dans le respect des droits fondamentaux.

La mort de Mme Nardi laisse un compagnon et une famille en grande souffrance.

L’interdiction du territoire de M. Orujyan doit être relevée, une autorisation de séjour attribuée. Il lui reviendra ensuite d’essayer de se reconstruire un avenir.

Nous appelons à un rassemblement silencieux demain lundi 20 octobre à 18 heures devant la maison d’arrêt du Mans puis à un défilé vers la préfecture.

Le Collectif Unis Contre une Immigration Jetable et la section du Mans et de la Sarthe de la Ligue des Droits de l’Homme


samedi 18 octobre 20h

Déclaration / Information

Ce matin, une femme s’est immolée par le feu devant la maison d’arrêt du Mans parce que son compagnon sortant de prison aujourd’hui allait être renvoyé en Arménie.

Lui, arménien présent en France depuis 10 ans a déjà à 18 reprises refusé d’embarquer dans un avion (tentatives de suicide, mutilations diverses...). Cela lui a valu des condamnations pour rebellion et une interdiction du territoire de 5 ans prononcée en juillet 2002 par le tribunal de Bobigny et confirmée à 3 ans en septembre 2005

Il connaît cette femme depuis 6 ANS.

Contactée hier par la compagne, la préfecture a confirmé l’arrêté d’expulsion... sans autre forme de procès ou d’explication.

Une 4ème demande d’asile politique avait été déposée il y a 3 semaines, une AS a fait une enquête sociale il y a une dizaine de jours...

Cette femme qui était allée voir son compagnon 99 fois à la maison d’arrêt considérait comme profondément injuste cette nouvelle expulsion. Elle ne concevait pas qu’on puisse tenter de l’expulser une dix neuvième fois. Elle a tout fait pour empêcher cette reconduite, elle a sollicité l’appui d’un avocat et de la Ligue des Droits de L’homme.

La suite de l’histoire, c’est le drame de ce matin devant la presse... 2 journalistes blessés sont hospitalisés.... et la police qui continue, sur consigne de la préfecture , "sa mission" et transfère au CRA de Rennes le compagnon, refusant d’intercéder aux cris insupportables de sa compagne "Je veux le voir avant de mourir" . L’explication avancée par M. Le Préfet « les personnes à l’intérieur de la maison d’arrêt n’avaient pas connaissance du drame qui se déroulait à l’extérieur » l aisse un « goût amer ».

Le pronostic vital n’est pas engagé selon le centre hospitalier mais les séquelles seront graves.

Qu’un homme « préfère s’imposer » des mutilations pour ne pas retourner dans son pays où il s’estime en danger devrait interroger ceux qui depuis plusieurs années ont refusé de régulariser cette situation.

Qu’une femme préfère mourir parce que la douleur de la séparation définitive avec son compagnon lui est insupportable devrait interroger ceux qui chaque fois qu’ils regardent une situation cherchent d’abord à débusquer le fraudeur potentiel.

Ce drame de la double peine nous interpelle tous. Le respect des droits fondamentaux doit prendre le pas sur toute autre considération. M. OXXX doit retrouver la liberté et pouvoir rejoindre sa compagne hospitalisée à Tours.

Il est inacceptable que la politique en matière d’immigration et d’accueil des étrangers conduisent à de tels drames.

Insupportable. Pas ça ! Pas en notre nom !

Dernière minute :

Vu la situation, le médecin du centre de rétention de Rennes vient de prononcer l’incompatibilité du maintien en détention avec l’état de M. OXXXX. La sortie du centre de rétention n’est maintenant qu’une question de délai.

La section du Mans et de la Sarthe de la LDH, le collectif Unis Contre une Immigration Jetable

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2008 à 07:22, par Christiane En réponse à : Pourquoi cette porte est-elle restée fermée

    AFP
    20/10/2008

    Trois cent personnes se sont réunies lundi devant la maison d’arrêt du Mans (Sarthe), à l’endroit où une femme s’est immolée samedi par le feu pour protester contre l’expulsion de son compagnon vers l’Arménie. Une banderole sur laquelle était écrit "Pourquoi cette porte est-elle restée fermée ?" a été accrochée à l’entrée de la maison d’arrêt par des militants associatifs, qui ne comprennent pas que personne ne soit sorti de la prison pour porter secours à la victime.

    "Ont-ils entendu les cris de Mme Nardi (la victime), les appels au secours des journalistes, les cris d’effroi, les appels au secours ?", a demandé Bernard Le Brun, porte-parole du collectif "Contre l’immigration jetable", à propos de l’attitude de la police et de l’administration pénitentiaire lors du drame. "Oui ou non, y a-t-il une voiture de police avec un extincteur derrière la porte ? Qui prend la décision d’ouvrir la porte ? Le préfet ne peut nous répondre qu’on ne pouvait entendre derrière la porte", a ajouté Le Brun.

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