Apparue au milieu des visages de l’église Saint-Bernard, lors de la lutte des sans-papiers, Madjiguène Cissé a refusé d’être régularisée en solo et elle a choisi son pays d’origine, le Sénégal, comme nouveau terrain d’action.

À la tête du Réseau des femmes pour le développement durable en Afrique (Refdaf) qu’elle a fondé, en 2000, elle sillonne le Sénégal à la rencontre de femmes aux faibles revenus, mais à la forte volonté. Informatique, alphabétisation, santé, prévention, mise en réseau : ses impulsions se concrétisent, par exemple au marché de Dakar, avec l’achat d’emplacements pour échapper à la domination des hommes-propriétaires, ou encore, non loin de la capitale, avec l’achat de parcelles pour bâtir une cité d’habitat social.

Le Sénégal est un pays emblématique pour l’Afrique et l’Europe. Après avoir contribué à ruiner l’agriculture à travers la politique de désengagement de l’État exigée par le FMI, l’Europe pille ses eaux jusque là très poissonneuses. N’ayant plus les moyens de vivre dans leur pays, nombre de Sénégalais ont utilisé les bateaux de pèche devenus inutiles pour tenter leur chance dans une Union Européenne qui érige des murs de toutes sortes pour les rejeter. Signataire d’un accord de réadmission des migrants « illégaux », le Sénégal fait figure de pays test.