Une tribune pour les luttes

Calais / Monsieur Hortefeux ouvre la chasse à l’afghan... et aux Droits de l’Homme.

Appel du CSP 59 aux syndicats et personnels de l’aéroport : Le charter Londres / Lille-Lesquin / Bakou / Kaboul prévu mardi soir 18 novembre ne doit pas décoller.

Article mis en ligne le jeudi 13 novembre 2008

Comité des Sans Papiers 59 - CSP59 - 42, Rue Bernos – 06.80.57.50.61 - 59.800 Lille email : csp59 chez wanadoo.fr - http://leblogducsp59.over-blog.com

APPEL DU CSP 59

AUX SYNDICATS et AUX PERSONNELS

DE L’AEROPORT LILLE-LESQUIN :

Stoppons la déportation programmée

des Afghans arrêtés à Calais !

Le charter Londres / Lille-Lesquin / Bakou / Kaboul

prévu mardi soir 18 novembre à Lesquin

ne doit pas décoller de Lesquin !

Jeudi 6 Novembre, sur ordre du Préfet de région, la police, dans un déploiement de force important, procédaient dans les environs de Calais à l’arrestation ciblée de personnes d’origines afghanes, dans le but de les expulser dans leur pays. Vendredi 7 Novembre, nouvelle opération policière d’envergure : hélicoptère doté d’un faisceau lumineux pour éclairer la forêt et multiples compagnies de CRS avec des chiens pour arrêter à nouveau plusieurs dizaines de personnes afghanes.

A l’intérieur du centre de rétention de Coquelles (62), la grève de la faim entamée par une cinquantaine d’Afghans s’est vue brutalement stoppée par les autorités du centre de rétention. Sous la menace, tous ont été contraints de manger, avant de se forcer à vomir afin de reprendre la grève de la faim. De plus, une personne, de désespoir, colère et révolte, a tenté de se pendre avec une ceinture. Soulignons que l’avant-veille, deux représentants de l’ambassade d’Afghanistan étaient venus les « visiter ».

Dans le même temps, le processus de déportation des Afghans suit son cours. Il est à craindre que près de 70 d’entre eux ne soient expulsés dans les jours à venir et selon les dernières informations plus précisément Mardi soir 18 novembre, par un vol en provenance de Londres, faisant escale à l’aéroport de Lille-Lesquin, et à destination finale de Bakou puis Kaboul.

Les conséquences de ces expulsions seront dramatiques et inacceptables. D’un point de vue humain d’une part : l’Afghanistan est un pays en guerre, où la famine sévit, et où ils risquent de mourir ! Ils risquent des sévices corporels allant jusqu’à des mutilations, voire la décapitation à l’instar des derniers afghans expulsés il y un mois par l’Australie ! D’un point de vue politique d’autre part : ces expulsions se font au mépris des conventions de Genève et la France fait aujourd’hui clairement le choix de payer des amendes plutôt que de respecter ses engagements.

Dans le cadre de la vaste mobilisation entamée depuis une semaine, afin de dénoncer la violation par la France de la Convention de Genève, d’empêcher l’expulsion des Afghans arrêtés à Calais, et d’exiger leur libération, le Comité des Sans Papiers 59 lance un appel à l’ensemble des syndicats à se mobiliser contre cette déportation :

mardi soir 18 novembre,
le charter Londres-Kaboul,
en escale à l’aéroport de Lille-Lesquin pour déporter 70 Afghans,

ne doit pas décoller !

— 


8 novembre 2008

Le Réseau Education sans frontières inquiet des dérives auxquelles le ministre de la rafle et du drapeau, M. Brice Hortefeux, conduit la société française demande à tous ceux qui s’intéressent à son action, particulièrement enseignants et parents d’élèves, de faire connaître les faits dénoncés par le communiqué du Gisti et les documents reproduits ci-dessous sur son site : http://www.educationsansfrontieres.org/spip.php?article16390

Il souhaite que dans chaque famille, dans chaque classe, soient vilipendés les faits et les hommes qui méritent de l’être. Et que les droits de l’homme ne soient pas cantonnés aux discours convenus de notables de préfecture ou de ministères subalternes.


Dernière heure :

Un rassemblement a lieu cet après-midi (8 novembre) devant l’Hôtel de Police de Calais pour protester contre le placement en garde à vue de Jean-Claude Lenoir, vice-président de l’association SALAM qui vient en aide aux migrants bloqués à Calais laissés à la rue. Il a été interpellé à l’occasion d’une vaste opération avec hélicoptère équipé de projecteurs pour permettre aux CRS d’arrêter leur quota d’Afghans. Les policiers accuseraient Jean-Claude Lenoir d’« outrage », un délit dont Le Monde signalait récemment qu’il était « en vogue » avec un quasi doublement en dix ans : 17 700 en 1996, 31 800 en 2006.


Rue89, 6 novembre 2008


REPRISE DES CHARTERS : LA FRANCE SACRIFIE LES AFGHANS

Après la Cimade, qui a commencé cette semaine à alerter les rédactions de la reprise des charters à destination de Kaboul, c’est au tour du Gisti, le Groupe d’information et de soutien des immigrés, de réagir contre les expulsions d’Afghans.


par Jean-Pierre Alaux (Gisti)

Combien des jeunes Afghans que la France et la Grande-Bretagne s’apprêtent à expulser par "charters" vont-ils mourir ? Quand succomberont-ils et comment ? Telles sont les questions incontournables qui se posent à quelques jours du décollage, en direction de Kaboul, du premier "vol groupé" franco-anglais depuis 2005.

Officiellement informé de l’imminence de l’opération, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a discrètement manifesté des réticences dans son langage châtié habituel : "Les personnes ayant besoin d’une protection internationale au titre du statut de réfugié de la Convention de Genève de 1951 ou d’autres formes de protection complémentaire ne devraient pas être expulsés vers l’Afghanistan."


Près de Calais, des rafles sélectives

Qu’à cela ne tienne : dans le Calaisis, les rafles sélectives d’Afghans ont été déclenchées. Rapidement vidé de ses autres occupants, le centre de rétention de Coquelles a soudain "accueilli" une soixantaine d’Afghans qui ne se doutent encore de rien. C’est que l’affrètement d’un "charter" coûte cher et que, pour rentabiliser son "investissement", le ministère français de l’Immigration veille à remplir l’appareil.

A ce souci de la gestion des deniers publics, s’en ajoute un autre - contradictoire : celui du respect apparent du droit international qui interdit les "expulsions collectives" (1).

Comme d’ordinaire en pareilles circonstances, Brice Hortefeux s’efforce donc de maquiller à l’aveuglette l’illégalité à coups d’autant de décisions individuelles stéréotypées d’éloignement qu’il y a des sièges disponibles dans l’avion. En bon Etat de droit d’opérette, la France se doit de sauver... les apparences.

Massacrés au pays après avoir été expulsés d’Australie

Les apparences peut-être. Certainement pas tous les jeunes Afghans du voyage, dont on ne saura pas de quoi quelques-uns vont inévitablement mourir. Seront-ils abattus, voire décapités, comme, il y a un mois, le furent plusieurs expulsés par l’Australie (2) ?

S’ajouteront-ils à la liste des 1 445 civils afghans tués depuis le début de l’année 2008, selon le dernier décompte de l’ONU qui relève la multiplication par six du nombre des victimes non combattantes en Afghanistan au cours des derniers mois ?

Ou bien vont-ils tout simplement mourir de faim dans un pays sur lequel diverses institutions internationales ont récemment émis des alertes à la famine passées inaperçues, par exemple l’USAID, selon laquelle, dans 15 des 34 provinces d’Afghanistan, la pénurie alimentaire fait craindre un hiver meurtrier, tandis qu’elle serait "moyenne" dans huit autres, y compris Kaboul (3) ?

De ces condamnations à mort, le gouvernement français se moque. Pour lui, le principal est ailleurs. Sept ans après la fermeture, en décembre 2002, du camp de Sangatte décidée par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, il faut à tout prix tenter encore de nettoyer le Calaisis des centaines d’exilés, parmi lesquels beaucoup d’Afghans, qui continuent à essayer d’y survivre, cachés dans leurs "jungles" (4).

Par leur présence, ils narguent les autorités françaises qui avaient imprudemment annoncé que la fin du camp entraînerait leur disparition. Sauver la face au prix de quelques vies afghanes ? Qu’à cela ne tienne...

— -

(1) Article 4 du Protocole 4 de la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales (CEDH) : « Les expulsions collectives d’étrangers sont interdites ».

(2) Voir « taliban ’kills denied asylum seekers’ », the Age (Australie), 27 octobre 2008, ou « Beheaded after trying for asylum in Australia », Sydney Morning Herald (Australie), 1er novembre 2008, ou encore « Australia Probes Afghan ’Death’ », BBC, 27 octobre 2008, et aussi « taliban killed Afghan asylum seekers that Australia sent back, report claims », the Guardian, 27 octobre 2008.

(3) USAID, 29 juillet 2008, « Famine Early Warning Systems Network :
Afghanistan Food Security Outlook July to December 2008 » ou AFP, 31 octobre 2008, « Afghanistan : la famine est une menace plus grave que la rébellion »

(4) Lire le rapport de septembre 2008 de la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA), « La loi des ’jungles’ : la situation des exilés sur le littoral de la Manche et de la Mer du Nord »,
http://cfda.rezo.net/download/La loi de la jungle_12-09-2008.pdf-


Voir également Mille Bâbords 9465

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