Une tribune pour les luttes

Semaine de toutes les horreurs chez Hortefeux.

+ un témoignage et billet d’humeur d’une militante de la Cimade présente lors de l’expulsion de la famille kosovare de quatre enfants.

Article mis en ligne le dimanche 23 novembre 2008

Le ministre de la rafle et du drapeau que d’aucuns donnent partant de sa fonction semble décider à laisser sa trace dans le livre des records de l’expulsion crasseuse.

RESF : Communiqué du 22 novembre 2008

Ce matin le préfet des Pyrénées Atlantiques a fait expulser une famille kosovare au départ d’Hendaye.
Les parents et les quatre enfants (10 ans, 8 ans, 4 ans et 16 mois) ont été montés dans l’avion fourgon cellulaire du ministère préposé aux expulsions. Le plus jeune des enfants avait été opéré des amygdales trois jours auparavant. La maman avait été hospitalisée peu avant pour des problèmes psychiatriques graves.
Comme quelques autres, la préfecture de Pau a mis au point une procédure ultra-rapide d’expulsion qui permet de couper court au contrôle de la justice. Les services préparent l’affaire dans la discrétion, demandent les laissez-passer, réservent l’avion et, le jour dit, fondent sur leur proie, expulsé le jour même ou le lendemain, ce qui permet de se dispenser du passage devant le juge des libertés et de la détention.
Félicitations au préfet des Pyrénées Atlantiques, beau travail, six expulsions d’un coup, dont quatre enfants, le ministre va être content. Au mois d’août, la famille Sylejmani et ses enfants avait été expulsée dans les mêmes conditions de secret.

On continue en Seine-et-Marne où Fatoumata Diarra, jeune Malienne, a été arrêtée hier au guichet de la préfecture de Melun.

Sa fille, Sira à cinq ans, elle est née en France, elle est scolarisée en maternelle à Dammarie Les Lys (77). Sira a passé sa première nuit séparée de sa mère enfermée au Centre de Rétention de Plaisir (78).

Sa maman, Fatoumata Diarra, est d’origine malienne, travaille, a un logement et veut vivre en France. Elle a déposé plusieurs dossiers de demande de régularisation dont deux sont en cours : un dossier de demandeur d’asile et un dossier de régularisation par le travail.

Fatoumata Diarra a été arrêtée le vendredi 21 novembre à la préfecture alors qu’elle venait déposer ce dossier !

Sira est accueillie par des voisins. Le traitement imposé à madame Diarra et à sa fille Sira est inhumain On ne peut pas séparer un enfant de sa mère, quelque soit le prétexte, cela ne peut être toléré ! Elle est née en France et y vit. Elle est chez elle ! Cette enfant, de plus, est exposée aux plus grands risques dans son pays.

Madame Fatoumata Diarra et sa fille doivent pouvoir continuer à vivre parmi nous et Sira doit pouvoir poursuivre sa scolarité avec ses camarades.

Nous exigeons sa libération et demandons à monsieur le préfet de Seine et Marne de lui accorder un titre de séjour avec possibilité de travailler.

La même semaine, le ministre de l’identité nationale avait été amené à régulariser précipitamment une jeune femme privée du droit au séjour au prétexte du décès de son enfant français, en rejetant la faute sur le préfet du 92 et en regrettant de n’avoir pas été informé. « Salauds de préfets » insinuait-il….

Cette fois-ci il est informé !

Les horreurs, ça suffit ! Le festival Hortefeux doit prendre fin. Cet homme et sa politique sont dangereux. Pour les sans papiers qu’ils martyrisent. Mais aussi pour l’administration et la police à qui ils imposent des gestes que la conscience des fonctionnaires ne peut que réprouver. Il faut que cela s’arrête. M. Hortefeux doit être arrêté.

Fatoumata sera traduite devant le juge des libertés et de la détention du TGI de Versailles (5 place André Mignot, 78000 Versailles) demain dimanche 23 novembre à 9 heures. Le RESF appelle à venir la soutenir. Une conférence de presse aura lieu devant le tribunal en présence de la sœur de Fatoumata, d’enseignants de l’école de l’enfant et de parents d’élèves.

Pour tous ceux que ces pratiques révoltent :

Téléphone, fax et mail du préfet de Seine et Marne.

Tel : 01 64 71 77 77 Fax : 01 64 71 75 25
secdircab chez seine-et-marne.pref.gouv.fr
michel.guillot chez seine-et-marne.pref.gouv.fr
fax : 01 64 71 76 51
service éloignement 77 : 01 64 71 79 20
service des étrangers fax : 01 64 71 78 64

Fax ministère Hortefeux : 01 77 72 61 30 et 01 77 72 62 00 Standard 01 77 72 61 00

Secrétaire général secretariat.general chez iminidco.gouv.fr
Conseiller du ministre : patrick.stefanini chez iminidco.gouv.fr
Directeur de cabinet : thierry.coudert chez iminidco.gouv.fr
Directeur-adjoint : guillaume.larrive chez iminidco.gouv.fr
Conseillers techniques : sabrina.belkhiri-fadel chez iminidco.gouv.fr et
geoffroy.didier chez iminidco.gouv.fr

à Matignon :

http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/premier_ministre/ecrire

Elysée : http://www.elysee.fr/ecrire/index.html

http://www.educationsansfrontieres.org/spip.php?article16626


Témoignage :

Samedi matin 10 h 30 la famille RRUSTA arrive à l’aéroport de Biarritz
Parme, les parents et leurs quatre enfants.

La Police aux Frontières veille et garde l’accès, impossible d’accéder aux
deux véhicules où se trouve la famille.
Des bénévoles RESF de Pau sont venus avec la poussette du petit dernier, des
manteaux, de l’argent et tentent sans succès depuis deux heures de pouvoir
rencontrer la famille une dernière fois pour leur remettre leurs affaires.
La Police aux Frontières ne veut rien entendre, pas plus à l’aéroport qu’au
Centre de Rétention où les bénévoles ont été éconduits.

L’attente est longue, on parle aux parents au téléphone, l’institutrice
parvient à joindre les enfants, signes des mains, de loin... Grillage et
uniforme empêchent tout contact physique, pourtant l’émotion d’un côté et la
tension de l’autre sont perceptibles et se font face.

Les appels se multiplient, les démarches s’enchaînent comme une ultime
tentative désespérée de faire cesser le mouvement, de stopper cette machine
cruelle, absurde, et honteuse : c’est une famille que l’on expulse, un père
une mère et quatre enfants auxquels un traitement de faveur a été réservé,
un avion gouvernemental leur est spécialement destiné, comme à un préfet en
déplacement officiel.

Peut-être un ministre prendra place après eux sur ces mêmes sièges, honte à
lui et aux lois qu’il applique.
Honte à nous qui laissons chaque jour se commettre les mêmes atrocités que
nous condamnons sans réserves, commise par nos grands-parents, par cette
France de Vichy.
Qu’y a-t-il de différent ce matin ?

Un gendarme finira par convaincre la police de prendre les affaires de la
famille.
Un à un, en bout de piste les enfants montent dans l’avion, le bébé dans les
bras d’un policier, les parents ensuite.

Honte à nous qui une fois encore, avons oublié Janusz Korczak, et les
enfants de l’orphelinat du ghetto de Varsovie avec lesquels il a été déporté
de son plein gré pour ne pas les abandonner et qui est à l’origine de la
Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

On referme la porte, les moteurs se mettent en marchent et le Kosovo comme
ligne de mire s’annonce, inéluctable.

Il fallait être là pour ne pas leur laisser croire que la tâche est banale,
juste et honorable.

Il faudra continuer à être là, pour témoigner, pour dénoncer, pour ne pas
s’habituer.

Pour le Groupe Local de la CIMADE

L.H.

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