Une tribune pour les luttes

Pétition initiée par Eric Hazan et les éditions de la Fabrique au sujet de l’affaire des neuf inculpations de la semaine dernière (les soi-disant "terroristes" du Comité Invisible).

Article mis en ligne le dimanche 23 novembre 2008

Voici le texte de la pétition initiée par Eric Hazan et La Fabrique (éditions : au sujet de l’affaire des neuf inculpations de la semaine dernière (les soi-disant "terroristes" du Comité Invisible).

PÉTITION

Une opération récente, largement médiatisée, a permis d’arrêter et
d’inculper neuf personnes, en mettant en œuvre la législation
antiterroriste. Cette opération a déjà changé de nature : une fois
établie l’inconsistance de l’accusation de sabotage des caténaires,
l’affaire a pris un tour clairement politique. Pour le procureur de
la République, « le but de leur entreprise est bien d’atteindre les
institutions de l’État, et de parvenir par la violence – je dis bien
par la violence et non pas par la contestation qui est permise – à
troubler l’ordre politique, économique et social ».

La cible de cette opération est bien plus large que le groupe des
personnes inculpées, contre lesquelles il n’existe aucune preuve
matérielle, ni même rien de précis qui puisse leur être reproché.
L’inculpation pour « association de malfaiteurs en vue d’une
entreprise terroriste » est plus que vague : qu’est-ce au juste
qu’une association, et comment faut-il entendre ce « en vue de »
sinon comme une criminalisation de l’intention ? Quant au
qualificatif de terroriste, la définition en vigueur est si large
qu’il peut s’appliquer à pratiquement n’importe quoi – et que
posséder tel ou tel texte, aller à telle ou telle manifestation
suffit à tomber sous le coup de cette législation d’exception.

Les personnes inculpées n’ont pas été choisies au hasard, mais parce
qu’elles mènent une existence politique. Ils et elles ont participé
à des manifestations – dernièrement, celle de Vichy, où s’est tenu
le peu honorable sommet européen sur l’immigration. Ils
réfléchissent, ils lisent des livres, ils vivent ensemble dans un
village lointain. On a parlé de clandestinité : ils ont ouvert une
épicerie, tout le monde les connaît dans la région, où un comité de
soutien s’est organisé dès leur arrestation. Ce qu’ils cherchaient,
ce n’est ni l’anonymat, ni le refuge, mais bien le contraire : une
autre relation que celle, anonyme, de la métropole. Finalement,
l’absence de preuve elle-même devient une preuve : le refus des
inculpés de se dénoncer les uns les autres durant la garde à vue est
présenté comme un nouvel indice de leur fond terroriste.

En réalité, pour nous tous cette affaire est un test. Jusqu’à quel
point allons-nous accepter que l’antiterrorisme permette n’importe
quand d’inculper n’importe qui ?
Où se situe la limite de la liberté
d’expression ?
Les lois d’exception adoptées sous prétexte de
terrorisme et de sécurité sont elles compatibles à long terme avec
la démocratie ?
Sommes-nous prêts à voir la police et la justice
négocier le virage vers un ordre nouveau ?

La réponse à ces
questions, c’est à nous de la donner, et d’abord en demandant
l’arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux
qui ont été inculpés pour l’exemple.

Pour des raisons techniques, la pétition ne peut être signée pour le moment et ce jusqu’à lundi 1er décembre. Pour ceux qui ont déjà envoyé un mai, ils seront dans l’obligation de reconfirmer leur signature sur le lien qui sera publié .

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