Une tribune pour les luttes

Silence des médias autour du mouvement social qui bloque complètement la Guyane

+ des nouvelles du samedi 29 novembre .

Article mis en ligne le dimanche 30 novembre 2008

Article avec photos :http://rebellyon.info/article5729.html

extraits :

Barricades à Kourou et Cayenne

Des barricades sont érigées dans les rues de la ville de Cayenne et à Kourou. Les nuits sont chaudes lorsque la police tente de les déloger avec des grenades lacrymogènes. Le déluge de gaz lacrymogènes balancés par la police incite plutôt certains jeunes à recommencer à s’opposer plus durement aux représentants de l’Etat français. Dans la nuit de jeudi à vendredi, pour la troisième fois de la semaine, des affrontements ont eu lieu entre des policiers et des jeunes près des barricades, dont certaines flambaient, et notamment dans le quartier chinois de Cayenne. Presque chaque nuit, des poubelles prennent feu près de la gendarmerie de la Madeleine. Des cocktails-molotov sont lancés et quelques voitures ont été brûlées, sans faire de blessés parmi les policiers ou les gendarmes. Par contre, les jeunes guyanais ont de la difficulté à se déplacer de nuit sans se faire prendre à partie par la police.

Saint-Laurent-du-Maroni paralysée

L’ensemble des commerces et des établissements scolaires fermés. Les pompes des stations d’essence vides. La ville sous-préfecture est en totale immobilisation.

Aux carrefours bloqués, c’est vraiment la bonne ambiance lorsque tous ces vaillants révoltés, de tous âges et de tous milieux, se retrouvent sur les barrages le soir venu. Chacun apporte à manger, certains jouent de la musique, ou aux dominos, tandis que d’autres améliorent le campement...

Vendredi 28 novembre, manifestation de 2000 personnes près de la préfecture de Cayenne

Une étude commandée par la Confédération des petites et moyennes entreprises de Guyane (CGPME) conclut à des trop-perçus irréguliers en faveur des compagnies pétrolières. Le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Yves Jégo, qui se transforme en marchand de tapis, a d’abord proposé une réduction inadmissible de 10 centimes : elle a été systématiquement refusée par les Guyanais en colère.

Puis, dans l’après-midi du vendredi 28 novembre, Yves Jego annonce 30 centimes d’euro "lâchés" par la compagnie pétrolière, signe évident de l’exagération des prix proposés auparavant. Mais, sur le barrage de l’avenue de Pariacabo, la population se dit prête à tenir un mois, et ne lâchera rien avant d’avoir obtenu les 50 centimes !

L’objectif de ce mouvement est la baisse du coût de l’essence aujourd’hui fixé administrativement par le Préfet à 1,77 euros, soit le prix le plus élevé de tout le territoire français. Le mouvement exige de l’Etat qu’il réduise le prix de l’essence de 50 centimes. Alors même que les collectivités locales collectent environ 70 centimes de taxe, l’Etat est le principal interpellé, et derrière lui, la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (Sara), qui fournit la Guyane en carburant. Avant cela et jusqu’en février 2007, l’essence, provenant d’un pétrolier de Trinidad, était frelatée et pour respecter les normes européennes il a fallu un nouveau fournisseur, la Sara, qui a augmenté fortement les prix.

La Guyane est entièrement bloquée : stations-services fermées faute d’approvisionnement, fermeture des commerces et aussi des administrations, la plupart des établissements scolaires fermés, distribution de courrier suspendue, guichets de distributeurs automatiques de billets en pénurie. L’eau et l’électricité sont parfois coupées certaines heures. Comme en 1968, la marché noir se met en place et le litre de sans plomb atteint jusqu’à 3,50 euros.

Les habitants sont très solidaires, quelle que soit l’orientation politique de chacun, mais ils sont néanmoins très inquiets. La situation est vraiment grave pour qu’il y ait une telle participation à ce mouvement alors même que c’est cette population qui en pâtit de tous ces blocages mis en place.

Il en est ainsi à Papaïchton, près de Maripassoula, sur le Maroni, où les habitants affirment leur totale solidarité avec les révoltés. Cependant, là-bas, il n’y aura plus de réserves de carburants à partir du 2 décembre pour alimenter la centrale électrique, qui pourtant est déjà délestée 6 heures par jour où l’électricité est coupée. Si la situation n’est pas débloquée au plus vite, il n’y aura donc pas d’électricité, mais pas d’eau potable non plus car elle ne pourra pas être pompée, avec tous les risques sanitaires que cela implique. En cette saison, le Maroni est au plus bas et les pirogues de frêt mettent entre 4 jours et une semaine pour atteindre Papaïchton.

Le centre spatial de Kourou serait en chômage complet s’il n’avait mis en place une navette par hélicoptère et par bateau pour une petite partie du personnel, et le prochain tir de la fusée Ariane 5 initialement prévu le 10 décembre est reporté.

Tous les flux sont bloqués. Et le président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Guyane, Jean-Paul Le Pelletier, en rajoute en fermant ce vendredi le seul port de commerce de la Guyane, et samedi c’est au tour de l’aéroport international de Rochambeau qui est aussi fermé. Jusqu’à présent, pour prendre l’avion, les passagers devaient passer le dernier barrage à pied pour marcher parfois plusieurs kilomètres. Désormais il n’y a plus d’avions. Mais les habitants se demandent qui a pris réellement cette décision de fermer le seul port et l’aéroport « car décider de couper un pays du reste du monde est un acte beaucoup trop grave pour être laissé à une poignée d’élus consulaires, fussent-ils bien repus ».


desmotscratie vendredi 28 novembre 2008

Reçu très indirectement de quelqu’un qui vit en Guyane

Bon il n’y a pas encore l’armée au détour des rues.. mais ce qui se
passe est assez impressionnant :
depuis lundi dernier après de multiples négociations, des associations
de consommateurs, les socio-professionnels du transport ont décidé de
mettre en place des barrages dans tout le département à l’entrée des
villes et même à l’intérieur de cayenne. résultat : plus d’essences,
boutiques d’alimentation et autres banques fermées, établissements
scolaires fermés, hbts bloqués dans leur ville, campagne ou village,
centre spatial paralysé..

C’est un mouvement très populaire, soutenu par les syndicats et
différentes associations.. les habitants vont sur les barrages pour
soutenir :
en effet, l’essence est à 1,77 euros et le prix doit baisser au moins de
50 ctes d’euros.. chacune se renvoie la balle : la région, l’Etat, la
raffinerie qui se trouve en Guadeloupe..
Compliqué de savoir qui s’enrichit sur le dos des guyanais par ailleurs
pour un certain nombre très pauvres.. les assoc ont l’intention ensuite
de s’attaquer au prix exorbitant des autres denrées de première
nécessité : farine, lait, riz..
de petites émeutes de jeunes ont lieu dans certains quartiers..surtout à
Cayenne.

Le plus dur est que la guyane est paralysée mais que les médias n’en
parlent pratiquement pas. Le gouvernement par ailleurs met du temps à
réagir.. la guyane est loin et isolée..

C’est la première fois qu’il y a un mouvement de cet ampleur !!

Faites le savoir autour de vous..


Voir sur le sujet

http://www.rue89.com/2008/11/27/la-...

Retour en haut de la page

Vos commentaires

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Répression c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 1265