Une tribune pour les luttes

En Israël aussi ...

Malgre la censure et l’auto-censure–Des voix israéliennes contre le carnage.

Article mis en ligne le mercredi 7 janvier 2009

sur le site al-Jazeera

Toute guerre est d’abord aussi une guerre de propagande, dans laquelle les mots sont en eux-même des armes. Le mot "guerre" par exemple, quand on parle de l’offensive militaire israélienne contre Gaza. Ce concept est inapproprié et déplacé quand on parle d’un face-a-face entre, d’une part, une des armées les plus puissantes du monde et, de l’autre, un million et demie de civils, de femmes, d’hommes, d’enfants et de vieillards. "Échange de tirs" ? alors que d’un coté une aviation pilonne avec des tonnes de bombes le centre de Gaza, une des villes du monde les plus peuplées au kilomètre carré, et de l’autre des roquettes dont la puissance de nuisance est minimale. Ce n’est pas une guerre mais un carnage. Victimes des deux cotés ? Certes, mais 3 morts du côté israélien et près de 500 du coté palestinien ce n’est pas tout à fait la même chose.

Les médias remplissent évidemment un rôle important dans cette guerre des mots et, d’une façon générale, dans la représentation des évènements de ces dernières semaines : il n’est pas indifférent de montrer en boucle les quelques maisons détruites à Sderot ou à Netivot, avant de montrer une des mosquées de Gaza implosée par un missile israélien sur les corps de femmes et d’enfants.

D’une façon générale, les militaires n’aiment pas avoir des journalistes a leurs cotés ou trop près d’eux lorsqu’ils partent en mission. C’est naturel, et les officiers israéliens ne font évidement pas exception qui préfèrent choisir ceux qui sont sensés couvrir l’information. Les politiques également préfèrent filtrer ce qui doit parvenir au public, qu’il soit local ou international, car ils auront des comptes à rendre en cas d’échec ou de bavure. L’armée israélienne censure les informations et les images qui proviennent de Gaza, les journalistes israéliens, en outre, s’auto-censurent par patriotisme. Et pourtant nous sommes bien informés : au XXI ème siecle, avec les chaines satellites et les mini-cameras, le monde entier peut suivre en direct l’actualité, sauf à de rares exceptions. En ce qui concerne l’agression israélienne à Gaza nous en savons largement suffisamment pour nous faire une opinion tranchée et pour parler d’un carnage systématiquement prémédité et planifié de longue date.

Cette visibilité de l’actualité et des crimes qui l’étoffent explique aussi la rapidité des mobilisations qui viennent denoncer ces crimes. Quelques heures seulement après le massacre de Gaza, près de 1,500 israéliens et israéliennes de la gauche anti-colonialiste se retrouvaient devant le ministère de la défense a Tel Aviv pour crier leur rage et leur honte de ce qui était commis en leur nom.

Grâce à la capacité des médias de contourner la volonte de censure des dirigeants politiques et des militaires, personne ne pourra dire un jour "nous ne savions pas", et ceci est important pour le tribunal de l’histoire autant que pour les tribunaux internationaux pour crimes de guerre. L’absence d’un tel alibi rend plus grave encore la démission de mouvements comme la Paix Maintenant et le parti de gauche Meretz qui, à cette étape en tout cas, ont choisi de soutenir la politique gouvernementale : c’est en toute connaissance de cause qu’ils cautionnent le carnage et le discours qui le sous-tend sur la menace existentielle qui émanerait de Gaza. Un tel comportement n’est malheureusement pas nouveau : il n’y a pas eu une seule guerre, de 1956 a 2009, qui n’ait obtenu, au départ, le soutien de la gauche sioniste, répétant à chaque fois les mensonges les plus éculés sur Israël en état d’auto-défense. Puis, confrontés à l’échec ou à une réprobation internationale, ils retournent leur veste et rejoignent les rangs du mouvement anti-guerre. Souhaitons qu’une évolution similaire ait rapidement lieu, même si nous n’en voyons pas encore les signes annonciateurs.

Le mouvement anti-colonialiste, lui, n’a pas attendu : dès le bombardement de Gaza, il y a dix jours, il mobilisait un peu plus de mille personnes pour dire « non aux bombardements et au siège de Gaza », puis, tout au long de la semaine, organisait des dizaines de rassemblements à travers le pays. Parallèlement la population palestinienne d’Israël investissait en masse les rues de Nazareth, Shfa-amer, Um el Fahem, et surtout Saknin ou une manifestation nationale de la minorité palestinienne mobilisait plus de 50,000 personnes. Samedi soir dernier, nous étions entre 6 et 8000 à manifester, au centre de Tel Aviv, face a une foule hostile et fanatisée que la police a eu grand peine à contenir. L’opposition à la guerre reste en Israël tres minoritaire, le discours néo-conservateur sur la défense de la civilisation "judéo-chrétienne" contre la menace arabo-musulmane restant largement dominant dans les médias israéliens. Mais plus l’invasion israélienne sera confrontée à une résistance efficace et plus des pressions internationales commenceront à se faire sentir, plus massives seront les voix israéliennes à exiger du gouvernement d’arrêter ce carnage.


Malgré le large consensus existant dans la société israélienne, les premières mobilisations contre l’attaque israelienne de Gaza ont été impressionnantes.

Des le premier jour, alors que Gaza venait d’être bombardée, près de 1,500 personnes manifestaient devant le ministère de la défense à Tel Aviv. Une semaine plus tard, ce samedi, nous étions plus de 8000.
Très combative, très jeune et véritablement judéo-arabe, cette manifestation regroupait l’ensemble des mouvements, partis et associations qui luttent contre l’occupation. Tout au long du parcours, une foule fanatisée menaçait de lyncher les manifestants. Les slogans les plus repris : "Arrêtez les bombardements, mettez-fin au siège", "C’est pas les bombes qui vont garantir notre sécurité", "Négociez avec le Hamas", "A gaza et à Sderot, les enfants veulent vivre", "Barak – combien d’enfants as-tu tués aujourd’hui ?" Barak, Livni et Olmert - la Cour de Justice de La Haye vous attend !".
Mais c’est au sein de la population arabe d’Israël que la mobilisation a été la plus massive, et plus de 50.000 personnes répondaient à l’appel unitaire des partis et mouvements arabes d’Israël, dans une manifestation combative à Sakhnin en Galilée. Cette manifestation faisait suite à une semaine de confrontations entre les jeunes palestiniens de Galilée et les forces de police.
Les grands absents : la Paix Maintenant et le parti Meretz, qui, jusqu’à présent, soutiennent l’agression israélienne. Mais nombreux étaient les militants de ces mouvements qui ont participé à la manifestation, et mènent un débat houleux dans leurs organisations.



Déclaration d’organisations de femmes israéliennes

Nous, organisations de paix de femmes appartenant un large spectre d’opinions politiques, exigeons la fin des bombardements et autres instruments de mort, et appelons au commencement immédiat de délibérations pour parler de paix et ne pas faire la guerre. La danse de morts et des destructions doit finir. Nous exigeons que la guerre ne
soit plus une possibilité, ni la violence une stratégie, ni l’assassinat une alternative. La société que nous voulons en est une dans laquelle chaque personne peut mener une vie en sécurité - personnelle, économique et sociale.

Il est évident que le prix le plus élevé est payé par les femmes et d’autres de la périphérie - géographique, économique, ethnique, sociale et culturelle - qui maintenant, comme toujours sont exclues de la vue du public et du discours dominant.

Le temps des femmes c’est maintenant. Nous exigeons que les mots et les actes soient dirigés dans un autre langage.

Ahoti- pour Femmes en Israël.

Anuar- Leadership des femmes juives et arabes.

Artemis- Society Economique pour les femmes.

Aswat- Femmes palestiniennes Gay Bat Shalom.

Bat Shalom.

Coalition des Femmes pour la paix.

Empowerment économique pour les femmesfor Women.

Feminancy : Collège pour l’ Empowerment des femmes.

Groupe militant Féministe - Jerusalem.

Groupe militant Féministe - Tel Aviv.

Commission internationale des femmes : Branche israélienne.

Centre Féministe Isha L’Isha- Haifa.

Itach : Avocates pour le Justice sociale.

Centre des femmes Kol Ha-Isha- Jérusalem.

Centre Mahut - Information, Formation et Emploi des femmes.

Mouvement Shin - Représentation égale pour les femmes.

Communauté de Soutien - Centre de développement des affaires des femmes.

TANDI - Mouvement des femmes démocratiques pour Israel.

Tmura : Le centre légal antidiscriminatoire israélien.

Université contre le Harcèlement - Tel Aviv.

Les femmes et leur corps.

Le Parlement des femmes.

L’esprit des femmes - Indépendance Financière pour les femmes victims de
violence.

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