Une tribune pour les luttes

Procès au Tribunal Administratif de Marseille de Serge Reynaud, suspendu 2 ans par la Poste à cause de son action syndicale.

Impressions d’audience

Article mis en ligne le mardi 27 janvier 2009

Aujourd’hui lundi 26 janvier 2009, Serge Raynaud, syndicaliste à la Poste comparaissait au Tribunal Administratif pour un Référé-suspension contestant le caractère disproportionné de la sanction qui lui a été infligée par sa direction à la suite d’incidents mineurs ayant eu lieu au cours de mouvements revendicatifs de postiers le 7 mars, le 23 et 26 avril 2008.
Il faisait partie des nombreux grévistes en colère et a me semble-t-il été choisi comme bouc-émissaire pour tenter de mettre au pas des fonctionnaires pendant le processus de privatisation de ce service public.

L’audience a duré presque 3 heures. Le président a laissé s’exprimer les deux avocats autant qu’ils l’ont voulu et semblait attentif.
Une bonne cinquantaine de postiers et amis de Serge étaient présents
dans la salle trop petite (15 places) ou massés à la porte. Ils se sont efforcé de ne pas réagir aux contre-vérités (sur la notation par exemple) proférés par l’avocat de la Poste et attendent en espérant justice le résultat du délibéré qui sera connu dans quelques jours.

Ce qui m’a frappé, c’est que les témoignages, contestés d’ailleurs par l’avocat de Serge Reynaud à cause de leurs incohérences et contradictions, étaient tous à charge, souvent d’ailleurs comme recopiés les uns sur les autres, émanant tous de supérieurs hiérarchiques de Serge en service probablement commandé . Il est évident qu’on l’a choisi, pour son militantisme et aussi parce que par son physique est facilement reconnaissable, pour le sanctionner durement afin de faire peur aux autres grévistes ou militants syndicaux.
L’avocat de Serge a relativisé la gravité prétendue des faits et demandé le rejet de la sanction énorme (2 ans de perte de salaire ) prise à l’ encontre de Serge par la Commission Disciplinaire nationale.
L’avocat parisien (ce qui est parait-il tout à fait inhabituel) de la Poste a sans états d’âme réfuté en bloc la plaidoirie de Maître Jacquemin et réclamé le maintien de la sanction.

Mais ce qui m’a frappé aussi, moi qui ne connaissais pas bien le dossier, c’est que même ces témoignages contestés montraient à quel point le militant syndical est pourchassé aujourd’hui dans une entreprise, même de service encore public, comme la Poste. Car les faits reprochés à Serge Reynaud, qui lui ont valu deux ans de mise à pied sans salaire et lui ont fait risquer la révocation à laquelle il a échappé de justesse, sont vraiment minimes : une brève altercation avec une petite chef pendant une grève, une prise de parole de quelques minutes à l’embauche, une entrée en force parmi des dizaines de grévistes dans un sas d’entrée des bureaux de la Direction marseillaise de la Poste. Il en faut vraiment peu de nos jours pour être sanctionné et l’on s’étonne ensuite du faible taux de syndicalisation en France.

Pour plus de renseignements sur l’affaire , article de Mille Bâbords 9070

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